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L'Editorial

De la responsabilité à la culpabilité :

Les principales conclusions, mesures et recommandations consécutives à l’accident ferroviaire d’Eséka sont connues depuis la semaine dernière.

Le 23 mai, le Secrétaire général de la Présidence de la République a publié un communiqué inspiré de l’exploitation du rapport de la Commission d’Enquête créée le 25 octobre 2016 et placée sous l’autorité du Premier ministre, chef du Gouvernement. Ces résultats étaient attendus avec impatience. Leur publication aurait dû par conséquent mettre un terme à la polémique entretenue depuis plusieurs mois. Que non ! La polémique semble être repartie de plus belle. Comme si le sang des 79 morts et des 600 blessés ne suffisait pas pour étancher la soif des charognards et des vautours qui tournaient au-dessus de la scène de la catastrophe d’Eséka. Or le président de la République a pris en considération les aspects les plus sensibles de la situation afin d’y apporter des réponses et des solutions pertinentes, à court, moyen et long termes.
1 – Le devoir de vérité :
Le repos des âmes des défunts, le soulagement des souffrances des blessés et des survivants ainsi que l’apaisement des familles et de la communauté nationale commencent par le devoir de vérité sur les causes de l’accident. De ce point de vue, le communiqué du Secrétaire général est clair et sans équivoque : « la Commission d’enquête a établi la responsabilité, à titre principal, du transporteur Camrail dans le déraillement du train Intercity n° 152 ». Et de détailler les principales anomalies techniques ainsi que les défaillances managériales : vitesse excessive, surcharge du convoi, système de freinage défectueux, rallonge inappropriée de la rame, refus de prise en considération par la hiérarchie des réserves émises par le conducteur, etc. Cet effort de transparence ne ressuscitera certes pas les morts ou ne ramènera pas les disparus, mais il contribue à préparer le terrain de l’apaisement de la conciliation, de la réconciliation et de la réparation du préjudice.
2 – Le principe de prévention et de précaution : 
« A quelque chose malheur est bon ». Si un homme averti en vaut deux, une nation meurtrie et traumatisée prend des dispositions pour tirer des leçons d’un tel drame car prévenir vaut mieux que guérir. Outre les mesures attendues et réclamées pour la relecture du contrat entre Camrail et l’Etat, le président de la République a prescrit « le renforcement de l’action des services de l’Etat en matière d’organisation des opérations de secours en cas de survenance d’une catastrophe pour une plus grande réactivité ; une plus grande cohérence et une plus grande fluidité, en vue d’une meilleure prise en charge  des victimes ». De même, il a été décidé de renforcer le dispositif national de prévention et de gestion des catastrophes et risques majeurs.
3 – Le devoir de solidarité et de mémoire
Il se manifeste à travers la décision du chef de l’Etat de débloquer un milliard de francs pour une assistance complémentaire à verser aux victimes et à leurs ayants-droit d’une part et la construction d’une stèle du souvenir à Eséka pour la commémoration de cette tragédie d’autre part.
4 – Des sanctions
Le communiqué du Secrétaire Général de la présidence de la République n’occulte pas cet aspect, sans doute le plus attendu par l’opinion publique. Deux types de sanctions sont évoquées :
Sur le plan administratif à « l’encontre des responsables dont l’implication dans l’accident est reconnue dans le rapport d’enquête ».
Sur le plan judiciaire à travers la transmission à la justice du rapport d’enquête pour qu’elle en tire toutes les conséquences de droit.En tout état de cause, fidèle à l’engagement solennel pris le 31 décembre dans son message de fin d’année à la Nation, Paul Biya a tiré toutes les conséquences de la catastrophe ferroviaire d’Eséka. La promesse est respectée ; la vérité a éclaté. Les responsabilités ont commencé à être établies et des mesures prises à titre répressif et préventif. Si elles doivent en plus déboucher sur la culpabilité des mis en cause, seule la justice le dira. Et que les concernés assument. Au nom de la gouvernance. Au nom de la transparence. Au nom de la reddition des comptes. Mais aussi au nom de la morale et de la loi.

cmz

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