Les responsables administratifs du football Camerounais sont de fins stratèges et de grands tacticiens sur le papier.
Ils ont choisi de changer le staff technique des Lions Indomptables au moment où l’actualité est littéralement vampirisée par la politique. Période post-électorale oblige, avec tout ce qu’elle comporte de supputations, projections, conjectures et pronostics, le football est quelque peu relégué aux calendes… bantoues. Alors que tous les projecteurs et les regards sont braqués sur les Lions de la scène politique – les candidats à la dernière élection notamment – et leurs performances électorales publiées par le Conseil Constitutionnel, Javier Clemente, l’entraineur-sélectionneur du Cameroun et ses deux adjoints Omam Biyick et Jacques Songo’o, deux anciens Lions, ont été discrètement limogés. Débarqués presque en catimini. Preuve que les Lions Indomptables du football, piteusement éliminés de la prochaine CAN prévue dans « l’arrière-cour de la maison », autrement dit dans la surface de réparation du Cameroun, au Gabon et en Guinée Equatoriale, ne font plus courir les foules. De la même manière qu’un clou chasse un autre, un nouveau staff technique remplace un autre à la tête des Lions. Depuis bientôt une décennie, les entraîneurs se succèdent au chevet de notre équipe nationale mais les résultats ne suivent pas. Au contraire, les Lions sombrent chaque jour un peu plus au tréfonds du classement FIFA des meilleures sélections du monde. Tous ces entraîneurs sont-ils incompétents ? Les joueurs n’ont-ils pas le niveau ? Comment une équipe ayant en son sein l’un des meilleurs joueurs et buteurs du monde – Samuel Eto’o – peut-elle aligner autant de mauvais résultats et de contre-performances ? Les entraineurs seraient-ils des fusibles destinés à protéger d’autres structures, administratives et techniques notamment, chargées de la gestion du football camerounais ? Poser la question c’est y répondre car cette valse d’entraîneurs ne parvient plus à cacher la forêt inextricable de problèmes qui minent le « sport-roi » au Cameroun. La fréquence des remplacements au sein du staff technique ne peut plus faire illusion et diversion. Le problème est plus profond et grave pour se contenter d’y remédier avec un cautère sur une jambe de bois. Denis Lavagne, Ndtoungou Mpilé et Pierre Mbarga réussiront-ils là où leurs prédécesseurs ont échoué ? On le leur souhaite. Car les Lions ont besoin de retrouver de toute urgence le chemin de la victoire. Vaste chantier. Finalement, que de similitudes entre le football et la politique, les deux sujets de prédilection des Camerounais même si l’un a tendance a être éclipsé par l’autre ! Ici comme pour le septennat que le président Biya inaugure dans quelques jours, les Camerounais attendent de voir les Lions renouer avec les « Grandes Réalisations ». En espérant qu’elles se transforment rapidement en Grandes Réussites, c’est-à-dire en belles victoires. Plus facile à dire qu’à faire : autant pour le nouveau staff des Lions Indomptables que pour le Président réélu du Cameroun, il n’y aura pas d’état de grâce.
Christophe MIEN ZOK
