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L'Editorial

La guerre de l’école :

S’il y a un secteur affecté et perturbé par la situation qui prévaut dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, c’est bien celui de l’éducation.

Depuis le début de la crise, l’école est au centre de tous les enjeux et au cœur de nombreuses convoitises. Voilà pourquoi les premiers mots d’ordre de grève et de boycott ont toujours visé le secteur de l’éducation. Lorsque les enseignants et les parents les bravaient, les instigateurs du mouvement séparatiste s’en prenaient aux élèves. La communauté éducative a ainsi payé le plus lourd tribut lors des troubles qui secouent ces deux régions. Agressions, enlèvements, sévices corporels, meurtres, assassinats: rien n’a été épargné aux parents, élèves et enseignants « récalcitrants ». Les âmes sensibles et les naïfs qui avaient la faiblesse de penser et de croire que l’école devait absolument rester à l’abri de la folie furieuse et de la barbarie n’en reviennent toujours pas. 
 
Ainsi va le secteur de l’éducation dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest depuis trois ans. À la détermination des pouvoirs publics à garantir la sécurité aux parents, aux élèves et aux enseignants et à assurer le bon fonctionnement des établissements scolaires, les initiateurs des troubles ont toujours opposé une fin de non-recevoir et une volonté tout aussi inébranlable de perturber ce secteur. Il faut pourtant bien croire que toute chose a une fin. 
 
Alors que les Camerounais expriment chacun à sa manière leur impatience par rapport au dialogue annoncé et destiné à poser les jalons d’une sortie de crise, des voix s’élèvent de plus en plus dans ces deux régions pour appeler à une rentrée des classes dans la sérénité et la sécurité. Le courage et la lucidité qui transparaît de ces prises de position sont louables et salutaires. Les arguments avancés ne manquent pas de pertinence non plus. Ainsi a-t-on pu lire ou entendre ici et là des parents lancer un défi aux partisans du boycott, installés pour la plupart à l’étranger comme chacun sait, en leur demandant, par « solidarité », de ne pas envoyer leurs propres enfants à l’école dans leurs pays d’accueil respectifs. Faites ce que je dis…
 
On imagine bien le dialogue de sourds entre les donneurs d’ordre installés hors du Cameroun et dont les enfants poursuivent une scolarité sans encombre et les parents du cru dont la progéniture sert de cobaye aux mots d’ordre de boycott proférés par les premiers. On imagine surtout que cette situation prépare le lit des prochaines injustices dans la future république imaginaire et paradisiaque puisque ceux qui ont respecté et appliqué aveuglément les mots d’ordre de boycott de l’école sont appelés à devenir les serviteurs et les esclaves de ceux qui allaient à l’école. Ce discours rencontre un écho de plus en plus favorable sur le terrain et il est aisé de constater que les mentalités changent. 
 
Est-ce pour autant suffisant pour garantir une rentrée scolaire en toute sérénité en septembre prochain? Pas si sûr! D’autant que certains politiciens en panne d’inspiration croient devoir y ajouter leur grain de sel en demandant qu’on ne mette pas la charrue avant les bœufs. Autrement dit, le préalable à la reprise de l’école devrait être la résolution de la crise dans sa globalité. L’argument est logique à première vue mais il est également quelque peu spécieux. En effet, qu’est-ce qui nous empêche de décréter la sanctuarisation de l’école? Rien, ni personne. Tout le monde peut se mettre d’accord pour décider que l’école est intouchable et en dehors du conflit en attendant le règlement définitif de la crise. Il s’agit d’une question de bon sens, de logique et de volonté. L’école et la communauté éducative ne doivent pas devenir les otages de cette sale guerre initiée et menée par des égarés. Il y va de l’avenir de nos enfants. 

Christophe MIEN ZOK

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