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L'Editorial

De Kolofata à Kerawa :

Après Fotokol qui fut pendant des mois la cible privilégiée des assauts meurtriers des hordes barbares et hirsutes de Boko Haram, Kolofata et Kerawa sont à leur tour dans le collimateur sanglant et sanguinaire des auteurs des attentats-suicides.

En l’espace de quelques jours en effet, ces deux localités frontalières du Nigéria ont été endeuillées par les explosions perpétrées par des kamikazes. Le mode opératoire est généralement le même : sous la djellaba ou le pagne ample d’un(e) enfant, est dissimulée une ceinture d’explosifs qui attend le « meilleur » endroit pour être actionnée. Les dégâts, au moins psychologiques, sont impressionnants ; la panique, la psychose sont inoculées aux populations comme du venin.
Pour autant, malgré la fréquence et la cruauté aveugle de ces attentats, les Camerounais résistent ; les populations de la « ligne de front » plient mais ne rompent pas. Elles restent debout face au danger, elles font face à la terreur. L’armée camerounaise a tenu bon à Fotokol et à Achigachia. Les vaillantes et courageuses populations de Kerawa et de Fotokol ne cèderont pas à la psychose savamment orchestrée dans leurs localités.Kerawa, Fotokol… autant de noms, autant de symboles de la guerre abjecte, lâche et barbare que nous impose Boko Haram sous le couvert d’une idéologie obscurantiste, morbide et mortifère.Visées mais pas brisées ; martyrisées mais pas vaincues ; explosées mais résistantes, les populations de ces localités ne sont pas abandonnées à elles-mêmes. De gros efforts sont réalisés au plan national et sous-régional pour renforcer la sécurité dans cette zone. Malgré le triste bilan et le lourd tribut payé depuis le début du conflit, les populations de l’Extrême-Nord ont le soutien de tous les Camerounais. Kolofata n’est qu’une calamité passagère mais elle est loin d’être une fatalité. L’arme fatale qui anéantira la volonté de tout le peuple camerounais n’existe pas encore. 
Pendant que les bombes humaines de Boko Haram explosent à Kolofata et à Kerawa, de hordes de migrants victimes de l’Etat islamique au Moyen-Orient  envahissent l’Europe. Boko Haram, Daesch ou Etat Islamique : peu importe finalement la dénomination. Ce sont les facettes hideuses d’un même visage.
L’Europe se sent assiégée alors que certains Etats africains, le Cameroun, le Nigéria, le Tchad, le Niger en particulier sont la cible des kamikazes. Ces « explosions » ou déflagrations ont une cause commune : la mauvaise appréciation de la situation en Irak et en Libye qui a entrainé l’intervention hasardeuse des Forces occidentales. L’Europe et l’Afrique en paient aujourd’hui le prix. Il sera difficile aux uns et aux autres de traiter les effets sans examiner les causes profondes du mal. La solution sera globale ou ne sera pas.

Par Christophe Mien Zok

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