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L'Editorial

Un héritage en partage :

Le  Cameroun célèbre en ce mois de février 2014 à Buéa, au pied du Mont-Cameroun, le cinquantenaire de sa Réunification avec trois ans de différé.

Qu’importe : mieux vaut tard que jamais ! Le 1er octobre 1961 restera dans la mémoire collective comme l’une des grandes dates de la construction de la nation camerounaise, à l’instar du 1er janvier 1960, jour de l’indépendance, ou du 20 mai 1972, avènement de l’Etat unitaire, étape supplémentaire à la Réunification.Le 1er octobre 1961, le Cameroun occidental « sous mandat britannique » accède à l’indépendance et décide dans la foulée, de s’unir au « Cameroun oriental », sous tutelle française.
L’un des vœux les plus chers des nationalistes qui s’étaient battus pour l’indépendance était atteint. Le Cameroun était réunifié, les deux entités qui avaient été séparées artificiellement par les vicissitudes de l’histoire retrouvaient leur… unité naturelle. Dans tout voyage, ce sont les premiers pas qui comptent… Si le Cameroun indépendant et réunifié poursuit, paisiblement et pacifiquement, son voyage vers son destin cinquante ans plus tard, c’est grâce aux pionniers qui ont réclamé et obtenu, parfois au prix de leur sang, l’indépendance et la réunification.Les manifestations de Buéa constituent par conséquent un juste hommage à l’héritage que les pionniers et les pères fondateurs de la nation ont légué en partage à la postérité. Juché sur les flancs du Mont-Cameroun qui culmine à 4070 mètres d’altitude, Buéa offre, sur le plan géographique, une vue imprenable sur les 475 000 km du triangle national. « Monument », naturel et éternel, le Mont Fako symbolise la longue, lente et difficile ascension du Cameroun vers les sommets de l’intégration, de l’unité, de la paix, de la concorde, du développement et du progrès.
Dans cette ascension, tel un volcan en activité, le Cameroun n’a pas été épargné par les secousses sismiques, les mouvements telluriques. Heureusement de faible amplitude ! S’il y a eu des éruptions éphémères comme en 90 et 91 ou en 2008, le magma séparatiste n’en continue pas moins son activité bouillonnante et souterraine, porteuse de risques et de dangers multiformes. Sous la cendre et les laves, le feu couve toujours…Les célébrations de Buéa doivent donc servir à conjurer le mauvais sort et à magnifier ce qui  continue à unir, cinquante ans plus tard, les deux Cameroun, occidental et oriental. Cette quête mythique et mystique d’un mieux vivre, d’un mieux être ensemble entre Anglophones et Francophones, entre Camerounais, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest reste une asymptote et une ascèse. La courbe a beau être sinusoïdale, la trajectoire, elle, doit demeurer rectiligne. Une telle ambition exige courage, volonté et lucidité. Nous devons tendre vers cet objectif de toutes nos forces sans exclure les sacrifices. Avec comme point de mire à l’horizon, l’image et le symbole, la présence éternelle à la fois rassurante et menaçante du Mont-Cameroun sous nos cieux. Les habitants de Buéa savent à quel point cette présence, qui est loin d’être une simple allégorie, sait être capricieuse en fonction de la météorologie. Par mauvais temps, le char des dieux se perd souvent dans la brume et le brouillard. Lorsque les nuages se dissipent, la montagne réappparait aux regards, sombre masse drapée dans sa majesté, sa fierté et son immensité silencieuses.
Malgré ces cachotteries, le Mont-Cameroun n’est jamais loin, il est toujours là. Phare de nos aspirations, boussole de nos ambitions, étoile polaire de nos actions présentes et futures. Rendez-vous dans 50 ans pour la célébration des centenaires de l’Indépendance et de la Réunification.Après l’œuvre colossale et titanesque des pionniers, les héritiers d’aujourd’hui et de demain savent ce que l’on attend d’eux. Pour sa part, Paul Biya, digne héritier des pères fondateurs, inspirateur et organisateur des célébrations de Buéa, tient le flambeau avec fermeté. En effet, il  a su faire fructifier l’héritage qui lui a été légué : l’intégrité territoriale, la souveraineté nationale, la paix, l’unité ont été préservées. Il y a ajouté sa touche personnelle : la décentralisation, la démocratie, les libertés.A Buéa, il s’agit de raviver la flamme autour de ces acquis et ces valeurs qui, telles des lumières ou des lucioles, peuvent vaciller ou scintiller faiblement mais jamais, au grand jamais, ne doivent s’éteindre. La flamme de la Réunification, de l’Unité, de l’Intégration, doit continuer à briller, de jour comme de nuit, et dans les cœurs, pour éclairer le chemin de l’émergence pour un Cameroun éternel. Voilà le message de Buéa. C’est un appel à prendre de l’altitude et de la hauteur, à regarder plus loin, ensemble, si nous voulons être plus forts.      

CMZ

Christophe MIEN ZOK

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