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L'Editorial

Sans queue, ni crinière, ni griffes

Par Christophe Mien Zok

Qui l’eut cru? Il vaut mieux être aveugle pour ne pas voir ce triste spectacle et sourd pour ne pas entendre ce grand tintamarre. Pour le football camerounais, quel mardi noir, triste et sombre que ce 28 mars 2023 pluvieux. Une douche froide! Quel calvaire! Quel chemin de croix! Eliminés par le Gabon, les moins de 23 ans n’iront pas à la Can de leur catégorie prévue au Maroc, encore moins aux Jeux Olympiques de Paris en 2024. Et d’un!

Le Cameroun, cinq fois champion d’Afrique, huit fois mondialiste, battu par la Namibie. Oui, la Namibie! Et de deux! Les Lions indomptables sont en ballotage défavorable dans le cadre des éliminatoires de la prochaine coupe d’Afrique des Nations de football prévue l’année prochaine en Côte d’ivoire. Après les rencontres de la quatrième journée qui s’est déroulée hier, les Lions indomptables du Cameroun pointent à la deuxième place du groupe avec quatre points derrière la Namibie qui, non contente d’avoir arraché le point du match nul à Yaoundé il y’a quatre jours, les a terrassés par deux buts contre un dans un match délocalisé en Afrique du Sud. Les Lions sont donc deuxièmes d’un groupe constitué de la Namibie et du Burundi, deux pays abonnés aux profondeurs du classement Fifa!     Qui l’eut cru? Et encore! Le cauchemar est loin d’être terminé pour le Cameroun qui pourrait ne même pas se qualifier au terme de la dernière journée. En effet, dans ce groupe à trois, les Lions seront exempts en juin et ils regarderont à distance le match entre la Namibie et le Burundi. Galvanisés par leur exploit inédit et retentissant contre le Cameroun, les Namibiens auront le vent en poupe pour battre le Burundi afin de garder la tête du groupe. Résultat qui pourrait éliminer les Lions Indomptables dont le dernier match contre le Burundi en septembre n’aurait plus aucun enjeu. Nous n’en sommes pas encore là mais un tel scénario est possible.

Qui l’eut cru? Pour avoir trop dormi sur nos lauriers, accumulé maladresses sportives et insuffisances managériales, multiplié les erreurs dans tous les domaines, et battu tous les records en matière d’incurie et de légèreté, les choses qui arrivent aux autres commencent à nous arriver. Quelle déculottée doublée d’une cruelle pantalonnade! Les rodomontades et les fanfaronnades ont des limites. Car au-delà de la défaite, c’est surtout la manière qui interroge et inquiète: on a vu une équipe perdue, sans inspiration aucune, sans âme, sans fond de jeu, sans volonté. Même le fighting spirit, ce fameux hemlè qui faisait la force et la fierté du Cameroun semble avoir disparu. Qui l’eut cru?

Moralité: dans tous les domaines de la vie, il n’y a pas de nations de vainqueurs d’une part et des nations de vaincus d’autre part. La victoire tendra toujours les bras à ceux qui la désirent le plus et ne ménagent aucun effort ni sacrifice pour la mériter. L’équipe des Lions indomptables qui a perdu hier contre la Namibie ne mérite même pas de se qualifier pour la prochaine coupe d’Afrique des Nations. Les plus fanatiques des supporters Camerounais doivent avoir l’humilité et le courage de le reconnaître. De Soweto à Yaoundé, un sombre manteau, un linceul funeste recouvre le football camerounais en ce mois de mars et en cette période de carême et de ramadan jumelés. Il faudra aux joueurs et aux dirigeants beaucoup de travail, de pénitence, voire de la repentance pour espérer la résurrection. Ou la refondation. Ou la remontada.

On va donc fêter ça comme il se doit, avec tambours et trompettes, mais aussi à coups de flonflons, de youyous et de décibels. À la baguette des célébrations, on retrouvera comme chefs d’orchestre les présidents de sections Rdpc, Ofrdpc et Ojrdpc ainsi que tout le chœur des accompagnateurs et des chorégraphes que sont les membres du gouvernement, du Comité central, les élus, les membres des structures de coordination, etc. À la place des invités d’honneur seront assis les conseillers municipaux et régionaux qui recevront en cette occasion une standing-ovation pour leur sens de la discipline et leurs suffrages exprimés en faveur des candidats du parti aux sénatoriales. Les grands électeurs méritent un hommage tout aussi grand et vibrant. En fin de compte, tous les acteurs, électeurs, candidats et membres des équipes de campagne, militants et responsables, ont bien le droit de savourer cette parenthèse festive et cette pause jubilatoire du 24 mars.

Le travail n’est pas terminé pour autant. Tout en se laissant aller à jubiler et à festoyer le temps de ce 38ème anniversaire, personne dans les rangs du parti ne doit se permettre de dormir sur ses lauriers: il est plus difficile de se maintenir au sommet que d’y parvenir. Les prochaines échéances électorales pointent déjà à l’horizon. Et la meilleure façon de les préparer est de rester vigilant et surtout de sensibiliser les militants à s’inscrire massivement sur les listes électorales. En effet, les militants et les responsables du RDPC sont tout à fait capables de danser et de penser en même temps. Tant pis pour ceux qui prétendent le contraire. En tout cas, les résultats parlent pour un parti dont le Président national lui-même exhorte les militants à « penser plus qu’ils ne dansent ». La leçon a été bien retenue et la pause festive de ce vendredi 24 mars n’empêche aucune projection réflexive et prospective dans le futur. C’est à ces détails que l’on distingue les cigales des fourmis.

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