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La Société

MASSASSI : Marché à ciel ouvert

L’incivisme et l’anarchie qui règnent au sein de cet espace marchand l’ont assurément hissé au hi-parade du désordre urbain dans la capitale.

Vendredi 31 juillet 2020, c’est une vraie gageure de se mouvoir dans ce capharnaüm qu’est devenu ce marché au fil des années et qui s’étend désormais jusqu’au carrefour de l’hôpital de district de Messassi. Soit plus de deux kilomètres de longueur, où tout espace est systématiquement occupé par les vendeuses et les vendeurs de vivres frais, friperie, condiments, sel, huiles végétales, légumes… Ici, les étals de fortune et la vente à la sauvette font une concurrence déloyale aux boutiques qui font finalement pitié, car presque totalement assaillies par cette horde de commerçants qui n’en fait qu’à sa tête. Les motos taximen, réputés pour leur incivisme, viennent compléter le tableau. Ici, le client n’est pas du tout roi ; lui qui est souvent bousculé et malmené par ces commerçants, ces conducteurs de brouette, voleurs à la tire, moto taximen et autres « sauveteurs », véritables maîtres des lieux. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des clients potentiels démissionner et repartir, face à ce désordre qui a fini par s’installer dans ce marché né spontanément au milieu des années 70, et qui permettaient aux femmes des villages Ezezang, Katanga, Nkolondom, Nyom II, Akak, Ebang, Eyeg-Assi et Olembe, de venir paisiblement écouler chaque jeudi et vendredi et à l’aide des lampes tempête, des vivres frais, des fruits et des légumes et par la même occasion se procurer du savon, du sel et du poisson fumé, entre autres, selon SM Hubert Etele, un riverain. Quatre décennies plus tard et face à la poussée démographique, le marché de « Messaassi », littéralement « sous les safoutiers », a totalement changé de physionomie, car il s’étend au jour le jour. Les policiers du 17ème arrondissement voisin ont vraiment du pain sur la planche, car toute tentative de libérer les trottoirs et la chaussée est assimilée à de la méchanceté, face aux débrouillards en quête de leur pain quotidien. Des témoignages recueillis sur place font état de fréquentes rixes entre les forces de maintien de l’ordre et des commerçants récalcitrants. A la question de savoir si ce désordre généralisé ne les gêne pas eux-mêmes, les commerçants répondent en chœur qu’ils n’ont pas de choix. « Le gouvernement et la mairie n’ont qu’à nous caser dans un marché où nous pourrons exercer notre activité en toute quiétude, car ici nous sommes certes à la merci de la pluie et du soleil, mais c’est avec l’argent gagné ici que nous nourrissons nos familles », affirme Catherine Ngono, vendeuse de vivres frais et légumes. Face à cette interpellation, notre source nous renseigne que plusieurs initiatives ont vu le jour par le passé, dans le but de caser ces commerçants devenus encombrants au fil des années. Mais tout a souvent achoppé sur le site et l’indemnisation des riverains. Cette fois, il est devenu vital aussi bien pour les riverains que pour toute la capitale, que ce marché soit délocalisé. L’arrivée du nouveau maire de Yaoundé 1er , Jean Marie Abouna est source de beaucoup d’espoir ; lui qui vit au quotidien cette situation et qui est un homme d’action.

Claude MPOGUE

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