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L'Editorial

Paris vaut bien une messe…olympique

Pendant et malgré les Jeux olympiques, les acteurs de la scène politique et administrative camerounaise continuent leur exercice favori: les « jeux brutaux ». Définition simple du « jeu brutal »: tout acte, mesure, initiative, déclaration ou propos susceptibles de provoquer la polémique ou porteurs de violence latente ou avérée. Tous ne sont pas dangereux, loin s’en faut. Certains contribuent même à amuser la galerie, ainsi qu’à l’animation et au divertissement par ces temps de grisaille mais d’une manière générale, ils ont plutôt tendance à briser l’harmonie; à créer une ambiance délétère et autant de tensions que de dissensions malsaines et peu propices au dialogue et à la sérénité. Les « jeux brutaux » cherchent, la petite bête, se nourrissent de tout ce qui va et fait mal; de tout ce qui divise…Ils portent en eux des germes potentiellement nocifs mais les Camerounais semblent se plaire et se complaire dans cette atmosphère où un buzz en chasse un autre, sans aucun impact positif sur la réalité et la société.

    Certaines conséquences visibles et palpables de cette situation sont connues et font des ravages: fracture et fragmentation de la société, suspicion généralisée et méfiance à outrance; « provocations » à répétition de la part de citoyens qui entraînent à leur tour des réactions en chaîne du côté des pouvoirs publics. La spirale de la brutalité dans les propos et de la violence dans les actes est désormais irréversible. L’imminence des prochaines échéances électorales, la présidentielle notamment, ne fait qu’exacerber la tension et illustre plus que tout les « jeux brutaux ».

    Une seule question semble alors cristalliser l’attention et les préoccupations des acteurs politiques, tous bords confondus: Paul BIYA sera-t-il candidat à sa propre succession en 2025? Si les boules de cristal, les devins, les diseurs de bonne aventure, les sorciers, qu’ils soient apprentis ou non, pouvaient répondre catégoriquement à la question! Si le principal concerné lui-même pouvait mettre un terme à ce qui s’apparente au supplice pour les uns et au suspense pour les autres! Au lieu de quoi, il sème les indices ici et là comme des petits cailloux sur son passage. Chacun les interprète à sa guise et à sa manière. Ses partisans multiplient les appels et le supplient de se représenter, certains de ses alliés n’y vont pas par quatre chemins pour soutenir que « même sur une civière, il sera réélu ». Partisans et adversaires, à défaut de trouver des réponses ou des signes localement, scrutent les cieux lointains. Le retrait de Joe BIDEN, 81 ans, le président des États-Unis d’Amérique, de la course à la présidentielle américaine leur donne du grain à moudre. Il enrage les uns et fait saliver les autres.

    C’est le moment que choisit Paul BIYA de manière  subliminale pour répondre favorablement à l’invitation du Président de la République française et du Président du Comité international olympique à participer à la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Paris 2024. De quoi relancer les jeux brutaux et alimenter la polémique de plus belle. Il y va? C’est un problème. S’il n’y était pas allé, le problème serait encore plus grave. La versatilité et la schizophrénie ont encore de beaux jours au Cameroun.

    S’il pouvait répondre aux uns et aux autres, Paul BIYA leur dirait sans doute, s’inspirant de Charles De Gaulle: « je vous ai compris » Il pourrait également les renvoyer à la célèbre formule du Baron Pierre de Coubertin, inventeur des jeux olympiques modernes: « l’essentiel est de participer ». Mais aussi d’assurer la présence et une bonne représentation du Cameroun dans le concert des Nations, pourrait-il ajouter. À cet égard, malgré les jeux brutaux, la mauvaise foi, l’agitation de certains et les polémiques inutiles des autres, Paris vaut bien une messe… olympique. Quand viendra l’heure du bilan de cette séquence olympique, l’on retiendra davantage la présence de Paul BIYA à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris 2024. Il sera toujours temps pour lui de donner, le moment venu, une réponse à ceux qui sont impatients de le voir « rentrer au village » pour une retraite bien méritée.

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