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L'Editorial

Carences, errances et errements :

Avec l’ouverture hier à Ngoa-Ekelle de la session de plein droit de l’Assemblée nationale, s’écrit l’une des dernières pages du double scrutin du 30 septembre 2013.

Quelques jours auparavant, les Conseils municipaux se pliaient aux mêmes exigences légales pour la mise en place des exécutifs municipaux. Rideau donc sur une échéance électorale qui aura tenu le Cameroun en haleine pendant des mois à l’instar de ces feuilletons à l’eau-de-rose tant prisés des téléspectatrices camerounaises.
Tout au long du processus, et de la part de tous les acteurs, quel déchainement de tensions et de passions ! Quel déferlement de haines et de peines ! Quel défoulement d’ambitions et de frustrations ! Le concert de pleurs et  l’ampleur des grincements de dents résonnent encore dans toutes les oreilles. Que de bile déversée et d’adrénaline secrétée ! Suspense, surprises et émotion garantis à chaque épisode. Et maintenant, tout est (presque) terminé. Il faut passer à la suite.A l’heure du bilan, les statistiques sont désormais connues : le RDPC remporte 148 sièges sur 180 à l’Assemblée, soit cinq de moins par rapport à la précédente législature. Il y sera accompagné par six autres formations politiques : SDF (18 sièges), UNDP (5), UDC (4), UPC (3) MDR (1) et MRC (1).
Au sein des Conseils municipaux, le RDPC raffle 305 communes sur les 360, soit sept de plus qu’en 2007. En conséquence, le RDPC reste le Parti majoritaire et conserve son leardership sur l’échiquier politique national. Il a plus que jamais les coudées franches pour la mise en œuvre du projet politique de Paul Biya basé sur les Grandes Réalisations en vue de l’Emergence du Cameroun.Et pourtant, un tel résultat, ample et sans bavure, n’était pas acquis d’avance au regard de nombreuses inconnues entourant le processus électoral : l’avènement de la biométrie, la détermination des partis politiques de l’opposition à battre et à abattre le RDPC .
La victoire est d’autant plus belle qu’elle vient sanctionner l’un des scrutins les mieux organisés et les plus transparents de l’histoire électorale du Cameroun contemporain. Pour autant, le RDPC ne succombera pas à la tentation facile, mais ô combien dangereuse, du triomphalisme et de la provocation. Au contraire, l’heure est la retenue et à une conscience accrue des responsabilités, des défis et des exigences du moment. La jubiliation, l’auto glorification et la forfanterie n’y ont pas de place. Comment transformer une victoire aussi nette en résultats et en actes concrets au service des populations, loin, très loin des ressentiments, au dessus, très au-dessus des frustrations et des déceptions des uns et des autres ? Comment mettre ce résultat électoral au service de la cohésion interne et du collectif pour la concrétisation des Grandes Réalisations ? Telles sont les questions que le RDPC, et au-delà, toute la classe politique, doivent se poser aujourd’hui, demain et pendant les cinq prochaines années.
Le 31ème anniversaire du Renouveau le 6 novembre prochain offre une première occasion de poser les jalons d’une telle réflexion.Toutefois cet état d’esprit proactif et prospectif ne se fera pas sans un regard rétrospectif sur les carences, les errances et les errements qui ont émaillé le processus électoral, toutes chapelles politiques confondues, avant, pendant et après le scrutin.- Pour des raisons largement expliquées et commentées en leur temps et après moult débats, le RDPC a opté pour les investitures comme mode de sélection de ses candidats aux législatives et municipales. Comme toute médaille, cette option avait ses revers. Le RDPC assume totalement ce choix en dépit de ses carences et des errements de certains de ses mandataires sur le terrain. Dans ce domaine, il n’y a pas de vérité absolue et l’actualité récente au SDF, au MRC, à l’UDC montre qu’aucun parti ne badine avec la discipline.
Malgré les critiques, justifiées pour certaines et excessives pour la plupart, les investitures ont permis d’augmenter la représentation féminine à l’Assemblée nationale. Elles étaient 24 en 2007-2013, elles seront 56 en 2013 dont 48 pour le RDPC ! A contrario, le nombre de femmes élues maires est en net recul. Elles étaient 26 en 2007, elles sont moins de quinze sur l’ensemble du territoire national, tous partis politiques confondus. La faute à qui ? Cherchez l’erreur.- Si le RDPC avait procédé aux investitures des exécutifs municipaux, le nombre de femmes-maires aurait sans doute augmenté. Le dire n’est pas le regretter mais assumer simplement une vérité cruelle certes mais une vérité tout de même. Les investitures ont des inconvénients, les primaires libres et ouvertes aussi ! – On n’a plus beaucoup entendu les chantres et les partisans des « primaires » à l’issue des procédures internes mises en place par le RDPC pour la sélection des candidats aux postes de Maires. Le Parti a choisi la voie des élections libres.
Le conseiller municipal désigné par consensus ou élu démocratiquement par le Groupe communal du RDPC devenait automatiquement le candidat unique, le candidat naturel. Mais, même lorsque ce processus s’est déroulé sans irrégularités, il s’est trouvé de mauvais perdants pour refuser le verdict des urnes. Certains de ces « indisciplinés » sont aujourd’hui Maires malgré leurs déclarations sur l’honneur et leur engagement à respecter les décisions et la ligne du Parti. Les promesses et les engagements ne lient que ceux qui y croient !
La plupart ont oublié que s’ils ont pu être candidats c’est parce que d’autres camarades, parfois plus méritants qu’eux, ont accepté de se plier à la discipline du Parti.Le SDF, l’UDC, le MRC ne sont pas à l’abri de ces carences collectives, de ces errances individuelles et de ces errements égoïstes. Chacun son tour chez le coiffeur. A présent, il incombe à chaque parti de gérer ces cas de dissidence, d’indiscipline et de déficit démocratique selon ses Textes et ses traditions. Dans tous les cas, les sanctions devraient être proportionnelles à la volonté d’usurper une ascension personnelle ou une promotion politique au détriment de l’intérêt général du Parti.

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