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L'Editorial

La dictature de la minorité :

Chaque être humain a dû en faire l’amère expérience au moins une fois dans sa vie : il est difficile de gérer une blessure à la langue. 

Que vous le vouliez ou non, vous serez obligé soit de cracher une partie du sang issu de la blessure soit de l’avaler. Et dans certaines régions et traditions camerounaises, l’expression traduite littéralement par le « sang de la langue » est utilisée pour illustrer une situation embarrassante. Ingestion ou crachat ? Absorption ou rejet ? Digestion ou vomissement ? Toutes proportions gardées, on peut oser pareille comparaison avec la crise et les tensions socio-politiques que vivent les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis plus de deux mois. Le Cameroun a une blessure et du sang sur la langue. Le goût est à la fois sucré et amer. Que faut-il faire ? Tout avaler ? Tout cracher ? Ni l’un ni l’autre mais l’un ET l’autre : cracher ce qui est mauvais, toxique et dangereux pour l’organisme ; avaler la partie susceptible de renforcer et de protéger ledit organisme. En d’autres termes, il faut accepter le compromis dans l’intérêt supérieur de la Nation, sans préjugé et sans arrière-pensée, sans faux-fuyant et sans surenchère. 
Cela dit, il est quand même étonnant et surprenant de constater que ceux qui brandissent les arguments de la marginalisation et de l’exclusion pour justifier leurs revendications utilisent les mêmes armes. Car prendre en otage l’éducation et les élèves par l’intimidation est une forme de marginalisation et d’exclusion. Ce faisant, les auteurs des mots d’ordre de grève s’attaquent au maillon faible : les enfants. Par peur de représailles, les parents sont bien obligés de garder leur progéniture à la maison. Ô cher frère enseignant gréviste, toi-même parent, où est donc ta victoire ? Reconnais qu’elle doit avoir un drôle de goût ; entre l’amertume et l’excès de sel. Il est regrettable que les auteurs des mouvements de Bamenda et de Buea prennent ainsi les enfants en otage et les sacrifient sur l’autel de leurs ambitions, fussent-elles légitimes. Or plus les jours passent, plus les acteurs semblent perdre toute raison  et toute lucidité. Où est passée la majorité silencieuse qui subit la dictature d’une minorité dont les seuls arguments sont la force, la violence et l’intimidation ? On ne peut pas vouloir bâtir une nation en sacrifiant l’avenir des enfants. Vivement que la raison et la sérénité reviennent !
 
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Les Lions Indomptables du Cameroun entrent en compétition samedi prochain dans le cadre de la 31ème Coupe d’Afrique des Nations de football. Après le « forfait » de plusieurs joueurs qui ont choisi de privilégier leurs clubs au détriment de l’équipe nationale, c’est un groupe expérimental qui se présente au Gabon. Quelles sont leurs chances de remporter le trophée ? A vrai dire, elles sont minces, même si l’on ne peut pas exclure la glorieuse incertitude du sport. Au moins les 23 joueurs sélectionnés auront à cœur de démontrer qu’ils méritent leur sélection et qu’ils ne sont pas de simples seconds couteaux. Une source de motivation et une belle revanche à prendre sur soi et sur tous les sceptiques.  

CMZ

Christophe MIEN ZOK

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