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Cameroun/Déchets ménagers : attaquer le mal par la racine 

Les Etats Généraux de la gestion des déchets urbains se sont ouverts ce 06 Mai 2025 par Célestine Ketcha Courtès , Ministre de l’Habitat et du Développement urbain- MINHDU représentante personnelle du Premier Ministre empêché. Retour sur les enjeux et les défis de ces assises d’importance capitale.   

Un sommet pour réinventer la gestion des déchets urbains 

Le Cameroun a officiellement lancé ce mardi 6 mai 2025 ses premiers États généraux sur la gestion des déchets ménagers, une initiative pilotée par le ministère de l’Habitat et du Développement urbain (MINHDU) et celui de la Décentralisation et du Développement Local (MINDEVEL). Organisées dans la Grande Salle de la Région du Centre à Yaoundé, ces assises historiques réunissent pendant deux jours plus de 300 acteurs : ménages, entreprises, mairies, experts internationaux et représentants d’ONG. Objectif affiché : éradiquer l’insalubrité chronique des villes et transformer les déchets en leviers de développement. 

Urgence nationale, réponse structurée 

La situation est critique. Chaque jour, Yaoundé et Douala génèrent à elles seules près de 8 000 tonnes d’ordures, selon les chiffres du MINHDU. Pourtant, moins de 40 % sont collectées, le reste s’accumulant dans les caniveaux, les marchés ou les quartiers populaires, avec des conséquences sanitaires et environnementales alarmantes. « Nous ne pouvons plus nous contenter de solutions éphémères », a martelé la ministre Célestine Ketcha Courtès, ouvrant les débats au nom du Premier ministre. 

De la nuisance à la ressource : le pari de l’économie circulaire 

L’innovation de ces assises  réside dans son approche systémique. Plutôt que de se limiter au ramassage des déchets, les travaux visent à structurer une filière économique autour du recyclage et de la valorisation. « Les déchets urbains représentent un gisement de 25 milliards de FCFA annuels inexploités », a souligné un expert de la Banque mondiale présent sur place.  Parmi les pistes concrètes :  La création de centres de tri régionaux financés par des partenariats public-privé ;    L’incitation fiscale pour les industries locales utilisant des matières recyclées (plastique, métaux, etc.) ; Un programme national de compostage communautaire pour réduire de 30 % les déchets organiques ; L’intégration des récupérateurs informels (près de 15 000 personnes) via des coopératives régulées. 

Décentralisation et responsabilisation citoyenne 

Autre axe clé : renforcer le rôle des communes. « Les mairies doivent devenir les chefs d’orchestre de la gestion des déchets, avec des moyens humains et financiers adaptés », insiste un maire de l’Ouest. Le projet prévoit ainsi une révision du cadre juridique pour clarifier les compétences locales et un fond d’appui aux initiatives municipales.  Côté citoyens, une campagne de sensibilisation massive sera lancée, combinant spots TV, ateliers dans les écoles et système de pénalités/récompenses pour le tri sélectif. « Sans adhésion populaire, même la meilleure stratégie échouera », rappelle une représentante d’un collectif de femmes de Douala. 

Feuille de route pour mercredi 07 Mai

Après des ateliers techniques sur la logistique, le financement et l’innovation écologique, les conclusions seront présentées ce 7 mai. Les observateurs espèrent des engagements précis : Un calendrier de fermeture des décharges sauvages d’ici 2026 ; l’obligation légale pour les producteurs de déchets industriels (super marchés, brasseries) de contribuer à leur recyclage ; un investissement étatique initial de 10 milliards de FCFA, selon une source ministérielle est prévu. 

Un test pour la résilience urbaine 

Si les mesures adoptées sont appliquées rigoureusement, le Cameroun pourrait rejoindre le cercle des pays africains comme le Rwanda ou l’Afrique du Sud ayant réussi leur transition écologique urbaine. Reste à surmonter les écueils habituels : bureaucratie, corruption et résistance aux changements de pratiques.  Une certitude : l’enjeu dépasse la salubrité. Il s’agit de construire des villes viables, génératrices d’emplois verts et respectueuses des générations futures. Le compte à rebours est donc  lancé. 

Simon Metsengue

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