Le produit est devenu rare aussi bien à Yaoundé que dans les régions. Interrogés, les producteurs pointent du doigt les distributeurs qui constituent des stocks à des fins spéculatives.
On aurait cru que le phénomène était passager au lendemain de la Coupe d’Afrique des Nations, mais il persiste. Dans certaines quincailleries, le ciment est bel et bien exposé mais une fois à la caisse, le client potentiel est soit interrogé sur l’utilisation qu’il compte faire du produit, soit il lui est répondu que le stock visible est déjà pris, sauf s’il consent à débourser une certaine somme qui pourra permettre de « dédommager » le premier client. C’est ainsi que le sac de ciment 32,5 revient à 6000 F au lieu de 4900 F ; tandis que le 42,5 s’enlève parfois à 7000 F l’unité, et tout ceci sans facture. De nombreux stocks de ciment ont été saisis à Yaoundé et à Nkoabang par les services compétents du Mincommerce dans des domiciles et magasins de fortune et vendus aux enchères pour spéculation. Mais les distributeurs persistent dans cette activité frauduleuse.
Ces derniers temps, l’on est parfois obligé de camper devant les quincailleries pour obtenir quelques sacs de ciment ; le reste étant toujours « commandé d’avance ». Cette situation est également signalée à l’Est, à l’Ouest et au Sud, où les entrepreneurs et les populations ne savent plus à quel saint se vouer, quand on sait que ces dernières années, le Cameroun a considérablement augmenté ses capacités de production avec l’arrivée de nouvelles entreprises productrices de ciment.
Cette situation ne pouvant pas perdurer, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a réuni, mercredi 13 avril 2022, producteurs et distributeurs, pour tirer au clair cette situation et trouver des solutions idoines pour un approvisionnement optimal du marché. Après avoir inventorié les limites à un ravitaillement adéquat, il a été instruit aux producteurs d’accroître les quantités de ciment fournies aux distributeurs de Yaoundé et dans les principales villes du pays, en suspendant notamment les exportations, pour privilégier le marché local. De même, il a été demandé aux distributeurs de ravitailler en priorité les quincailleries.
Parallèlement, les mesures prises par le gouvernement pour ramener la sérénité dans le secteur leur ont été réitérées. Notamment, la validation des nouveaux prix qui sont de 4900 F pour le 32,5 de 50 kg et 5400 F pour le même sac de 42,5. Des équipes de contrôle sont déployées sur le terrain pour mettre fin à cette spéculation qu’aucune logique économique n’explique.
Claude MPOGUE