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L'Editorial

La force du serment :

Du samedi 6 novembre 1982 à ce mardi 6 novembre 2018, 36 ans se sont écoulés, 13140 jours sont passés et Paul Biya a prêté serment pour la huitième fois devant le peuple camerounais. 

Les lieux, le décor, le prestige n’ont pas changé: le Palais de l’Assemblée nationale, bien que devenu exigu pour la circonstance reste le théâtre de la cérémonie de prestation de serment du Président de la République. Les acteurs ne sont plus tout à fait les mêmes. Des 120 députés de 1982, Cavaye Yeguie Djibril doit être le seul rescapé mais ils sont désormais 180 auxquels s’ajoutent les 100 sénateurs. C’est dire qu’au plan institutionnel, les évolutions sont notables et remarquables. Le paysage s’est en effet enrichi de l’avènement du Sénat et du Conseil constitutionnel dont les représentants jouent  désormais les premiers rôles en ce jour solennel aux côtés des députés, des sénateurs et des membres de la Cour Suprême, sans oublier Elecam. 
 
Jamais journée n’aura autant oscillé entre hier, aujourd’hui et demain; entre le passé, le présent et l’avenir; entre rétrospective, prospective et perspective. Sans succomber à l’émotion du moment, Paul BIYA a accompli son devoir comme au premier jour, avec la force de sa fidélité aux valeurs de la République et de son engagement patriotique. En prononçant à 11h30 exactement et en anglais, les termes du serment, le président élu devait avoir à l’esprit son engagement de 1982: « je ne faillirai point » malgré les épreuves, les roses et les épines. 
 
Le passé est constitué des  acquis dont il faut veiller à la consolidation. La sécurité, l’amélioration des conditions de vie des populations, les avancées démocratiques sont la preuve que la parole donnée a été globalement respectée; que le serment résiste à l’usure du temps et aux sermons parfois trompeurs et dévastateurs des bonimenteurs et autres vendeurs d’illusions.Le présent se heurte une nouvelle fois aux épreuves des temps nouveaux ainsi qu’aux défis sécuritaires représentés par la lutte contre Boko Haram, les velléités sécessionnistes au Nord-ouest et au Sud-ouest, les tentatives d’atteinte à la paix, à la stabilité, à l’unité et à l’intégrité du territoire national. Le présent c’est également la poursuite des efforts pour accéder à l’émergence. Pour y parvenir aucun secteur ne sera négligé: l’industrie, l’agriculture, l’énergie, l’agriculture, les transports, les infrastructures électriques, etc. Le présent c’est enfin la promotion de l’emploi et l’intégration des jeunes et des femmes dans les sphères de décision. 
 
Ce discours inaugural aurait été incomplet si, en termes de perspective,  Paul Biya n’avait pas abordé les principaux sujets de l’actualité qui préoccupent ses compatriotes. On l’attendait sur la question des deux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Le Président de tous les Camerounais n’a pas éludé le sujet. Attentif aux frustrations, insatisfactions et aspirations des populations de ces deux régions, Paul BIYA a fait des annonces fortes: « dans les meilleurs délais possibles, a-t-il rassuré, des mesures seront prises pour élargir le champ de compétences des collectivités territoriales afin de leur donner les moyens d’une plus grande autonomie ». Ouverture mais aussi fermeté à l’endroit des « entrepreneurs de guerre  qui mettent à mal notre unité nationale et prônent la sécession ». Le président réélu, garant du bon fonctionnement des institutions et du respect de la loi, leur demande de déposer les armes et de retrouver le droit chemin sinon « ils se heurteront non seulement à la rigueur de la loi mais aussi à la détermination de nos forces de défense et de sécurité ». 
 
Tout le monde le sait: le futur éclipse le présent et le passé. Dans cette optique, Paul BIYA a logiquement terminé son discours par les jeunes Camerounais dont il a compris le « désir de mieux participer à la prise des décisions qui engagent l’avenir de notre pays. J’en tiendrai compte en ayant à l’esprit que le Cameroun de demain se fera avec vous. »Belle perspective et grand défi pour un Président qui en appelle à l’unité, au patriotisme et à la fierté de son peuple pour continuer dans la paix l’œuvre de construction nationale. Comme le 6 novembre 1982, Paul BIYA compte sur la force de son serment pour mobiliser les Camerounais afin qu’ils relèvent ensemble ces défis. Tel est le destin d’un homme. Tel est le destin d’une grande Nation. Ce 6 novembre 2018 restera comme un grand et beau jour dans l’histoire du Cameroun. 

Christophe MIEN ZOK

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