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L'Editorial

La saison des surenchères :

La saison des pluies est de retour. Et cela se voit. Dans la forêt ou dans la savane, l’herbe est à nouveau fraîche, verte et tendre. 

Au grand bonheur des petits et grands ruminants et autres herbivores. Mais aussi des reptiles et des fauves carnivores, qu’ils soient grands ou petits. Ainsi fonctionne la chaine alimentaire, selon la bonne vieille loi de Darwin. Dans le microcosme politique camerounais, dont les règles de fonctionnement s’apparentent, mutatis mutandis, à celles de la jungle, le retour de la saison des pluies annonce en quelque sorte la campagne électorale.
A cet égard, l’année 2018 devrait être une cuvée très riche avec, en principe, quatre scrutins annoncés : la présidentielle, les sénatoriales, les législatives et les municipales. A un an de ces échéances certaines et pas du tout lointaines, il y a des raisons objectives pour que la scène politique s’anime. Tels des oiseaux de la basse cour ou la faune de la forêt, les acteurs s’agitent, s’étirent, s’ébrouent et s’échauffent. Les intermittents du spectacle politique sont de retour. Ceux qui étaient en hibernation depuis les dernières échéances, affamés comme des loups, sortent de leur tanière à la recherche d’air et d’une proie facile. A défaut de grandes œuvres à mettre à leur bilan, ils ont commencé les grandes manœuvres.
A coup de surenchère, d’oukases et d’ultimatums, ils veulent se rappeler au bon souvenir des populations et des électeurs. Grand bien leur fasse ! Mais il est à craindre qu’ils soient plus cigales que fourmis car, ayant passé tout le temps à chanter, ils n’ont ni vision à proposer ni «provision» à offrir. Même leur petite musique devient désagréable à l’oreille :

Ainsi de ces mises en garde d’un parti politique contre toute modification du calendrier électoral de l’année prochaine. En voulant aller plus vite que la musique, ils se livrent à des procès d’intention aussi injustes qu’inutiles contre les institutions et ceux qui les incarnent. Le calendrier électoral du Cameroun est connu et rien, à cette date, n’indique qu’il fera l’objet de modifications.
Ainsi de quelques agitateurs prétendument membres de la diaspora et qui n’ont pour seule activité connue que d’aller faire du bruit dans le voisinage d’un hôtel suisse où le « Président Paul Biya aurait ses habitudes ». pour tenter de justifier leur statut d’exilé ou d’opposant politiques, ils se livrent à une mascarade de sit-in qui ne peut tromper que les plus naïfs. Ridicule et grotesque !
Ainsi enfin de ces mouvements de grève annoncés et de ces revendications catégorielles et socioprofessionnelles qui prolifèrent un peu partout depuis quelques temps. Après les avocats et les enseignants, l’on annonce les médecins. Même si ces foyers de tension sont dus en grande partie à l’inertie, à la bureaucratie et à la procrastination congénitales de l’Administration camerounaise, difficile de ne pas faire un lien entre ces remous et les prochaines échéances électorales.

 
En tout état de cause, à la faveur du retour des pluies, synonyme d’échéances électorales annoncées, toute la prairie sera bientôt verte et l’herbe tendre. Les chèvres sont donc au rendez-vous pour brouter dans tous les sens. Une fois de plus tous les regards sont tournés vers le Berger, c’est-à-dire le Président de la République, pour mettre de l’ordre dans le troupeau. Et si pour une fois, chacun faisait enfin son travail pour que tout ne remonte pas jusqu’à Lui ? La surenchère des uns ne peut exonérer ni justifier le ponce-pilatisme et le laxisme des autres.

CMZ

Christophe MIEN ZOK

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