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NoSo : la nausée :

Le ministre des relations extérieures a rencontré hier les chefs de missions diplomatiques et les représentants des organisations internationales accrédités à Yaoundé au sujet de la situation socio-politique qui prévaut dans notre pays.

La réunion s’est déroulée en présence du ministre de la communication. Dans le même temps et selon nos informations, le responsable en charge de la communication du ministère de la Défense recevait également des journalistes hier. On peut aisément imaginer que le cas du Nord-ouest et du Sud-ouest (NoSo) a particulièrement monopolisé les échanges. 
 
Ces efforts conjugués et ces initiatives concertées des pouvoirs publics en matière de communication interne et externe sont tout à fait louables et salutaires. À condition que les arguments et les faits développés par les autorités camerounaises ne tombent pas dans les oreilles de sourds. En effet, dans la situation que traverse le Cameroun, tant à l’Extrême-nord que dans le NoSo, tout se passe comme si certaines ONG et médias ainsi que des institutions de défense des droits de l’homme avaient décidé de mettre des œillères et de n’écouter qu’un seul son de cloche: celui des assaillants, des insurgés ou des séparatistes. Depuis des mois le Cameroun subit ainsi une campagne diabolique et mensongère de désinformation doublée d’un lynchage médiatique systématique. 
 
Comme disent les Saintes Écritures, ils refusent de regarder la poutre qui est dans l’œil des agresseurs et adversaires du pouvoir pour s’intéresser davantage à la paille qui se trouve dans celui du régime. C’est peut-être de bonne guerre mais c’est dégoûtant! À cela s’ajoutent la manipulation, l’intoxication et la désinformation à l’aide des « fake news ». 
 
Au mois de février, tout un hôpital a été incendié à KUMBA sans que cet acte grave et inhumain suscite l’indignation et la condamnation des habituels donneurs de leçons. On ne compte plus les écoles brûlées, les bâtiments publics détruits, les enseignants et les élèves intimidés, molestés, torturés ou enlevés, les innocents massacrés. Le 20 mai dernier, un professeur de lycée a été décapité dans le Nord-ouest et sa tête jetée dans une rue de Bamenda pour être exhibée au public. Motus et bouche cousue de la part des ONG et des défenseurs des droits de l’homme. Ces exactions barbares, tout comme l’assassinat lâche et gratuit d’un bébé de quatre mois à MUYUKA dans le Sud-ouest sont sans aucun doute le fait des bandes armées qui sèment la terreur dans ces deux régions. Mais aucune ONG, aucun organe de presse ne cherche à identifier ou à dénoncer les auteurs de ces actes criminels et nauséabonds. Systématiquement, un doigt accusateur est pointé sur les forces de défense et de sécurité dont le seul rôle est pourtant de défendre les populations et leurs biens contre les pilleurs et les bandits de grand chemin qui agissent dans ces zones sous le couvert des revendications séparatistes. 
 
Lorsque ces faits sont enfin rapportés dans la presse, le compte-rendu brille généralement par une imprécision qui frise le parti pris. Dans sa parution d’hier 28 mai 2019, le Guardian Post nous apprend par exemple l’attaque du centre de santé de ESU dans la Menchum, Région du Nord-ouest. Le même article fait état de neuf morts dans ce village la semaine dernière. Mais le rédacteur de l’article ne mentionne nulle part les auteurs de ces actes criminels. Si ce sont les « ambazoniens », pourquoi ne pas le dire? Et pourtant dans la même page on affirme sans hésiter qu’un vendeur de porcs a été tué par des « soldats » à Nsongwa non loin de Bamenda, ou encore que le village de Yang dans l’arrondissement de Nwa, département du Donga Mantung, a été réduit en cendre par des « soldats ». La semaine dernière, le même journal publiait avec moult détails les extraits d’un rapport d’une ONG selon lequel « 206 villages [auraient] été rasés » par les forces de défense dans le NoSo. Des villages anonymes, puisqu’aucun nom n’est cité!
 
Comme on peut le constater, le gouvernement doit faire face à longueur de journées à des rapports et des articles essentiellement à charge destinés à présenter des faits biaisés, tronqués et manipulés à dessein. Il a par conséquent raison de vouloir donner la bonne information aussi bien au corps diplomatique qu’à la presse. À condition que les uns et les autres cessent d’être sourds et enlèvent les œillères qui les empêchent de voir la réalité de la situation socio-politique du Cameroun. En attendant le rétablissement définitif de la vérité, les citoyens de bonne volonté et les patriotes authentiques continueront à avoir dans la bouche le goût amer et nauséabond de ces actes de barbarie qui ont tendance à se multiplier. Aucune guerre n’est propre, mais de là à nous faire perdre notre humanité et à nous plonger dans la bestialité, la sauvagerie et la barbarie, il y a un fossé. Que nous devons tous refuser de franchir avec la plus grande détermination. Il y va de notre dignité humaine. 

Christophe MIEN ZOK

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