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La Société

Et si le salaire dépassait le travail ? :

Les employeurs reconnaissent rarement les efforts de leur personnel. Ces derniers accusent presque toujours les patrons d’esclavage. La polémique sur le rendement en entreprise est aussi vieille que le monde.

Dans quelques jours, le Cameroun se joindra au reste du monde dans le cadre des manifestations marquant la journée internationale du travail. Comme d’habitude à cette occasion, travailleurs et employeurs aborderont certains sujets qui fâchent. Comme le rendement du personnel, et les conditions de travail.
Rarement en effet, employeurs et travailleurs se sont accordés sur ces deux questions, étroitement liées. Pour les premiers, le personnel salarié ne fournit pas assez d’efforts pour produite le résultat qui est attendu de lui.  Il est souvent en retard, s’occupe, aux heures de travail, de choses sans rapport  avec son emploi, se montre négligent, vole les ressources de l’entreprise ou de l’administration, etc. Il serait, en conséquence, payé à ne rien faire ou presque. Au Cameroun, il n’y a d’ailleurs pas que les employeurs pour se plaindre des salariés. Les critiques, souvent acerbes, des clients et autres usagers, sont aussi nombreuses que récurrentes, sur la qualité de l’accueil ou du service rendu. Une position qui tend à rejoindre celle des patrons qui restent convaincus que leurs collaborateurs ne méritent pas les salaires qui leurs sont versés.
De leur côté, les travailleurs sont également convaincus de ne pas toujours mériter leur rémunération. Mais contrairement aux employeurs qui pensent payer beaucoup trop, les salariés ont toujours soutenu qu’ils ne sont pas assez payés. Les salaires seraient donc, selon les syndicalistes, particulièrement bas dans la majorité des entreprises et administrations, par rapport au travail abattu ; les conventions collectives seraient rarement appliquées dans leurs clauses octroyant des avantages et autres facilités aux salariés ; les horaires de travail ne seraient pas non plus respectées, le personnel travaillant souvent plus longtemps que prévu, sans forcément obtenir la compensation financière attendue et le cadre de travail lui-même répondrait rarement aux normes d’hygiène et de santé requises. Toutes choses qui font que le patronat soit régulièrement accusé d’esclavage.« Le travail dépasse l’argent »De nombreuses expressions ont été inventées dans notre pays pour faire connaitre les « mauvaises conditions » de travail  réelles ou supposées dont se plaignent las salariés. Ainsi: « le travail dépasse l’argent »  indique, souvent dans l’administration publique et dans les PME, la surexploitation de l’employé, à travers le prolongement de sa durée de son travail au-delà des horaires règlementaires sans paiement des heures supplémentaires, ou l’ajout de nouvelles tâches ou responsabilités extracontractuelle à l’agent, sans relèvement de sa rémunération ; « il n’y a pas d’avantage » par contre fait savoir que le patron n’accorde aucune des facilités souhaitées, prévues ou promises et que le personnel vit exclusivement de sa rémunération contractuelle et ne bénéficie pas de couverture sanitaire. Etre « sur le goudron » ou le « rocher » signifie que l’on est à un poste où aucun gain informel ne permet au travailleur d’arrondir ses fins de mois. « On ne nous paie rien » traduit un salaire bas et/ou le paiement irrégulier des salaires par le patron.Mais à l’observation, les torts pourraient bien être partagés par les deux camps : autant les plaintes formulées par les patrons peuvent parfois être fondées, autant en général, les mauvais traitements dont ils sont accusés en retour sont avérés. Le lancement de la semaine des manifestations commémorant les martyrs de Philadelphie lundi dernier, offre de ce fait un bon prétexte pour un dialogue « franc et sincère »,  entre les deux parties. Chacune pourrait ainsi prendre conscience et remplir sa part du contrat : l’exécution du travail commandé par l’employé, et le paiement du juste salaire par l’employeur. Y compris, bien sûr, tous les accessoires règlementaires et conventionnels.

Longin Cyrille Avomo

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