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L'Editorial

Un bien pour un mal :

Cette journée du vendredi 30 novembre 2018 s’annonçait comme une journée particulière sur tous les plans.

À la fin, les espoirs des uns et des autres n’ont pas été déçus. Suspense, rebondissements, coulée d’adrénaline : tous les ingrédients d’un feuilleton ou d’un thriller étaient réunis. Les superstitieux et les nostalgiques rappelaient à qui voulait les entendre que cette date coïncidait avec le 29ème anniversaire de la mort à Dakar du Président Ahmadou AHIDJO. Les optimistes et les fêtards ne retenaient que le début d’un week-end riche en événements sportifs: match de la 3ème place à Accra, synonyme de qualification pour la coupe du monde  entre le Cameroun et le Mali dans le cadre de la Can féminine, finale de la coupe du Cameroun de football dimanche et clôture des activités sportives dans le pays. Les centres d’intérêt ne manquaient pas. Les attentistes… attendaient bien sûr le remaniement et les pessimistes redoutaient la décision de la Caf relative à l’organisation de la Can 2019. La question lancinante qui taraudait les esprits était la suivante: la Caf allait-elle retirer ou confirmer l’organisation de la compétition au Cameroun?
 
Le couperet est tombé alors que les Lionnes indomptables domptaient les Maliennes pour arracher la 3ème place qualificative à la prochaine coupe du monde féminine. Cette bonne nouvelle en provenance d’Accra a été occultée et mise sous l’éteignoir par une autre, une bombe plus retentissante lâchée toujours depuis la capitale ghanéenne par le président de la Caf, AHMAD AHMAD: le Cameroun n’est pas prêt pour l’organisation de la Can 2019 et par conséquent la compétition se déroulera dans un autre pays. Stupeur, horreur, stupéfaction, tremblement, incompréhension, indignation, résignation, jubilation… les Camerounais sont passés par toutes ces étapes sans oublier la colère, la honte, la déception, l’humiliation, la frustration. Si des voix se sont élevées pour appeler au calme et à la raison, elles ont été vite étouffées par la clameur populaire qui exigeait des boucs émissaires et du sang sur les murs. 
 
Ce même vendredi soir, alors que les « appels au meurtre, au limogeage et au lynchage » des « coupables » résonnaient sur tous les réseaux sociaux, le Président de la République signait des décrets portant création d’un comité de désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens membres de Boko Haram et des groupes armés dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Un appel à tous les Camerounais obsédés par la décision de la Caf à déposer les… armes de la colère mais aussi et surtout une réponse supplémentaire en vue de  la résolution de la question de l’insécurité en vigueur dans ces régions. Pas sûr que ces importants textes aient suffi à calmer l’ire des uns et des autres mais dimanche, le monde entier a pu mesurer la résilience et la tolérance du peuple camerounais, les habitants de Yaoundé, notamment, qui sont allés nombreux au stade pour assister à la finale de la coupe du Cameroun présidée par le Chef de l’Etat. Le temps des sanctions et des règlements de compte arrivera bien. Rien ne sert de courir. Le vin est tiré. Il faut le boire jusqu’à la lie. 
 
La résilience et la tolérance n’effaceront pas pour autant l’incurie et les turpitudes qui ont conduit à cette situation préjudiciable à l’image de tout un pays. De même les récentes maladresses et les tentatives de rattrapage du président de la Caf ne feront pas oublier ses gaffes à répétition dans la gestion de ce dossier. Résultat des courses: il se retrouve avec deux adversaires sur le dos alors qu’il aurait pu atteindre le même but sans offenser ni humilier le Cameroun d’abord et la Côte d’Ivoire ensuite. Trêve de toutes ces polémiques et de ces guéguerres où le chauvinisme le dispute au nationalisme de mauvais aloi. 
 
Pour nous Camerounais, il faut maintenant transformer le plomb de nos carences et de ce cuisant échec en or pour les prochaines « compétitions ». De ce mal presque rédhibitoire il faut tirer un bien. La Caf prétend que nous sommes incapables? Répondons: chiche! Ressaisissons-nous, rectifions le tir. Montrons de quoi nous sommes capables !!!Terminons tous ces fameux chantiers le « jour dit » comme promis; que les Lions indomptables se qualifient sur le terrain et ramènent une fois le trophée au pays quel que soit le pays qui organisera la compétition! Oui, puisque l’administration et les fonctionnaires ont été défaillants  dans leurs beaux bureaux que les sportifs les « vengent » sur les pelouses pour laver l’honneur du pays et montrer que impossible n’est pas Camerounais. Tels sont les défis et les interpellations que la  décision de la Caf vient de lancer à toute une Nation. Premier test, puisqu’on est dans le football: l’élection dans les prochains jours du bureau exécutif de la Fecafoot. On verra alors si nous avons retenu la bonne leçon ou si, comme le disent certains, les maux  dont souffre le Cameroun sont incurables et nous condamnent à une mort inexorable.

Christophe MIEN ZOK

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