Balayer devant sa porte, évaluer ses forces, faire son autocritique: un peu plus de neuf mois après les élections municipales et législatives du 9 février 2020, le RDPC est de nouveau au front et sur le pont pour préparer les régionales du 6 décembre prochain. Fort des leçons du double scrutin du 9 février 2020, il se prépare activement en attendant le temps de la campagne qui sera l’occasion idéale pour répondre à ceux qui non seulement prônent le boycott, mais aussi veulent empêcher par tous les moyens la tenue du scrutin. Pour l’instant, le RDPC est occupé à balayer dans sa propre cour en choisissant ses candidats à cette importante échéance électorale qui vient parachever la mise en œuvre des institutions en charge de la décentralisation. Cet exercice de concurrence et de démocratie internes se révèle toujours bien plus rude, compliqué et délicat que l’adversité des partis de l’opposition. Raison pour laquelle le parti accorde un soin méticuleux à ces opérations préalables.
Dans cette optique, le Secrétaire général du comité central préside ce samedi la grande réunion de concertation avec les membres des commissions désignés à l’effet de conduire sur le terrain la présélection des candidats du Parti. Le document essentiel, la référence, la bible de toutes ces opérations c’est la circulaire du Président national qui détermine le cadre, donne les directives et les orientations générales, indique les instances opérationnelles, définit les critères de candidatures, etc. Du classique! Deux faits majeurs retiennent toutefois l’attention des observateurs: la volonté de la hiérarchie du Parti d’associer le maximum de militants au choix des candidats et la nécessité du partage des responsabilités en écartant de l’investiture ceux des militants exerçant déjà certains mandats ou fonctions.
1) – Les conseillers régionaux étant élus au suffrage indirect, le Parti a tenu à ce que le choix de ses candidats se fasse sur et par une base très large. Cette option se traduit concrètement par la composition de la commission départementale de réception et d’analyse des dossiers de candidatures où l’on retrouve aussi bien des membres du gouvernement, du comité central que des Bureaux nationaux des organisations spécialisées, des personnalités désignées par le secrétaire général, les Maires, les Présidents des sections RDPC, OFRDPC et OJRDPC, etc. Il n’est pas exclu que dans certains départements les membres de cette commission soient bien plus nombreux que ceux du collège électoral chargé d’élire les délégués des départements! En termes de recherche et de consolidation de la légitimité, on peut difficilement faire mieux.
2) – L’innovation majeure contenue dans cette circulaire est « cachée » dans les dispositions diverses et finales. On peut y lire cette phrase qui résonne comme une bombe et provoque chez certains des grincements de dents ou des applaudissements chez d’autres, c’est selon. « Au regard des options de partage qui participent de l’élargissement de la base du soutien au RDPC, écrit Paul BIYA, ne peuvent prétendre à l’investiture du Parti pour l’élection des Conseillers Régionaux les militantes et militants exerçant les fonctions ou les mandats de: membre du Gouvernement et assimilé, Président de Chambre Consulaire, Sénateur, Député, Conseiller Municipal. » On imagine les déceptions et les frustrations chez les concernés. Que d’ambitions brisées et de destins contrariés! Fallait-il pour autant laisser les conseillers municipaux élus il y a moins d’un an se ruer vers les Conseils régionaux au risque de fragiliser ou de vider les communes? Politiquement le signal aurait été mauvais et le Président national se devait d’y veiller.
Même si, ce faisant, le Parti se prive de ressources et de compétences qui auraient pu lui être utiles ainsi qu’aux populations au sein de ces Assemblées régionales, seul importe l’intérêt supérieur de la Famille RDPC. Le rassemblement est aussi synonyme de partage.