Les conseillers municipaux et les chefs traditionnels iront voter dans les chefs-lieux de département le 06 décembre 2020. Le gouvernement annonce des mesures draconiennes pour assurer le bon déroulement des opérations électorales.
Comme annoncé depuis le 9 février 2020, les conseils régionaux seront mis en place cette année au Cameroun. Le président de la République Paul Biya a en effet signé le décret y afférent lundi dernier. Il s’agit du décret n°2020/547 du 07 septembre 2020 portant convocation des collèges électoraux en vue de l’élection des conseillers régionaux. Conformément au Code électoral, lesdits collèges électoraux composés des conseillers municipaux et des chefs traditionnels choisiront les conseillers régionaux parmi les candidats issus des listes des délégués départementaux investies par les partis politiques et celles des représentants du commandement traditionnel, à raison de 70 par région pour les premiers et 20 pour les seconds. La répartition des conseillers régionaux par département et par catégorie a fait l’objet d’un décret du président de la République du 02 septembre dernier. Cette élection comporte de grands enjeux. Il s’agit d’abord de rendre enfin effectives les régions, ces nouvelles collectivités territoriales décentralisées (CTD) prévues par la constitution depuis 1996, et dont la mise en place a été regardée par de nombreuses contingences sociopolitiques et économiques. Toute chose qui contribuera à parachever le processus de décentralisation en cours au Cameroun, du moins du point de vue institutionnel. De grands bouleversements sont ainsi attendus tant dans l’organisation administrative du pays que dans le fonctionnement de ses institutions, l’Etat central devant connaitre une nouvelle cure d’amaigrissement avec l’entrée en scène de nouveaux acteurs. Il est également attendu du scrutin du 06 décembre prochain, que d’importantes résolutions du grand dialogue national de 2019 prennent corps. C’est le cas notamment du renforcement de l’autonomie des CTD, déjà perceptible à l’échelle des communes depuis l’entrée en fonction de leurs nouveaux exécutifs entre février et avril 2020, et surtout, de l’application du statut spécial reconnu par le code général desdites CTD au Nord-ouest et au Sud-ouest. La loi votée et promulguée fin 2019 reconnait en effet une large autonomie organisationnelle et fonctionnelle à ces deux régions, compte tenu de leurs spécificités historique, culturelle et linguistique. Elle leur a donc conféré des compétences spéciales en matière d’éducation ainsi que sur les plans judiciaire et d‘organisation des chefferies traditionnelles, entre autres. Les populations des régions anglophones devraient donc trouver leur compte dès l’entrée en fonction de leurs exécutifs. Ce qui mettra fin aux frustrations légitimes qu’elles ont exprimées, parfois de manière véhémente, au cours des quatre dernières années. Les autres grands enjeux de l’élection à venir seront certainement la participation des principales forces politiques du Cameroun et la sécurité avant, pendant et après les opérations électorales. Si le mot d’ordre de boycott du Mrc a très peu de chance d’être suivi, l’on observera avec une attention particulière l’attitude des élus locaux du Sdf. Conscient de sa disparition progressive de l’espace politique, le parti de Ni John Fru Ndi surfe sur la radicalisation et le chantage pour espérer reconquérir l’opinion.
Sur le plan sécuritaire enfin, le gouvernement entend sortir les muscles face à un éventuel mouvement insurrectionnel planifié par Maurice Kamto et ses affidés. Aucun désordre ne sera toléré, a averti Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale. Les « révolutionnaires » n’ont qu’à bien se tenir.
LONGiN CYRiLLE AVOMO