Le Brésil a remporté dimanche dernier contre l’Espagne, championne du monde et d’Europe, la coupe des confédérations, compétition organisée à domicile en guise de répétition générale à la prochaine coupe du monde de football qu’abritera le pays de Pelé en 2014.
Cette victoire vient ajouter un trophée et un titre supplémentaires au palmarès impressionnant de ce pays considéré comme « la terre promise » du football. Toutefois, l’expression de joie des fans du football après la rencontre parviendra-t-elle à désamorcer la bombe des manifestations de rues qui secouent le pays depuis plusieurs semaines ? Rien n’est moins sûr. En effet, à la surprise générale, comme une étincelle qui embrase la savane en pleine saison sèche, de nombreuses villes, brésiliennes ont vu déferler des hordes de manifestants. Objet de leur colère : non pas une quelconque revendication pour plus de libertés et de démocratie mais des problèmes quotidiens basiques. Les foules en furie réclamaient des hôpitaux, des salles de classe, une amélioration des conditions de transport… L’opium du football, l’ivresse de la victoire, agréables mais futiles, n’ont pas réussi à les détourner de l’utile. Et les mauvaises langues d’enfoncer le clou : combien de points de croissance, quel impact sur le Bip chaque victoire du Brésil en coupe du monde a-t-elle apportés à l’économie du pays ? Les économistes sont divisés là-dessus. Pour leur part, les Brésiliens ne veulent plus se laisser griser et distraire par leur passion du football ; ils préfèrent raison garder et se préoccuper des choses plus concrètes et pratiques : leurs conditions de vie. Qui oserait les blâmer d’opérer un choix facile entre le jeu, éphémère, du résultat d’un match de football et l’enjeu de la survie quotidienne ? Dans la Grèce et la Rome antiques, les dirigeants détournaient régulièrement l’attention du peuple de la pénurie de pain en leur offrant des jeux. Alors du pain ou des jeux ? Les Brésiliens préfèrent assurément du pain et des jeux.
Alors que les élections législatives et municipales sont convoquées au Cameroun pour le lundi 30 septembre 2013, les milliers de candidats qui vont se ruer vers les urnes pour solliciter les suffrages des électeurs devraient méditer cette leçon. Le peuple ne vit pas seulement de distraction, il a aussi besoin de (grandes) réalisations pour son épanouissement physique et psychologique. C’est l’essence même de la politique : servir le peuple. Le Président Paul Biya ne se contente pas de l’affirmer, il met en pratique ce précepte : « tant qu’un Camerounais ne mangera pas à sa faim, n’aura pas accès à l’éducation et à la santé, notre tâche ne sera pas terminée » Tel doit être le leitmotiv qui doit guider tous les candidats du Rdpc aux prochaines élections législatives et municipales. Les militants de la base et les instances dirigeantes du parti devront y veiller lors des opérations de présélection des candidats. Car avant le suffrage universel, les aspirants et les postulants doivent d’abord franchir tous les filtres internes. Avec la publication hier du décret du président de la République convoquant le corps électoral pour le 30 septembre 2013, le compte à rebours est lancé. Le Rdpc ne dispose plus que de quatorze jours pour choisir ses candidats. Dans cette course contre la montre, aucun faux pas n’est permis aucune erreur n’est admise. Vu le contexte et l’urgence, le débat qui tourne inutilement à la polémique sur les primaires ou les investitures parait quelque peu surréaliste. Le plus important pour le Rdpc est d’être en capacité de déposer dans les délais légaux les listes de ses candidats, les meilleurs parmi ses militants. Des candidats qui, au-delà du jeu politique et électoral, perçoivent les enjeux sociaux et humains de l’heure. Des candidats qui, tout en organisant des championnats de vacances pour les jeunes à des fins électorales, devront se rappeller le 30 septembreau soir que ces jeunes ont également besoin de pain et d’emplois. Mesdames et messieurs les candidats, à vos marques et que le Rdpc gagne !
Christophe MIEN ZOK