Il fallait s’y attendre. Ceux qui avaient encore des doutes sur l’importance vitale et capitale que certains Camerounais accordent aux enjeux électoraux de l’année 2025 sont maintenant fixés. Quelques mots plus ou moins anodins et conventionnels prononcés par le Président Paul Biya dans son traditionnel message de fin d’année ont suffi pour « mettre le feu à la poudrière » et faire sortir de leurs gonds plusieurs membres de l’épiscopat de l’Eglise catholique romaine qui est au Cameroun. On dirait que le président de la République a donné le 31 décembre un coup de pied dans une fourmilière ou un nid de guêpes pour que fourmis magnans et frelons sortent de leurs cachettes et piquent leurs dards sur le candidat déclaré et plébiscité aussi bien par la majorité des militants et sympathisants du Rdpc que par des Camerounais de bonne volonté à l’élection présidentielle du mois d’octobre 2025. Diantre ! Qu’a-t-il donc dit de si grave qui lui vaut littéralement tous ces sermons et cette excommunication ?
Il s’agit d’une petite phrase de vingt-six mots qui provoque cette ire foudroyante : « je puis vous assurer que ma détermination à vous servir demeure intacte et se renforce au quotidien, face à l’ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés ». Ces propos valent-ils déclaration de candidature ? Quand bien même ce serait le cas, pourquoi cela fait-il si peur à ses contempteurs, à ses adversaires putatifs ou potentiels et à leurs soutiens ? Rappel : Paul Biya a été confortablement réélu président de la République en octobre 2018 pour un mandat de sept ans. Il est parfaitement de son devoir d’assurer ses compatriotes de son intacte détermination à les servir jusqu’à la dernière seconde de son mandat, même s’il ne devait pas se représenter. Cela s’appelle le SENS DU DEVOIR ET DES RESPONSABILITÉS. « Je ne faillirai point », n’a-t-il de cesse de proclamer depuis 1982. Il a réitéré cet engagement le 31 décembre dernier.
Est-ce alors nécessaire d’appeler le diable au secours pour si peu comme l’a fait certain prélat ? Le Cameroun, pays placé, dit-on, sous la protection de la Vierge Marie, a-t-il besoin du diable pour être délivré de ses maux ? Le désespoir a-t-il atteint ce niveau ? Notre pays n’est ni un paradis encore moins l’enfer que certains de ses concitoyens se plaisent à décrire. Quel sacrilège ! Quel blasphème ! Quelle hérésie pour un évêque d’être réduit à dessiner le diable sur les murs de son église pour lui confier le salut de ses fidèles ! Imagine-t-on un serment amoureux sortir de la bouche d’une péripatéticienne ? Certes, les voies du Seigneur sont insondables mais quand même ! Ce sont bien les évêques du Cameroun qui condamnaient il y a quelques décennies « les structures du péché ». Voici certains parmi eux à genoux, les mains jointes, priant et suppliant Lucifer, le Maître de l’Enfer et de tous les péchés, de venir au secours de ce pauvre Cameroun qui ne sait plus à quel Saint ou à quel diable se vouer. Comprenne qui pourra !
Au-delà de la liberté d’expression reconnue à chaque citoyen, une chose est certaine : avec ou sans Paul Biya, la prochaine élection présidentielle devrait offrir à notre pays une excellente occasion en vue d’un exercice d’exorcisme collectif et démocratique. On pourrait alors être surpris de constater que le diable et l’enfer ne sont pas toujours du côté où l’on croit. En attendant, le gouvernement et le Rdpc feraient mieux de ne pas céder aux provocations et aux surenchères qui vont se multiplier en ce début d’année électorale. Travaillons alors pour chasser dans la paix les vrais démons (pauvreté, corruption, injustice, sous-développement, etc.) du Cameroun. Laissons donc certains évêques, les responsables des partis de l’opposition et autres leaders de la société civile à leurs imprécations et préparons les arguments de campagne. Le peuple souverain décidera dans les urnes en son âme et conscience et Dieu, le Seul, l’Unique, le Vrai, reconnaîtra les siens !
** « En arrière, Satan !»