Site Web Officiel du Journal L'Action
L'Editorial

L’empreinte d’un géant :

Alors que les lampions et les derniers échos s’éteignent progressivement sur la 46ème édition de la Fête nationale de l’unité, il est difficile, sur le vif, de retenir une image, une seule,

capable de  résumer un tel événement dont le moindre des succès est qu’il s’est tenu sur l’ensemble du territoire national malgré un contexte difficile. Les adeptes de l’instantanéité et les partisans de l’éphémère ne retiendront sans doute que la fausse polémique sur la limousine présidentielle ou le strip-tease de mauvais goût des militants du SDF au Boulevard du 20 Mai. Avec le recul cependant, d’autres images et échos sonores resteront gravés à jamais dans les mémoires.
 
En effet, malgré les menaces et  les intimidations des ennemis de toutes sortes, la République est restée debout. Quand bien même à de très  rares endroits, les populations ont capitulé face aux menaces, notamment dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, les représentants de l’Etat ont assuré le service minimum afin que le dernier mot revienne à l’Etat. Les sécessionnistes peuvent se vanter d’avoir gagné quelques batailles ici et là à coups d’enlèvements ou d’assassinats mais ils ne remporteront pas la guerre. Si ces  traîtres et ces félons ont des yeux et des oreilles, alors ils ont vu et entendu le message que l’immense majorité des Camerounais leur ont adressé à travers les messages véhiculés par les chants patriotiques, les plaques et les banderoles exhibés avec fierté partout où il y a eu défilé. Certes il n’y a pas pire sourd ou aveugle que celui qui refuse justement d’entendre ou de voir mais les Camerounais, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest ont une fois de plus montré leur attachement à la paix et à l’unité ainsi que leur ferme détermination à préserver ces valeurs cardinales. 
 
La 46ème édition de la Fête de l’unité, la 36ème sous Paul BIYA,  aura constitué une occasion supplémentaire d’évaluer l’héritage qu’il façonne progressivement, patiemment et méthodiquement pour la postérité. Les injonctions, les intrusions et les ingérences de quelque Chancellerie n’y changeront rien. Paul Biya est tellement soucieux de son héritage ainsi que de la place et de la trace qu’il laissera dans l’histoire! Il suffit de se replonger dans toutes ses prises de parole publiques depuis son accession à la Magistrature suprême en 1982 pour se rendre compte qu’il en a fait une obsession. Depuis le fameux « je n’y faillirai point » du premier jour et du premier discours jusqu’à aujourd’hui, Paul BIYA sculpte lui-même la statue et la stature qu’il voudrait laisser dans l’histoire. Intransigeant avec la paix, inflexible et infatigable sur l’unité du Cameroun, déterminé sur la prospérité et le progrès de son peuple, impitoyable avec ceux qui ont pris des libertés avec la rigueur et la moralisation. Voilà en quelques mots le portrait-robot que l’Histoire devrait dresser de Paul BIYA, en toute objectivité. 
 
Et pour ne pas laisser le soin à quelqu’un d’autre de le dire mieux que lui-même, il avait eu ces  mots prémonitoires le 21 juillet 1990 au micro de Radio Monte-Carlo, en répondant à la question de savoir quelle image, en final, il souhaiterait qu’on garde de lui: « l’homme qui a apporté à son pays la démocratie et la prospérité ». Près de trois décennies plus tard cette déclaration garde toute sa force et  reste d’actualité. On ne peut pas tenir de tels propos si on n’a pas le sens de l’histoire. Dans un entretien avec la CRTV le 11 avril 1991, il déclarait encore: « je suis, n’en déplaise à quelques personnes, logique avec moi-même ». Au nom de cette constance, de cette logique et de la démocratie, qu’on laisse le peuple camerounais décider en toute souveraineté si Paul BIYA peut encore lui apporter quelque chose en matière de démocratie et de prospérité. Qu’on laisse ce peuple décider de la place et de la trace qu’il occupera dans l’histoire. Trente-six ans après, c’est une empreinte géante qui se dessine et s’esquisse sous nos yeux. 

Christophe MIEN ZOK

Articles liés