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L'Editorial

L’urgence du silence

Le monde s’effondre comme dirait Chinua Achebe; la planète tremble, tousse, éternue, étouffe et suffoque. L’humanité, affolée, est prise au piège et dans la tourmente inédite causée par la pandémie du coronavirus. À travers les cinq continents, les dirigeants font de leur mieux pour être à la hauteur de la menace et relever le défi. Rien ne leur est épargné: du sang, des larmes mais aussi de la sueur sans compter sur l’ingratitude, l’impatience, le mécontentement des peuples. Dans l’urgence et le feu de l’action, avec courage et détermination, aidés par un corps médical héroïque, ils doivent trouver des solutions et rassurer des populations de plus en plus en proie à la panique et à la psychose. Avec des marges d’erreurs très faibles. En ces temps troubles et difficiles, le pouvoir apparaît plus que jamais comme un sacerdoce plein de servitudes et de contraintes mais sans les honneurs et les privilèges.
Un peu partout, face à l’ennemi commun, des fronts unis se sont créés; l’union sacrée s’est imposée comme une évidence, ralliant dirigeants et opposants pour la même cause, sous la même bannière: la lutte contre ce fichu coronavirus. À défaut de tenir un discours identique et d’enterrer la hache de guerre, Pouvoirs et oppositions se donnent la main, taisent leurs querelles le temps de vaincre « l’ennemi public numéro un ». Aux grands maux, les grands remèdes! Encore faut-il avoir de bons médecins, autrement dit une classe politique consciente des enjeux.
Au Cameroun, « ce pays que vous ne pouvez comprendre que si l’on vous l’a mal expliqué » aux dires de certains, les choses ne sont pas aussi simples. Ceux-là justement qui s’acharnent à rendre les situations incompréhensibles et inintelligibles sont entrés en jeu pour faire ce qu’ils savent le mieux faire: la diversion, la distraction, la confusion, la polémique. Alors que dirigeants et autorités du pays, le président de la République en tête, sont au front pour combattre la pandémie, le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, véritable virus de la scène politique camerounaise depuis l’élection présidentielle de 2018, sort de son silence pour lancer des ultimatums et des oukases au Chef de l’Etat élu par le peuple camerounais, libre et souverain.
Si la situation n’était pas grave et tragique, on éclaterait de rire face à ce trouble de la personnalité qui vous fait prendre vos rêves pour de la réalité. Depuis qu’il a écrit son ouvrage intitulé « l’urgence de la pensée », Maurice KAMTO se prend sans doute pour un urgentiste voire un messie dans tous les domaines; surtout dans le domaine de la parole. Hélas, il n’est même plus titulaire du ministère de la parole. Résultat: il parle de tout à temps et à contretemps; il fait le buzz, du bruit pour rien. À l’heure du Covid-19, il parle dans le vide, il brasse de l’air. Il ne se rend pas compte que « la parole a beau être l’instrument premier du pouvoir », il est parfois urgent de se taire, de surcroît lorsqu’on n’a rien à dire. Vouloir ainsi politiser une crise sanitaire relève de la provocation, de l’inconscience, de la légèreté et de l’irresponsabilité. Plus qu’une erreur, il s’agit d’une faute à la fois morale et politique.
Paul BIYA doit-il absolument rompre le silence et se soumettre à l’ultimatum de KAMTO ? Que nenni! Le Président de la République à qui le peuple camerounais a librement confié son destin parle davantage à travers ses actes ainsi que les mesures et les instructions mises en œuvre par le gouvernement. Que les haut-parleurs le comprennent une fois pour toutes: le verbiage et la logorrhée ne remplaceront jamais les actes. Comme les images, un acte vaut parfois mille mots.
Les Camerounais savent gré au Président Paul BIYA de ne pas les abreuver de discours creux et démagogiques en cette période pleine d’incertitudes et d’angoisse. Tant qu’il agit, ils sont rassurés. Les parleurs peuvent continuer à pérorer, à bavasser et à jacasser. Autant en emporte le vent…

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