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L'Editorial

«Demain ne meurt jamais !» :

Bien malin et… devin celui qui, dès maintenant, peut se hasarder à faire un pronostic sur l’issue de la demi-finale de la Can 2017 qui opposera demain à Franceville au Gabon les Lions Indomptables du Cameroun aux Black Stars du Ghana.

La glorieuse incertitude du Sport en général et du football en particulier exhalera encore son doux et cruel parfum sur le sort de la rencontre. Mais quelle que soit l’issue du match, l’équipe nationale du Cameroun, à défaut du trophée, a déjà remporté une grande victoire : déjouer justement les pronostics. Il y a une douzaine de jours, nous écrivions dans ces mêmes colonnes : « Quelles sont les chances des Lions  de remporter le trophée ? A vrai dire, elles sont minces, même si l’on ne peut pas exclure la glorieuse incertitude du sport. Au moins les 23 joueurs sélectionnés auront à cœur de démontrer qu’ils méritent leur sélection et qu’ils ne sont pas de simples seconds couteaux. Une source de motivation et une belle revanche à prendre sur soi et sur tous les sceptiques ».   
Sur le terrain et à l’épreuve de la compétition, les poulains de Hugo Broos ont démontré qu’il ne faut pas vendre la peau du…Lion avant de l’avoir tué. Ce faisant, ils ont administré une magistrale leçon de modestie aux observateurs et aux détracteurs qui leur prédisaient le pire. Le meilleur n’est plus qu’à 180 minutes…
En attendant avec impatience, enthousiasme et espoir cette apothéose, les Lions Indomptables, philosophes à leurs heures perdues, ont dû s’inspirer de cette citation de Tocqueville : « chaque génération est un peuple nouveau, c’est à vous de décider quel peuple vous voulez être ». La génération de Moukandjo, de Ondoua et de Bassogog a décidé de faire preuve d’humilité, de combativité et de solidarité. Leur devise pourrait être : « Tous pour un, un pour tous ». En d’autres termes, au sein de cette nouvelle cuvée des    Lions Indomptables constitués de joueurs anonymes voire besogneux, la star c’est l’équipe et non quelques individualités. On leur souhaite d’aller jusqu’au bout de leur rêve dès demain en éliminant le Ghana et dimanche en remportant le trophée. Quel magnifique contre-pied à leurs multiples « adversaires », aux sceptiques et contempteurs à l’intérieur de la tanière et au-delà !
La morale de ce conte de fée que nous vivons en direct ? Elle s’inspire du titre d’un film du célèbre James Bond, « agent 007 » : « demain ne meurt jamais ». Malgré les performances en dents de scie des dernières générations des Lions Indomptables depuis plus d’une décennie, la bande à Moukandjo continue à entretenir le rêve et à faire fructifier l’héritage que leur ont légué leurs devanciers. Du rêve à la réalité… il n’y a plus que deux matches et deux… marches à gravir.
« Demain ne meurt jamais » est également synonyme d’une expression tout aussi célèbre – « un Lion ne meurt jamais : il dort » – qui avait fleuri et connu son heure de gloire aux obsèques de Marc-Vivien Foe.
Au-delà du football et à quelques jours de la Fête de la jeunesse, il est permis de reprendre cette belle formule pour l’appliquer à la politique. Le 11 février 1961, date du plébiscite au Cameroun occidental pour ou contre le rattachement à la « République du Cameroun », les pères Fondateurs pensaient plus à demain qu’à autre chose. Leurs successeurs ont mis leurs pas dans leurs traces pour améliorer ce legs. Chaque acte posé l’a été en pensant aux générations futures avec pour leitmotiv ; demain ne doit pas mourir. La Fédération, la Réunification, l’unification, l’intégration en sont les principales étapes. Ce marathon intemporel qui transcende les contextes difficiles et les conjonctures négatives doit se poursuivre, chaque génération passant le témoin à la suivante. Celle d’aujourd’hui s’attèle à son tour à préparer la relève pour que demain ne meure jamais. Telle est la vérité. Telle est la réalité du terrain. Or, en football comme en politique, le terrain ne ment pas. Les Lions, à l’instar des diamants, sont éternels parce qu’ils croient à cette réalité du terrain.
Nos rêves de pérennité, d’éternité, de prospérité et de victoires,  comme nation, reposent sur notre unité et notre volonté de vivre ensemble. Gardons-nous d’insulter l’avenir. Privilégions le collectif au détriment de l’individualisme et des particularismes. Demain ne mourra jamais tant que les acquis d’hier sont solides, indestructibles et inoubliables.

Christophe MIEN ZOK

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