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L'Editorial

Défaite morale :

Il faut bien accepter l’inacceptable, admettre l’inadmissible, nommer l’innommable:sept(07)militaires camerounais ont été identifiés et mis aux arrêts car ils sont soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre de sang-froid de deux femmes et deux bébés dans la Région de l’Extrême-Nord.

Les images de cet acte barbare avaient fait l’objet d’une vidéo virale abondamment relayée par les réseaux sociaux et dont la diffusion avait provoqué la polémique et la controverse au-delà de nos frontières. En effet, les autorités du Mali avaient dû se fendre d’un communiqué pour défendre l’honneur des éléments de leurs forces armées un temps accusés d’être les auteurs de cet acte abominable. 
 
L’armée malienne est donc hors de cause. Son honneur est sauf. Par contre, à cause du comportement indigne de quelques éléments égarés, l’opprobre, le déshonneur et l’ignominie éclaboussent l’armée camerounaise. Après avoir, dans un premier temps, nié de bonne foi les faits, les autorités camerounaises ont dû se soumettre à l’évidence de la vérité implacable. D’où le communiqué du gouvernement qui annonce l’ouverture d’une procédure contre sept militaires même si ces derniers bénéficient à ce stade de la présomption d’innocence.  Une faute avouée est à moitié pardonnée… 
 
Cependant, l’étonnement, la stupéfaction, l’indignation et les condamnations des âmes sensibles sont amplement justifiés. Ils sont surtout proportionnels au respect, à l’admiration et à la gratitude des Camerounais pour leurs forces de défense. Cette armée se bat depuis plusieurs années avec bravoure et abnégation sur plusieurs fronts pour défendre l’intégrité du territoire national et protéger les personnes ainsi que leurs biens. Malgré quelques écarts de comportement rapidement sanctionnés par la hiérarchie, le lien entre le peuple, la Nation et son armée reste pourtant  très solide. 
 
L’incompréhension et l’indignation des citoyens n’en sont que plus grandes de constater que des éléments de cette même Armée républicaine, loyale et proche de son peuple puissent ainsi de sang-froid abattre des femmes et leurs bébés innocents. Il n’y a pas de guerre propre mais rien ne justifiait ce meurtre et cette mise en scène filmée par les caméras de Smartphones. L’armée est au service du peuple; elle est là pour protéger la veuve et l’orphelin. En aucune circonstance, les règles d’engagement ne permettent pas qu’un militaire abatte une femme et son bébé sans défense. 
 
Si l’Etat a le monopole de la violence légitime, ceux et celles qui ont la charge d’assurer sa défense doivent se garder de sombrer dans la barbarie et la folie meurtrière des criminels, des terroristes et des hors-la-loi qu’ils sont censés combattre. Les « hommes en tenue » devraient avoir une…  tenue morale, mentale et comportementale exemplaire. 
 
À travers ce communiqué qui sonne et résonne comme un aveu, le gouvernement fait un premier pas vers la justice et l’administration de sanctions exemplaires aux mis en cause. Puisse cet exemple aider à la prévention de tels actes à l’avenir. La bêtise humaine, la barbarie et la folie meurtrière ne s’arrêteront pas pour autant. Ces dérives et ces crimes sont condamnables d’où qu’ils viennent. C’est valable pour les sept militaires interpellés, c’est valable pour ceux qui ont enlevé et tué un Chef traditionnel le week-end dernier à Ekondotiti. Chaque goutte de sang versé ou chaque vie d’un civil innocent qui tombe au cours d’une guerre est une défaite morale tant  pour les militaires que pour leurs adversaires. Cette bataille perdue n’efface certes pas les guerres et les victoires remportées par  notre armée mais elle laisse des traces, des cicatrices et des taches indélébiles.

Christophe MIEN ZOK

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