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L'Editorial

In extrémis…

Quel soulagement! Quel suspense! Quel scénario dingue! Au terme d’un match fou, l’équipe nationale de football du Cameroun s’est qualifiée pour le second tour de la phase finale de la coupe d’Afrique des Nations qui se déroule en ce moment en Côte d’ivoire. Les Lions Indomptables, quintuples champions d’Afrique et huit fois mondialiste sont passés par le petit trou de l’aiguille, tels de petites souris. La clameur populaire qui a accueilli ce résultat prouve que le Cameroun revient de très loin. Paradoxalement, cette qualification au forceps indique clairement le déclin inexorable et le déclassement douloureux de notre pays sur la scène footballistique africaine et même mondiale. Que ce fut laborieux et douloureux!
Qui aurait pu croire, il y a quelques années, que les Camerounais exulteraient et exploseraient de joie pour une simple qualification au second tour d’une CAN, de surcroît face à un adversaire comme la Gambie, 126ème au classement FIFA? Par le passé, à chaque édition ou presque, une telle performance aurait relevé de la formalité et de la banalité. Abonnés aux premières places et aux trophées pendant plusieurs décennies, les joueurs camerounais rentrent progressivement dans le rang. Les Lions perdent, peu à peu, leurs crocs, leurs griffes et leur crinière. Les Lions ne rugissent plus et ne font plus peur même aux « petites » équipes. Les Indomptables sont désormais domptés par le premier chaton venu. C’est ce qui arrive généralement à ceux qui ont longtemps dormi sur leurs lauriers sans préparer la relève et sans tenir compte de la concurrence.
Certes, le Président Paul Biya rappelle fort à propos aux Camerounais « qu’il n’y a pas de peuples de vainqueurs ni de peuples de vaincus ». Malgré cet appel au fairplay, les supporters des Lions ont de plus en plus du mal à digérer les défaites à répétition et surtout les contre-performances sanctionnant des rencontres sans envie, sans combativité, sans engagement et sans conviction. Hier soir, les Lions ont retrouvé en deuxième période le fighting spirit qui leur manquait tant. La victoire et la qualification n’en sont que plus belles! Voici donc Rigobert Song et ses poulains qualifiés de justesse pour le second tour de la CAN ivoirienne. Passés les moments d’euphorie, il faut rapidement revenir sur terre car, pour une équipe comme le Cameroun au palmarès long comme le bras, franchir le premier tour est loin de constituer un exploit. L’objectif de départ et l’ambition ultime des Lions pour l’expédition ivoirienne étaient d’ajouter une sixième étoile à leur maillot. Nous sommes encore loin du compte, le chemin bien long et parsemé d’obstacles. L’ascenseur émotionnel des supporters promet encore quelques embardées et d’autres moments intenses.
Depuis le début de la compétition et malgré la victoire d’hier, les Lions Indomptables, sans grands talents sur le plan individuel et collectif, présentent sur le terrain le visage d’un groupe sans âme, sans fond ni identité de jeu et sans inspiration. Hors du terrain, la sérénité n’est pas de mise dans un environnement miné et un encadrement moyen plombé par des querelles, des conflits et des bruits de couloirs très peu rassurants. Il faudra ramener la sérénité dans la tanière et hausser le niveau sur la pelouse pour espérer franchir les prochaines étapes. Après avoir dansé comme des funambules sur une corde raide au bord d’un précipice, à force de frôler le vertige des profondeurs, les Lions ont-ils désormais pris conscience du danger? Il faut l’espérer. Avant de rassurer leurs supporters et tout un pays, ils devront d’abord se rassurer eux-mêmes. Leur sélectionneur-manager doit maintenant être plus à l’aise pour leur expliquer de nouveau sa fameuse théorie du danger qui a fait sa réputation depuis Blida. La CAN 2023 peut enfin commencer. Tout est désormais possible. Même si le prochain adversaire s’appelle le Nigéria !!!

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