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L'Editorial

L’alchimie du pouvoir :

Le Cameroun a un nouveau gouvernement depuis le 9 décembre 2011. Il compte 37 ministres « pleins » comme chefs de départements, 8 ministres délégués, 4 ministres chargés de missions à la Présidence de la République et 10 secrétaires d’Etat. 

A ces 59 membres du gouvernement, il convient d’ajouter le Secrétaire Général de la présidence de la République et ses deux Adjoints, le Directeur du Cabinet civil et son Adjoint. Au total, le Cameroun compte 64 personnalités de rang ministériel, hormis les « assimilés ». Un chiffre qui ne plaide pas toujours pour l’efficacité et la performance. 
Qu’à cela ne tienne, c’est cette nouvelle équipe, d’ores et déjà appelée « Gouvernement des grandes Réalisations », qui doit accompagner le président de la République dans la mise en œuvre de son projet de société plébiscité par les Camerounais le 9 octobre 2011. C’est  le 34e remaniement ou réaménagement ministériel que Paul Biya effectue depuis son accession à la Magistrature suprême du Cameroun en 1982. A-t-il eu la main heureuse cette fois-ci ? Les hommes et les femmes choisis seront-ils à la hauteur des attentes des Camerounais ? Chacun d’eux, chacune d’elles est-il l’homme ou la femme qu’il faut à la place qu’il faut ? Difficile de répondre à toutes ces questions. Pour deux raisons au moins : la première tient au fait que la formation et la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale relèvent d’un acte essentiellement discrétionnaire ; la deuxième relève de ce que la performance d’une équipe s’apprécie moins à partir des compétences individuelles que de la dynamique collective. Comprenons-nous bien : il ne s’agit pas de minimiser l’équation personnelle ou de négliger le talent individuel de chaque ministre mais d’insister davantage sur le jeu collectif et l’esprit d’équipe. C’est la même rengaine au lendemain de chaque remaniement au Cameroun. Dans l’euphorie et l’allégresse, on croit déceler parmi les nouveaux venus les oiseaux et les perles rares. Les promus et les maintenus sont alors couverts d’éloges tandis que les sortants et les recalés sont plus ou moins trainés dans la boue et traités de tous les noms d’oiseaux. Leur avenir est pesé, soupesé, questionné, scruté. On leur prédit le pire. Jusqu’à leur retour en grâce et leur come-back fracassant quelques mois plus tard. C’est dire que les commentaires et les analyses post-remaniement relèvent parfois de simples supputations. Seul celui qui détient le pouvoir discrétionnaire de nomination connaît les raisons profondes de ses choix. Gardons nous par conséquent d’en rajouter. En tout état de cause, par-delà les mutations institutionnelles les permutations entre individus, et le jeu des chaises musicales auquel se livrent les hauts commis de l’Etat, ce qui est attendu de l’équipe gouvernementale c’est sa capacité de transmutation. Autrement dit, Philémon Yang et son équipe sont-ils capables, mieux que leurs devancières, de transformer le plomb de l’inertie, de la corruption, de la bureaucratie, des détournements, en or de la performance, de l’efficacité, de la prospérité et de la probité ? Sont-ils capables de transformer les vices consubstantiels à chaque gouvernement en vertus pour l’intérêt général et la morale publique ? Sont-ils en mesure de mettre l’Administration au pas et au service du public et du plus grand nombre ? La voilà, la véritable alchimie. Pour la réaliser, point de slogan, ni de formule magique ou occulte. L’Exécutif doit agir, oser, imaginer, inventer. « Il n’y a qu’une chose qui puisse rendre un rêve impossible. C’est la peur d’échouer ». Dixit Paulo Coelho dans son roman intitulé « L’alchimiste ». Plus que jamais, pour éviter l’échec, l’heure est à l’action. Post scriptum. Le secrétariat du Comité central du Rdpc a aussi connu une permutation vendredi 9 décembre. A la faveur d’une décision du président national, Jean Nkueté remplace René Sadi comme Secrétaire général. Ce changement s’inscrit dans la continuité car le nouveau Secrétaire général, vieux routier des arcanes de la direction du parti qu’il arpente depuis 1985, occupait jusqu’à sa nomination le poste de Secrétaire à l’emploi et aux affaires économiques. Promotion interne certes mais qui pourrait, vu le profil et le parcours du promu, infléchir l’action du parti en faveur des questions socio-économiques. Les militants et les Camerounais ne se plaindront pas de voir le Rdpc s’occuper davantage des questions de leur vie quotidienne. Ici également, la transmutation reste attendue. Bonnes et heureuses fêtes de fin d’année à toutes et à tous. Nos meilleurs vœux pour 2012. 

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