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L'Editorial

Une CAN sucrée-salée :

Les grands peuples – et les grands dirigeants – se mesurent à leur capacité à relever de grands défis.

Depuis la semaine dernière, le Cameroun, à qui la CAF (Confédération Africaine de Football) avait confié en 2014, l’organisation de la CAN 2019 avec 16 sélections, sait que le propriétaire de la compétition a décidé d’augmenter le nombre d’équipes de 16 à 24 ! Par ailleurs, le tournoi ne se déroulera plus en janvier-février mais en juin-juillet.
Intervenant trois mois seulement après la victoire du Malgache Ahmad Ahmad à la tête de la Confédération au détriment du Camerounais Issa Hayatou qui y avait «régné» pendant 28 ans, ces décisions alimentent les thèses conspirationnistes et complotistes. Les uns n’hésitent pas à parler de tacle irrégulier, d’actes d’anti-jeu pour punir ou humilier le Cameroun. Pour quel crime ou délit ? Peu importe. D’autres versent dans le catastrophisme et estiment, au regard de ces nouvelles contraintes, du contexte économique et de la conjoncture financière moroses, que le Cameroun ne sera pas en mesure de respecter le cahier de charges de la CAF et d’honorer ses engagements. Or, les grands peuples et les grands dirigeants se mesurent à leur capacité à relever de grands défis.
Trêve de complaintes, de lamentations et d’accusations ! Complot ou pas, conspiration ou non ; acte d’anti-jeu ou pas, tâcle irrégulier ou non, la CAF vient de lancer un défi au Cameroun. Sommes-nous capables de le relever ? Telle est la seule question pertinente, décisive et essentielle en ce moment. Le reste relève de la diversion, de la distraction, de la dispersion voire de la déperdition des énergies. Une fois évacuées toutes les considérations polémistes et subjectives, examinons avec lucidité les principaux contours de la question.
– Deux ans avant le coup d’envoi de la compétition, la CAF demande au Cameroun d’organiser non plus une compétition à 16 mais à 24 équipes aux mois de juin-juillet.
– Quelles sont les implications et les contraintes pratiques de ce changement ?
– Sur le plan temporel, on dispose de trois à six mois supplémentaires. Si les infrastructures doivent être livrées trois mois au plus tard avant le début de la compétition, cela signifie qu’il nous reste 20 mois pour respecter les délais.
– Sur le plan technique, le passage de 16 à 24 équipes fait passer le nombre de sites – et de stades de compétitions – de 4 à 6, sans compter les terrains d’entrainement. A ces infrastructures sportives, il convient d’ajouter les voies de communication, aériennes et terrestres, notamment, les hôtels, les hôpitaux, les télécommunications, les transports, la logistique. Et la liste est loin d’être exhaustive. 
– La question de confiance prend plus de relief après cette énumération : le Cameroun est-il capable de relever un tel défi ? Malgré nos défauts connus et reconnus dans le domaine de la procrastination, de l’improvisation et de la bureaucratie, nous répondrons à cette question par l’affirmative. Pourquoi ? Parce que «le Cameroun, c’est le Cameroun» comme dirait Paul Biya. Et puis l’honneur d’un pays et d’un peuple piqué au vif n’a pas de prix. Pour notre fierté, notre orgueil, notre honneur, nous devons être en mesure de relever ce défi.
Certes, la note de cette CAN risque d’être salée si nous nous complaisons dans nos mauvaises habitudes pendant la phase des préparatifs. Mais il nous appartient également de faire en sorte que les fruits aient un goût sucré en termes de retombées. Ne faisons donc pas la fine bouche ! Retroussons les manches ! Mettons les bouchées doubles ! On a bien réussi à relever des paris similaires par le passé même si la CAN 2019 semble être un os manifestement plus dur à croquer. En tout cas, impossible n’est pas camerounais ! 

Par Christophe Mien Zok

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