Site Web Officiel du Journal L'Action
L'Editorial

Bas les armes ! :

Décidément ils n’ont rien compris et ils ne veulent rien comprendre! 

Malgré l’environnement passablement délétère qui règne au Cameroun sur les plans socio-économiques, politiques et même sportifs, il y en a qui veulent absolument mettre de l’huile sur le feu. La situation dans les deux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ne leur suffit pas, les lendemains quelque peu agités de l’élection présidentielle du 7 octobre n’ont pas calmé leurs ardeurs, le camouflet infligé à notre pays par la CAF ne leur a pas servi de leçons. Depuis quelques jours et la disqualification du Cameroun pour l’organisation de la CAN 2019, on assiste à une véritable guérilla entre différents clans et acteurs: coups bas, dénonciations, accusations. Les couteaux sont sortis de leurs fourreaux. Un peu de modestie et d’humilité n’aurait pas fait de mal aux uns et aux autres mais que voulez-vous: chassez le naturel il revient au galop. Le jeu de massacre, ce sport dans lequel excelle l’élite camerounaise, peut donc continuer. Dans les bureaux et sur les terrains, de football notamment.
 
La décence élémentaire et le simple bon sens auraient voulu qu’après l’humiliation et la honte infligées à notre pays suite au retrait de la CAN 2019, certains des principaux acteurs de ce fiasco fassent profil bas. Qu’ils se taisent puisque le silence est d’or malgré leur boulimie d’argent! Qu’ils se fassent oublier un peu en attendant les décisions et les sanctions du Président de la République. Ou le verdict des tribunaux. Que non! Comme un chauffard qui fonce dans le précipice en klaxonnant, ils passent maintenant le temps à se rejeter bruyamment les responsabilités les uns sur les autres sur la place publique. Toute honte bue! Sans scrupules et sans remord! Avec toute l’arrogance et la morgue dont sont capables des personnes qui pensent être intouchables. Certes, même si l’opinion publique a déjà déclaré la plupart d’entre eux coupables et les envoie volontiers à la guillotine, il n’en demeure pas moins qu’ils bénéficient de la présomption d’innocence. 
 
Quoiqu’il en soit, au moins leur responsabilité professionnelle et morale est engagée, fussent-ils partisans de l’obligation de résultats ou adeptes du sacro-saint respect des procédures. Cela étant, ce déballage sur la place publique et cette guerre des tranchées viennent ajouter de la turpitude supplémentaire à l’humiliation et à la honte au lieu de les dissiper. Le pays n’en avait pas besoin d’autant que le mal et le préjudice ne seront pas réparés pour autant.
 
Pendant que les bureaucrates, ces « bourreaux des bureaux », se livrent à ce spectacle désolant et désagréable, les footballeurs, les « bouchers des stades », ne sont pas en reste. L’assemblée générale élective de la Fédération Camerounaise de football est prévue ce jour mais les échos des préparatifs ne sont guère rassurants ni réjouissants. Les esprits naïfs avaient pensé que les footballeurs vengeraient sur le terrain le Cameroun de ce cuisant échec. Qu’ils seraient des exemples à suivre. Il n’est pas sûr qu’ils soient meilleurs que les fonctionnaires à en juger par les miasmes et les remugles des tripatouillages d’ores et déjà  annoncés et dénoncés depuis le début du processus électoral. Des préparatifs de la CAN aux élections de la FECAFOOT, on voit bien que le Cameroun a un gros problème avec ses élites, qu’elles soient bureaucratiques ou sportives.
 
Tous les mêmes! Dans l’intérêt du peuple qui ne demande qu’à avoir de bonnes réponses à ses attentes légitimes, l’heure d’un cessez-le-feu est peut-être venue. Bas les armes, mesdames et Messieurs! Y en a marre des règlements de comptes et des querelles de clochers alors que le destin du pays est en jeu. Vu sous cet angle, le Comité de désarmement, de démobilisation et de réintégration qui vient d’être créé ne concerne peut-être pas seulement les ex- combattants de BOKO HARAM et les belligérants du aconflit du Nord-ouest et du Sud-ouest. Les guerres dans les bureaux et les coulisses des stades de football font parfois autant de mal, sinon plus, que les détonations des armes sur les champs de batailles.

Christophe MIEN ZOK

Articles liés