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L'Editorial

Prorogation et prolongations

La rumeur, assortie de menaces, planait dans l’air et était entretenue par certains leaders de partis politiques depuis plusieurs mois. Depuis plus d’une quinzaine d’années, le scénario a tendance à se répéter et la prorogation de certains scrutins devenir une règle. En principe, personne n’aurait donc dû être surpris lorsque samedi dernier le projet de loi portant prorogation du mandat des députés a été déposé à l’Assemblée nationale. Dans la foulée, suite à la saisine du président de la République, le gouvernement s’est réuni lundi dernier en conseil de cabinet extraordinaire pour une concertation dans le cadre de la consultation en vue de la prorogation du mandat des conseillers municipaux. Au moment où s’achève ce mercredi la deuxième session de l’année législative 2024, et en attendant la signature des deux décrets, l’un promulguant la loi prorogeant le mandat des députés et l’autre celui des conseillers municipaux, la scène politique connaît un regain de tension et d’animation. Sur le plan légal, rien à redire pourtant : toutes les dispositions, conditions ainsi que les préalables requis par la loi ont été scrupuleusement respectés.

Hélas, comme il fallait s’y attendre, telle une symphonie maintes fois mal répétée et une chorégraphie éculée et mal exécutée, des responsables politiques, les mêmes qui assumaient naguère le boycott des élections législatives et municipales de 2020 avec toutes ses conséquences, poussent des cris de vierge effarouchée et hurlent maintenant au scandale. L’amnésie est certes le mal le plus répandu en politique mais nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, messieurs…

Une chose est désormais certaine : le calendrier électoral est à présent allégé et clarifié; les seuls scrutins qui se tiendront au Cameroun en 2025 sont l’élection présidentielle et les régionales. Une bouffée d’oxygène non négligeable pour les finances publiques en cette période de vaches maigres…Députés et conseillers municipaux peuvent dès lors souffler et mieux se préparer jusqu’en mars 2026 tandis que les états-majors se concentrent sur la présidentielle, la « mère » de toutes les batailles électorales. Pour le Rdpc qui n’a pas de temps à perdre en jérémiades et en fanfaronnades, la prorogation du mandat des députés et des conseillers municipaux n’appelle aucun commentaire particulier, mais elle entraine deux principales conséquences.

1-La première porte sur l’intensification de la campagne des inscriptions sur les listes électorales. Le répit qu’offre le report ne doit surtout pas conduire à une démobilisation. Les efforts et les stratégies mis en place doivent se poursuivre NORMALEMENT et SEREINEMENT jusqu’au 31 août de cette année. Dès le début de l’année prochaine, vingt fois, cent fois, jusqu’à la convocation du corps électoral, il faudra remettre l’ouvrage sur le métier et repartir de plus belle, afin d’inscrire le maximum d’électeurs.

2-La deuxième conséquence consiste à mettre en garde les élus dont les mandats seront bientôt prorogés contre la tentation de la démobilisation et de la procrastination. Beaucoup d’anciens et de potentiels nouveaux candidats ont jeté leurs dernières forces dans la bataille car ils voyaient la ligne d’arrivée se rapprocher à toute vitesse. On les a vus alors se démener comme de beaux diables, multipliant les initiatives sur le terrain pour étoffer leur bilan et/ou pour séduire les électeurs. Dans certaines circonscriptions, ces efforts étaient d’autant plus visibles et palpables que des adversaires au sein du parti et à l’extérieur pointaient déjà le bout de leur nez. L’émulation et la concurrence n’en seront que plus belles si la compétition se déroule dans un esprit de camaraderie et de fairplay. Le grand risque et même l’erreur à ne pas commettre seraient d’observer une pause, de se tourner les pouces et d’attendre la dernière minute. On ne nourrit pas la poule le jour du marché! Le temps passe si vite! 2026, c’est déjà demain!

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