Site Web Officiel du Journal L'Action
Focus

L’ELYSÉE ACCUEILLE UN SOMMET POUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE : L’Afrique s’arme à Paris

Les organisateurs du sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique ont retenu trois thèmes pour meubler les échanges entre les différentes délégations.

Comme on pouvait s’y attendre, le plus important porte sur « La paix et la sécurité » dans le continent. En effet, de nombreux pays africains vivent actuellement des situations potentiellement explosives.
La République centrafricaine, au-devant de la scène depuis mars 2013 avec le renversement de François Bozizé par une rébellion hétéroclite formée presque totalement de mercenaires et autres bandits de grands chemin venus d’ailleurs, mobilise les pays de la Cemac et la communauté internationale, la France en tête, qui ne souhaitent pas voir un nouveau génocide se perpétrer sur le sol africain. Au nord du Nigeria, c’est la secte islamique Boko Haram qui sème la pagaille à travers attaques armées, bombes, enlèvements et assassinats.
En Somalie, les islamistes Shebab ne désarment pas et espèrent toujours arriver à imposer non pas un Etat islamiste comme ils le prétendent, mais un état de non droit, pour faire main-basse sur ce territoire idéalement situé dans la corne de l’Afrique. En Lybie, la chute du Guide, Mouammar Kadhafi a durablement précipité le pays dans le chaos. Là aussi, les mouvements terroristes en ont profité pour s’emparer de tonnes d’armement stratégique et de munitions, afin de soutenir et d’étendre à l’internationale, leur guerre idéologique.
Le Mali voisin en a fait les frais, lui qui sort tout juste d’une période de trouble et ne doit son salut qu’à l’intervention militaire de la France, avec l’opération Serval.Pour l’Elysée, il faut absolument lutter contre le terrorisme qui est la pierre angulaire de tous ces mouvements qui sèment la zizanie dans le continent. Et ceci passe par la création d’une force africaine de sécurité et d’action rapide. Les initiatives  africaines dans ce domaine-là, que ce soit au niveau continental, sous-régional ou à l’échelle de pays seront discutées au cours du sommet. Tout comme le sera la manière dont la France et le continent africain peuvent pousser ces initiatives dans d’autres cadres, notamment l’Onu ou l’Union européenne. Dans le viseur, l’indépendance militaire de l’Afrique dans la préservation de la sécurité sur son territoire. On l’a compris, la France ne veut plus être en première ligne, pour avoir été critiquée après les interventions en Lybie ou en Côte d’Ivoire. Elle est une fois de plus en première ligne au Mali et en RCA.
A Addis-Abeba, lors du cinquantenaire de l’Union africaine en mai 2013, François Hollande, le président français avait rappelé que « Ce sont les Africains qui, demain, devront assurer la sécurité de leur continent ». Il a à l’occasion soutenu que « La France fournira toujours son soutien en cas de besoin (…) Il y a une relation qui s’est établie, de confiance entre l’Afrique et la France, cela doit être maintenant prolongé par l’appui que la France va donner aux armées africaines pour qu’elles se défendent elles-mêmes, y compris contre le fléau du terrorisme. C’est pour leur sécurité, c’est également pour notre propre sûreté en Europe ». Pour ce faire, les Africains ne partent pas de rien, des mécanismes et instruments de défense existent au niveau de l’Union africaine (voir encadré). Il faudra les optimiser.Pour toutes ces raisons, le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-Moon, la présidente de la commission de l’Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, l’Union européenne, ou les Etats-Unis décident de prendre part aux travaux.
Ce d’autant que le sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique précède d’autres grands rendez-vous avec l’Afrique, notamment le conseil européen sur les questions de défense, le sommet Union européenne-Afrique et, pour la première fois le sommet Afrique-Etats-Unis.Economie et climat« Le partenariat économique et développement »  et  « Le changement climatique » sont les deux autres thématiques qui seront abordées dans les échanges. Car si le terrorisme fait aussi bien son lit dans le continent, c’est parce qu’il se nourrit de la misère des populations, jeunes pour la plupart, qui peinent à s’insérer durablement dans la vie active et se laissent par conséquent convaincre par des assoiffés de sang, des apôtres de l’apocalypse.
Il faut donc renforcer les initiatives économiques pour faciliter l’insertion de ces couches vulnérables et proposer les moyens d’augmenter les flux d’échanges dans les deux sens (flux humains, financiers, d’entreprises…). Et pour ce faire, il s’agira de « Travailler ensemble pour que la croissance du continent africain puisse être une croissance bénéfique à tous », indique un communiqué de l’Elysée.Sur le climat, la France est déjà dans la perspective du sommet de 2015 qu’elle doit abriter. Paris veut faire de l’Afrique « l’allié de choix » pour ce sommet sur le climat, parce qu’il y a de « fortes convergences » entre l’Europe et l’Afrique qui veulent ensemble convaincre les pays les plus réticents à avoir des résultats contraignants sur la question des changements climatiques.

William Pascal Balla, envoyé spécial à Paris

Articles liés