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Le bon grain et l’ivraie

Les commissions régionales de réception et d’analyse des dossiers des candidats du Rdpc pour les sénatoriales du 12 mars 2023 sont à pied d’œuvre dans les dix Régions depuis samedi dernier. Les premiers échos font état d’un très grand engouement de la part des prétendants à la candidature, mais aussi d’une certaine forme d’improvisation des mêmes. Ici et là, d’anciennes coalitions ont volé en éclats; des colistiers d’hier ont décidé de faire bande à part, prenant par surprise le reste du groupe. Bref, tous les coups bas sont permis pour éliminer, écarter ou faire cavalier seul avec de nouvelles figures cooptées au nom de l’émergence de nouveaux visages locaux.
L’une des premières leçons à tirer de cet exercice politique permet de constater que dans plusieurs régions, à quelques exceptions près, la solidarité et la dynamique régionales entre sénateurs ne sont que de façade et de simple apparence. Des élus qui ont rarement travaillé ensemble, main dans la main, pendant la durée de leur mandat ne peuvent pas s’entendre au moment du renouvellement de leur liste. Ce sera du chacun pour soi. Hélas! Or la circonscription des sénatoriales étant la région, on aurait bien voulu voir lors de la constitution des listes une démarche et une vraie stratégie régionales, gages d’une dynamique d’action collective tout au long du mandat. Une telle démarche serait plus en cohérence et en adéquation avec la mise en place des conseils régionaux dont les sénateurs sont les représentants au sein du Parlement.
Comment s’étonner alors de cet esprit individualiste et égoïste; de cet absentéisme notoire qui ont caractérisé de nombreux sénateurs au point où les populations et les militants ont du mal à mesurer leur impact sur le terrain?
La deuxième leçon à tirer est la faible implication des responsables locaux du parti dans le processus de sélection des candidats. Certes, les présidents de section sont tenus de délivrer des attestations de bonne conduite aux candidats, mais il y a lieu de craindre davantage des règlements de comptes dans l’exercice de cette responsabilité au lieu d’une appréciation ou d’une évaluation objectives. Cette mesure innovante participe pourtant de la volonté de la direction du Parti de s’assurer du militantisme actif de tous les candidats. Car au quotidien, les sénateurs, compte tenu de leur mode d’élection au suffrage indirect, semblent négliger les responsables locaux et même le Parti comme institution. Nombreux parmi eux ne participent pas à l’animation des activités et n’y apportent pas leurs contributions financières. Or, le cordon ombilical qui les lie au Parti est indestructible et inviolable. Personne ne devrait l’oublier. Il faut espérer que les commissions régionales sauront être impartiales et fermes dans leurs rapports motivés adressés à la commission nationale d’investiture afin de séparer définitivement le bon grain de l’ivraie.
La troisième leçon à tirer est la nécessité du partage des postes à l’intérieur du Parti et de la limitation de la transhumance électorale. Combien de militants, candidats compulsifs à chaque élection, se mordent-ils les doigts aujourd’hui de ne pouvoir se présenter aux sénatoriales parce qu’ils avaient déjà fait le forcing pour figurer, à tout prix et à tous les prix, sur une liste aux municipales ou aux régionales? Mal leur en a pris. Tout vient à point à celui qui sait attendre. Il parait que certains étaient prêts à démissionner et à trahir leurs électeurs d’hier. Impossible au regard du verrouillage et de la longueur des procédures légales encadrant les démissions du conseil municipal ou régional. Vous y êtes? Vous devez y rester pour défendre les intérêts des électeurs qui vous ont fait confiance. En politique, il faut redonner au mot confiance toutes ses lettres de noblesse.
C’est cette confiance que recherchent les candidats auprès de la commission nationale d’investiture et du Président national. Elle leur sera accordée en distinguant les bons candidats des mauvais et en introduisant de nouvelles figures, notamment les femmes et les jeunes. Tout en se consacrant à cette cuisine électorale interne, le Rdpc doit garder un œil sur les délais de dépôt des dossiers auprès de Elecam. À quoi servirait-il d’avoir les meilleures listes et des candidats de très grande qualité si les dossiers étaient déposés hors délai ou rejetés? Personne n’ose imaginer pareil scénario.

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