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L'Editorial

Cap sur 2021 :

Le coup de sifflet final a retenti vendredi dernier au Caire en Égypte sur la 32e phase finale de la Coupe d’Afrique des nations de football avec le sacre de l’Algérie aux dépens du Sénégal.

Les yeux sont maintenant rivés sur le Cameroun qui doit abriter la prochaine édition prévue en 2021. Le compte à rebours est dès lors lancé pour ce qui ressemble à un examen de rattrapage pour notre pays qui aurait dû accueillir l’édition 2019. Cinq fois déjà vainqueur de la compétition à l’extérieur, le Cameroun visera naturellement un sixième titre à domicile. Ce qui peut expliquer le limogeage du staff technique après l’expédition ratée de la CAN égyptienne. Deux ans ne seront pas de trop pour préparer une équipe performante et compétitive. Cette ambition et cette quête de victoires sportives sont sans doute légitimes mais le Cameroun est surtout attendu sur un tout autre terrain, notamment celui de l’organisation et de sa capacité à relever le défi de la comparaison avec l’Egypte qui, en cinq mois seulement, a réussi son pari sur tous les plans, hormis celui de l’affluence dans les stades. Même au pays des pharaons, on n’atteint pas les sommets des pyramides à tous les coups. 
 
À partir de maintenant, les observateurs, à l’intérieur et à l’extérieur, vont suivre à la loupe l’évolution des préparatifs de l’événement dans notre pays. Après le glissement amer   de 2019, il n’est pas exagéré de dire que le pays des Lions indomptables n’aura plus droit à l’erreur au risque de revêtir un ridicule costume taillé sur mesure dans la laine de la honte et le coton de l’humiliation. Pour se donner bonne conscience, les « nés-avant-la-honte » rétorqueront bien sûr que le ridicule n’a jamais tué un individu encore moins un Etat. Ils auront sans doute raison pour la forme mais au fond ils auront tort d’avoir oublié qu’il y a des hontes pires que la mort. 
 
Le Cameroun ne devrait pas se limiter à un tel choix cornélien. Il doit à présent se donner les moyens intellectuels, humains, matériels et financiers pour atteindre son objectif d’offrir à la jeunesse sportive africaine une compétition digne de ce nom avec des infrastructures de qualité et aux normes internationales. L’organisation l’année prochaine du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) constituera à cet égard un bon galop d’essai et un excellent test de capacité pour effectuer tous les réglages possibles. Pour le CHAN comme pour la CAN, l’objectif sera toujours double: organisationnel et sportif. Si le résultat sur le terrain dépend de la glorieuse incertitude du sport, le défi de l’organisation dépend de nous et de nous seulement. Quoi qu’il en soit, et n’en déplaise aux chauvinistes de tous bords et aux adeptes des victoires sportives à tout prix, le choix sera vite fait entre une compétition ratée en termes de résultats sur le terrain et une organisation approximative. Les Lions indomptables du football ont déjà un palmarès sportif bien étoffé. Le Cameroun lui aussi veut gagner ses lettres de noblesse en matière d’organisation de grands événements.
 
 
Pour y parvenir, nous devons nous méfier de l’illusion de l’éphémère et du mirage du court terme qui semblent désormais constituer notre horizon immédiat. Les événements de ces derniers jours illustrent à merveille cette crainte. L’illusion de l’éphémère c’est toutes ces énergies négatives et ces moyens colossaux dépensés en pure perte pour faire partir le président Biya, élu légitime du peuple camerounais. Le court terme c’est tous ces efforts vains déployés pour empêcher la tenue du meeting du RDPC à Bafoussam samedi dernier. L’illusion c’est ces aventures sécessionnistes sans lendemain. Le mirage c’est toutes ces formes hideuses d’expression du tribalisme et ces appels à la haine et au génocide. Le mirage aux alouettes c’est de penser et de croire que lorsqu’on aura détruit le Cameroun pour « chasser » BIYA et sa « clique », un autre pays paradisiaque sortira de terre sur un coup de baguette magique, avec des habitants aux mentalités subitement métamorphosées en bien. Le rêve est permis. Pourvu qu’il ne devienne pas un cauchemar. Pour l’instant, le rêve et le vœu de tout Camerounais digne de ce nom sont de voir notre pays prendre la direction et réunir les conditions en vue de l’organisation d’une bonne CAN dans deux ans. Ce défi peut être relevé à condition de jouer collectivement et de retrouver la cohésion sur tous les plans. 2021, c’est déjà demain.

Christophe MIEN ZOK

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