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Visite de travail du Président : mission accomplie : Un séjour intense

Entre le tête-à-tête avec François Hollande, les orientations stratégiques de la politique économique du Cameroun au forum économique, des audiences aux hommes d’affaires français, aux personnalités politiques et aux représentants de la communauté camerounaise…, Le séjour du président Paul Biya en France n’a pas été de tout repos.

Le président Paul Biya n’est pas venu se tourner les pouces en France. Les observateurs du séjour parisien du chef de l’Etat camerounais peuvent en témoigner : Paul Biya et sa suite qui ont pris leurs quartiers à l’Hôtel Meurice au 228 rue de Rivoli à Paris 1er, n’ont pas chômé. Au contraire ! L’agenda présidentiel, dont on pensait au départ qu’il se résumerait à deux principaux points, s’est avéré, au final, plus chargé que prévu, au point de décider le Président à prolonger son séjour en terre française.Certes, le protocole avait prévu la rencontre du mercredi, 30 janvier 2013, avec son homologue français, François Hollande et à sa participation le lendemain, au forum économique conjointement organisé par les hommes d’affaires français regroupés au sein du Médef et le patronat camerounais, en présence des membres du gouvernement. Ce que l’organisation n’avait certainement pas prévu, c’est le nombre et l’importance des sollicitations exprimées  à la fois par les politiques et des opérateurs économiques français. Un agenda finalement serré qui n’a pas permis au président Paul Biya d’aller à la rencontre, prévue vendredi 1er février au soir, avec la nombreuse communauté camerounaise en France qui l’attendait au pavillon d’Armenouville, à l’Allé de Longchamps, au bois de Boulogne à Paris (voir l’article sur la diaspora)Sur le côté politique de la visite du président Paul Biya en France, le qualificatif n’est pas assez fort pour dire qu’elle a, de ce point de vue, été un succès sur toute la ligne, à commencer par les questions de forme. Une malheureuse polémique entretenue par des personnes qui n’ont aucune maitrise des us, ni des pratiques protocolaires a inondé les ondes, la toile et les colonnes  des journaux pour critiquer le fait que le chef de l’Etat camerounais avait été accueilli à sa descente d’avion par « un planton », l’ambassadeur de France au Cameroun. Un niveau de représentativité qualifié de « faible » sinon de « méprisant » que ne mérite pas le Cameroun. Certains analystes n’ayant d’ailleurs  pas hésité à relever qu’à leurs yeux, cet accueil à minima était le reflet des relations « chancelantes » qui existent aujourd’hui entre le Cameroun et la France.  Pourtant, la réalité est toute autre.  « Il n’y a absolument aucune traduction politique à faire », a déclaré l’ambassadeur de France au Cameroun. Bruno Gain a soutenu que « C’aurait été Barak Obama en visite de travail en France ou même le président chinois que le protocole aurait été le même à l’accueil » ; parce que, soutiennent les spécialistes, « Il y a, dans l’ordre protocolaire, des visites d’Etat, des visites officielles, des visites d’amitié, des visites de travail et des visites privées. Et il existe des formules protocolaires pour chacun de ces types de visites ».C’est pourtant l’image du président François Hollande, attendant et serrant la main du président Paul Biya sur le perron du palais de l’Elysée, qui viendra définitivement taire la polémique. Le chef de l’Etat camerounais a été accueilli à la cour d’honneur de l’Elysée avec tous les honneurs dus à son rang, par trois sections de la Garde républicaine de 18 éléments chacune, accompagnées d’une section musique et d’un régiment de la cavalerie.Respect mutuelLa poignée de main entre les deux hommes d’Etat empreinte de respect mutuel finira par rassurer les plus sceptiques des journalistes, très regardants sur les moindres détails pouvant êtres décodés dans un sens comme dans l’autre. Restait la longueur des entretiens. Une bonne cinquantaine de minutes. Autour du président Paul Biya, le ministres des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre, directeur du cabinet civil de la présidence de la République, Martin Belinga Eboutou, le secrétaire général adjoint de la présidence de la République Magloire Séraphin Fouda, le secrétaire général des services du premier ministre, Louis Paul Motazé et l’ambassadeur du Cameroun en France, Lejeune Mbella Mbella.L’entretien terminé, François Hollande pouvait alors raccompagner son hôte sur le perron de l’Elysée où l’attendaient déjà une meute de journalistes. Le président Paul Biya ne s’y est pas dérobé. Il s’est volontiers soumis à cet exercice qu’il a parfaitement maîtrisé, sans fuir aucune question. L’intégration sous-régionale, l’homosexualité, la double nationalité…Les droits de l’homme au Cameroun ? Paul Biya en sait quelque chose, puisqu’il affirmera à la presse son incompréhension des idées reçues et entretenues sur le Cameroun à ce sujet. « Voilà un pays, a déclaré le chef de l’Etat,  sur lequel on dit beaucoup de choses. Mais, les Camerounais sont parmi les Africains les plus libres. Il y a combien de journaux ? Une vingtaine ? Une trentaine ? Les télévisions, les radios où il n’y a aucune censure. Les droits de l’homme, il n’y a pas de torture, il n’y a pas de disparition ». Et d’enfoncer le clou pour bien démontrer aux hommes et femmes de médias qu’il est parfaitement tenu au courant des micmacs orchestrés par quelques uns de ses compatriotes qui ont des problèmes avec la justice : « Je sais qu’il y a des personnes qui commettent des délits et qui, pour faire bonne figure, disent qu’elles sont des prisonniers politiques. Quand vous avez détourné les fonds et que les tribunaux vous condamnent, que voulez-vous qu’on fasse ? Nous sommes un pays où il n’y a pas de prisonniers politiques, il n’y a pas de torture, les gens sont libres. On a plus de 200 partis qui sont libres… »La longévité au pouvoir ? Alors, parlons-en, a semblé dire le président Paul Biya à tous ceux qui essayent de convaincre on ne sait quelle opinion pour dire qu’il serait fatigué et usé par le pouvoir. Là aussi, une réponse cinglante qui a longuement été commentée à Paris : « Ai-je l’air si fatigué ? », a-t-il interrogé avant de poursuivre : « Le problème, c’est que je ne suis au pouvoir par la force. C’est le peuple camerounais qui m’a élu au milieu de 20 ou 30 candidats ! Alors, évidemment, personne n’est éternel mais, ce qui me préoccupe maintenant, c’est conduire mon mandat et tenir les engagements que j’ai pris. »La politique terminée, le président de la République devait se consacrer aux affaires économiques, l’enjeu essentiel de sa visite de travail en France. Clôturant le forum économique organisé par les hommes d’affaires français et camerounais, le chef de l’Etat a réitéré son invitation au secteur privé français à s’engager dans la nouvelle dynamique, à se joindre au Cameroun pour « Contribuer avec nous à la réalisation de nos grandes ambitions économiques ». Le président Paul Biya a démontré les progrès accomplis par le Cameroun et a rassuré les investisseurs français en affirmant que « Les perspectives n’ont jamais été aussi favorables à l’économie camerounaise, malgré un environnement international difficile, marqué par la crise.» Le message est passé, à en juger par le nombre d’opérateurs économiques français qui ont demandé à rencontrer le chef de l’Etat et qui l’ont presque obligé à modifier son agenda.
Simon Meyanga, envoyé spécial à Paris

Simon Meyanga

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