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L'Editorial

Reconstruction contre normalisation :

Ce mois de novembre s’annonce décisif pour le football camerounais en cours de reconstruction. Dès samedi prochain, les Lions Indomptables peuvent décrocher leur qualification pour la prochaine coupe d’Afrique des Nations prévue en 2015.

Il leur suffira d’obtenir un match nul ou une victoire face à la République Démocratique du Congo au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. Une rencontre qui est loin d’être une simple formalité car, les Léopards de la RDC, galvanisés par leur victoire – surprise à Abidjan contre les Eléphants de Côte d’Ivoire, caressent également l’espoir de se qualifier. De là à battre les Lions Indomptables à domicile ! Il y a tout de même un fossé. D’autant plus que pour les Camerounais, absents des deux précédentes éditions de la CAN, la qualification confirmerait la reconstruction, la convalescence et la renaissance de leur football malade depuis bientôt une décennie. Si les Lions Indomptables l’emportent ou obtiennent un match nul face à la RDC ce samedi, leur déplacement en Côte d’Ivoire mercredi 19 novembre ne sera plus qu’une formalité puisqu’ils auront déjà leur billet en poche.
Une telle perspective doit naturellement surmotiver les candidats à l’élection du président de la Fédération camerounaise de football prévue le 29 novembre. Depuis le lancement du processus, les ambitions des prétendants se choquent et s’entre croisent. Ici et là des étincelles ne manquent pas de jaillir de ces chocs entre titans. Dans les ligues départementales et régionales, les opérations électorales sont caractérisées par des heurts et des incidents. Certains n’hésitent pas à parler de tripatouillages et de magouilles. Des mots que l’on croyait désormais exclus du vocabulaire et du lexique footballistiques au Cameroun. Manifestement, le code électoral conçu par le comité de normalisation est loin de faire l’unanimité. D’où les craintes des observateurs de voir les « vieux démons » hanter à nouveau la Fécafoot et au-delà, tout le football camerounais.
La question qui se pose dès lors est de savoir si la normalisation annoncée rime vraiment avec la reconstruction dont les résultats ont commencé à donner des fruits juteux et prometteurs sur le terrain. N’est-elle pas en avance sur la normalisation ? En effet une observation rigoureuse et une analyse minutieuses du football camerounais en ce mois de novembre laissent apparaître comme un hiatus dans son fonctionnement. Hiatus entre le terrain représenté par les joueurs et le staff technique et le « bureau » représenté par l’Administration, la Fecafoot notamment.
Au rythme où se déroulent les élections au sein des instances de cette Fédération, il y a tout lieu de craindre que la « normalisation » joue et marque des buts contre la reconstruction. La crainte peut paraître excessive et exagérée tant que le processus électoral n’est pas arrivé à son terme. Toutefois, à ce stade, rien ne présage et ne garantit la sérénité à la Fécafoot. Les trois derniers mois ont montré que la reconstruction du football camerounais passe davantage par les résultats sur le terrain que par les tractations et les manœuvres dans les bureaux. Or les batailles en cours pour les postes à la Fécafoot donnent plutôt l’impression que les uns et les autres se battent pour tout sauf pour le football. Il n’émerge jusqu’ici aucun projet digne de ce nom, ni programme sérieux, en adéquation avec les récentes mesures fortes prises par le Président de la République. Ces décisions font pourtant de la Fécafoot le principal responsable de la gestion des Lions indomptables. 
D’où vient-il alors que les tacles, les actes d’antijeu, les cafouillages et les contestations soient plus virulents dans les salons feutrés que sur les terrains ? Il serait dommage que la normalisation au sein de la Fécafoot ne puisse pas être au service de la reconstruction du football. Il serait surtout regrettable que la normalisation soit synonyme de validation et de banalisation de l’ordre ancien ou de perpétuation des mauvaises habitudes d’un passé qui refuse de…passer. Aujourd’hui, le football camerounais a plus besoin de bonnes combinaisons que de mauvaises combines.

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