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L'Editorial

Une leçon de démocratie

Quel sens et quelle lecture faire du vote du 9 février 2020 au Cameroun ? A l’évidence, il y a une certitude : comme du bon vin, la démocratie, voulue et mise en œuvre méthodiquement par le Chef de l’Etat, s’enracine tous les jours dans notre univers politique et sociologique. Malgré l’apocalypse promise, tout ou presque s’est déroulé dans les normes ; la concitoyenneté et la concorde. Les joutes oratoires, restées dans les justes proportions, ont gardé le caractère compétitif qui sied à pareille circonstance. Et c’est tout à l’honneur d’une volonté politique qui s’inscrit dans la pédagogie, la patience et l’abnégation.
Le double scrutin du 9 février n’a pas uniquement démontré la consolidation de la démocratie, il s’est révélé une redéfinition de l’espace politique national avec l’avènement de nouvelles forces et l’émergence des dynamiques nouvelles. La géographie politique, même si elle n’a pas fondamentalement été chamboulée, met au-devant de la scène, de nouveaux acteurs aux convictions fortes et assumées, loin de la flagornerie et de la forfanterie.
Mais la grande leçon n’est-elle pas la perte de sens et de repère de ce que l’on qualifiait jadis de partis traditionnels, empêtrés tels qu’ils sont dans des contradictions internes ? Pas de stratégie propre, obsolescence des hommes et des structures et, à la fin, une perte du poids et des fiefs électoraux, si difficilement conquis. Cet espace, pour certains, s’est réduit comme peau de chagrin, jusqu’à l’effacement. La faute n’est pas certainement celle du Rdpc, encore moins au processus démocratique qui, lui, est dynamique.
C’est donc ici qu’il faut comprendre la petitesse dont parle Paul Biya, aussi bien pour des formations politiques que pour les hommes qui les gouvernent. La petitesse non seulement dans la conception d’un parti politique, mais aussi dans son imaginaire conceptuel, l’organisation, la conception de la vie et la perception que l’on a du monde et de notre environnement socio-politique. La petitesse aussi dans la maladresse et l’incohérence. Toutes ces choses qui rabaissent l’homme et le rendent petit devant l’histoire et les autres hommes.
La petitesse en politique, c’est aussi cette ambiguïté entretenue avec soi-même, se mentir à soi-même en permanence sous prétexte de faire de l’opposition au Président de la République et à son parti. La petitesse, c’est la filouterie, la dénégation et l’équivoque : être et sans être, vouloir et sans vouloir. Soutenir les discours des sécessionnistes, déclarer être avec la République, entretenir le flou, cultiver l’amalgame au point de perdre ses propres soutiens inconditionnels. Une danse macabre, ignoble et indécente avec la réalité et les démons mais plus encore, un jeu trouble avec le citoyen-électeur qui, à la fin, n’arrive plus à vous comprendre et à vous situer. C’est cela la petitesse. On ne joue pas impunément avec le destin des hommes, surtout ceux qui comprennent et ont la grille de lecture sociale et politique pointue, utilitaire et pragmatique.
La sanction est sans appel : l’exclusion, l’oubli et l’abandon. Les derniers résultats des urnes nous donnent les raisons profondes de certaines débâcles et du non-respect des mots d’ordre insensés. C’est l’invite populaire à l’humilité, à la clarté, à la sincérité et à l’engagement.
Il est temps que les hommes grandissent, dans leurs têtes et dans leurs êtres.

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