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L'Editorial

Certitudes et incertitudes :

Les députés de la Nation ont adopté la nuit dernière le projet de loi des Finances pour l’année 2012. 

 En attendant sa promulgation par le Président de la République, acte qui le rendra exécutoire, il n’est pas inutile de s’intéresser au contexte dans lequel ce budget est voté et celui qui prévaudra au moment où il sera exécuté.
Il n’échappe à personne que ce budget, chiffré en recettes et en dépenses à la somme de 2800 milliards de francs, sera le tout premier du nouveau septennat que le président Paul Biya a inauguré le 3 novembre 2011. Septennat des grandes réalisations, septennat de tous les espoirs, septennat de « rattrapage » – persiflent les mauvaises langues ; quelque soit son nom de baptême, ce mandat est particulier. En même temps qu’il charrie optimisme et espoir, il cristallise craintes et inquiétudes. Comment sera alors exécuté ce premier budget, indicateur chiffré de la volonté politique du chef de l’Etat d’impulser une nouvelle dynamique au Cameroun ? La question reste posée tant que n’est pas tranchée la question du choix des hommes chargés de mettre en œuvre le programme et d’exécuter le budget. En d’autres termes, la formation du nouveau gouvernement sera elle-même un indicateur « humain » de la manière dont sera exécutée la loi des Finances 2012. La nouvelle équipe qui arrivera aux commandes pourra-t-elle rompre avec certaines habitudes du passé, notamment le démarrage tardif de l’exécution du budget qui intervient généralement, bon an mal an, à partir du mois de mars ? A ces incertitudes liées aux anciennes habitudes et aux mauvaises attitudes mentales et comportementales des agents et responsables de l’administration, s’ajoute une autre, de taille : la crise financière internationale qui ressuscite le serpent de mer de la dévaluation du franc cfa. Rumeur ou intox ? Le ministre des Finances a donné des assurances à l’opinion publique que la dévaluation n’est pas à l’ordre du jour. Malgré tout, l’avenir de l’euro sera surveillé dans chaque pays de la zone cfa comme de l’huile sur le feu.
L’espoir demeure cependant de voir se réaliser le programme des grandes réalisations. Sur quoi se fonde un tel optimisme ? Il repose d’abord sur nos immenses ressources du sous-sol. Les récentes découvertes de fer et de pétrole en témoignent. L’espoir repose ensuite sur une notion : la crédibilité de l’Etat. Les citoyens camerounais font de plus en plus confiance à l’Etat. L’emprunt obligataire de l’année dernière a été un succès. Autre illustration : il y a une semaine le gouvernement a réussi à lever en quelques jours près de huit milliards de francs cfa à travers l’émission de bons du trésor. Cette mobilisation de l’épargne nationale pour financer le développement du pays constitue une voie non négligeable. En effet, le développement – et son financement – sera endogène ou ne sera pas. A cet égard, la décentralisation apparaît comme un véritable levier. A condition de vaincre les lenteurs, les pesanteurs et les goulots d’étranglement que certaines administrations se plaisent à créer et à entretenir pour retarder, fragiliser et dévoyer le processus. Il n’y aura pas d’un côté les vainqueurs et les perdants de la décentralisation. Le seul gagnant doit être le développement local et le bien être des populations. A la base comme au sommet de l’Etat et à tous les échelons intermédiaires, l’heure doit être plus que jamais à la solidarité pour l’avènement de la République exemplaire : tous pour un, un pour tous. 

Christophe MIEN ZOK

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