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L'Editorial

Arithmétique électorale :

La classe politique camerounaise avait-elle réellement besoin que le Président de la République annonçât le 31 décembre que « 2018 serait une importante année électorale » pour commencer à s’agiter et à ruer dans les brancards?

Depuis deux semaines, toutes les cigales qui chantaient en chœur le vieux refrain du « calendrier électoral flou et imprécis  » semblent se raviser et se lancent maintenant,  à corps perdu et avec l’énergie du désespoir,  dans les préparatifs d’échéances jusque-là jugées  « lointaines » mais surtout prétendument « incertaines ». 
 
Fidèle à son habitude-on ne change pas une méthode qui perd- l’opposition camerounaise, pour sa part,  est une fois de plus à la recherche de l’oiseau rare. Du Messie.  Et de la stratégie unitaire. Et c’est reparti pour un petit tour de remue-méninges en vue de mettre en place les fameuses Coalitions, les fumeux Fronts, les  fantomatiques Forums, les Plateformes fictives  et autres regroupements farfelus de regrettée mémoire. 
 
Pendant ce temps-là, conscient des enjeux et convaincu qu’une « élection se gagne avec des électeurs et grâce aux électeurs », le RDPC, tel la fourmi de la fable, vient de lancer une vaste  campagne d’inscription sur les listes électorales. Dans une circulaire publiée la semaine dernière, le Secrétaire Général du Comité central demande aux responsables du Parti, de la cellule à la Région en passant par les comités de base, les sous-sections, les sections et les délégations départementales de mener sur le terrain « des actions précises qui devront déboucher sur des résultats concrets, sur des données quantifiables, mesurables et vérifiables (…) Ce sont de véritables travaux pratiques devant aboutir à l’identification des électeurs potentiels du RDPC dans chaque bureau de vote. » 
 
L’exercice est relativement simple: faire inscrire le maximum de militants et de responsables des instances dirigeantes enregistrés dans les fichiers du Parti; sans oublier les soutiens et sympathisants non encore inscrits. La méthodologie est tout aussi simple: à partir du sommier de l’implantation territoriale du Parti et du fichier des militants élaboré pendant et après le renouvellement des bureaux des organes de base en 2015, il s’agit de constituer le vivier des électeurs potentiels du RDPC. Démonstration sommaire à partir de quelques chiffres. 
 
Le RDPC compte aujourd’hui 360 sections sur le territoire national et 17 à l’étranger. Notre petit exercice ne concernera que les sections intérieures. Sachant que chacun des trois organes du Parti (RDPC, OFRDPC et OJRDPC) a sa section, cela fait au total 360X3= 1080 sections. Chaque bureau de section compte en moyenne 15 membres, soit 16200 responsables pour les sections. Ce chiffre est largement supérieur aux 10000 conseillers municipaux que comptent les 360 communes du Cameroun. Passons et continuons notre petit exercice. Si chaque section (RDPC, OF et OJ)  compte au minimum 10 sous-sections, on aurait un total de 10800. Si chacune de ces sous-sections comprend dix comités de base, on atteint 108000 comités de base. Et on ne vous parle pas des cellules! 
 
Vous y êtes toujours? Parlons maintenant des ressources humaines chargées de l’encadrement et de l’animation au quotidien de ces organes. Si l’on reste dans la moyenne de 15 membres par bureau de sous-section  et de comité de  base pour les trois organes confondus, nous obtenons respectivement 162000 et 2.430.000!!! En d’autres termes, et malgré les marges d’erreurs, le potentiel du vivier électoral du RDPC constitué seulement des membres des bureaux de ses organes de base dépasse largement deux millions cinq cent mille électeurs. Lorsqu’on y ajoute les militants de base, les sympathisants et les électeurs occasionnels, on atteint des chiffres impressionnants une fois qu’ils sont rapportés au nombre total des inscrits.Telle est la réalité de  l’arithmétique électorale au Cameroun, loin des supputations, des conjectures et des fausses polémiques entretenues ici et là. CQFD!
 
La campagne d’inscription sur les listes électorales qui vient d’être lancée par le RDPC consiste, in fine, à confirmer sur le terrain cette démonstration chiffrée. Et à infliger un cinglant camouflet à ceux qui prétendent que cette organisation structurelle et humaine est une armée mexicaine. Et même si tous les électeurs qu’il aura contribué à faire inscrire sur les listes ne votent pas pour ses candidats, le RDPC aura apporté sa contribution à la crédibilité et à l’amélioration du système électoral camerounais. C’est aussi cela la responsabilité d’un parti leader: montrer l’exemple en matière de citoyenneté. 

Christophe MIEN ZOK

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