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L'Editorial

Du tombeau au berceau :

Que retenir de l’actualité des sept derniers jours? Entre la visite d’Etat de Paul BIYA en Chine, les deuxièmes élections sénatoriales du Cameroun et l’accélération de l’opération Épervier

il y a assez de matière pour retenir l’attention des observateurs et des commentateurs. 
Que dire de la visite de Paul BIYA en Chine? Le Président camerounais a joué son rôle de VRP  de luxe. Il a fait sa part. Comme d’habitude. Non seulement ce sixième voyage dans l’Empire du Milieu a permis de consolider la coopération entre les deux pays, mais il se solde également par des retombées concrètes et positives à travers les différents accords signés par les deux parties. Les différentes administrations concernées devront maintenant faire le suivi pour que les fruits tiennent rapidement la promesse des fleurs. Outre le rayonnement international du Cameroun, ce déploiement diplomatique du Président de la République obéit à un objectif fondamental: contribuer, avec l’appui des partenaires au développement et des amis du Cameroun, à la prospérité du pays. Ces efforts sont malheureusement annihilés par des  pratiques de corruption et d’atteinte à la fortune publique qui ont gangrené l’administration camerounaise depuis des années. Pratiques que ne parviennent pas à stopper et à éradiquer les discours, les slogans, les campagnes de sensibilisation et les sanctions. L’opération Épervier, qui est montée de plusieurs crans depuis 2006, constitue en principe l’arme de dissuasion massive dans la panoplie mise en place par les pouvoirs publics pour endiguer le fléau. Elle est entrée  dans une nouvelle phase depuis quelques jours avec l’interpellation et la mise en détention d’une demi-douzaine de personnalités. Pour s’être éloignées du berceau originel et du biberon idéologique du Renouveau fait à base de Rigueur et de Moralisation, toutes ces personnalités victimes de l’opération Épervier ont creusé leur propre tombeau. 
 
Quant aux élections sénatoriales du 25 mars, si l’on s’en tient aux tendances qui circulent, elles pourraient dégager une grande leçon: la grande et large victoire du RDPC sauf dans le Nord-ouest. On ne manquera pas néanmoins de faire remarquer que lorsque le RDPC perd, ses adversaires embouchent les trompettes de la démocratie et que lorsqu’il gagne les mêmes crient à la fraude, à la tricherie et à l’achat des consciences. Là n’est pas le débat. En attendant, les tendances dans le Nord-ouest sont la preuve supplémentaire de la rupture de plus en plus consommée entre le RDPC et cette Région dont Bamenda, le chef-lieu, est pourtant le berceau. Le berceau serait-il en train de se transformer en tombeau? Que s’est-il passé? 
 
Répondre à ces questions c’est reconnaître un principe général : chaque fois que dans la vie et dans le feu de l’action l’on s’écarte sans raison  des objectifs fondamentaux et initiaux  on court à sa perte. C’est encore plus vrai en politique. De la quête de la prospérité à la mise en œuvre de la rigueur et de la moralisation en passant par la rupture avec le Nord-ouest, le RDPC doit s’interroger. Il doit chercher à comprendre pourquoi, à chaque fois, le  berceau de ses rêves a tendance à devenir le tombeau de ses cauchemars. Un retour aux sources, à la matrice des origines serait sans doute indiqué pour stopper cette spirale. En cette semaine sainte, en politique comme en religion, la résurrection est sans doute possible. À condition d’avoir la foi chevillée au corps et de rester fidèle au credo initial; en pensées, en paroles et surtout en actions. Sans omissions ni compromissions. 

Christophe MIEN ZOK

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