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L'Editorial

Un mauvais souffle

Individuellement ou collectivement, les militants ont célébré ce 35ème anniversaire dans leurs cœurs et dans leurs esprits. Pas besoin de rassemblement ou de meetings pour maintenir le flambeau allumé; entretenir la conviction et l’engagement. Le Rdpc est d’abord une idée, un projet politique, un souffle idéologique et doctrinal.

Drôle et triste journée que ce mardi 24 mars 2020. Il pleut sur la ville de Yaoundé et peut-être dans d’autres localités du Cameroun. Ambiance lourde, atmosphère pesante, stressante, oppressante. Pandémie due au coronavirus oblige! Mais pas que! Les cœurs aussi saignent; les corps peinent et souffrent; les esprits sont troublés et tourmentés; la mort rôde et fauche presque tout sur son passage, sans pitié aucune, sans remord et sans distinction. Après Fotso Victor, magnat des affaires, militant de la première heure du RDPC, membre du Comité central et Maire emblématique de Bandjoun, emporté dimanche, voici que Emmanuel Ndjocke Dibango alias Manu Dibango, l’icône éléphantesque de la musique camerounaise tire lui aussi sa révérence en ce funeste 24 mars 2020. Son saxo, qui lui tenait lieu à la fois de gros « cigare »et de « trompe », n’émettra plus aucun son. En l’espace de quelques jours, deux monuments, deux éléphants, l’un du monde des affaires et l’autre de la musique quittent la scène, plongeant un peu plus les Camerounais dans la détresse et la suffocation. Ils ont le souffle coupé, le cœur meurtri, les corps endoloris. Les larmes ruissellent sur les joues et se confondent aux gouttes de pluie qui tombent à Bandjoun, Yabassi, Douala ou Yaoundé.
C’est dans ce contexte que survient le 35ème anniversaire du Rdpc. De mémoire de militant, jamais anniversaire du Parti n’avait été célébré dans des conditions aussi mauvaises et lugubres. Confinement et mesures restrictives de lutte contre le coronavirus obligent, la « célébration » s’est déroulée dans le strict respect des mesures instruites par le Premier ministre, Chef du gouvernement, selon les directives du Secrétaire Général du Comité central. Les plus optimistes useront volontiers d’un oxymore et parleront à juste titre d’une célébration dans le confinement puisqu’il a été demandé aux militants de « surseoir à tout rassemblement ». Les pessimistes et les mauvaises langues diront qu’il n’y a pas eu de célébration du tout. Peu importe. Le Rdpc se devait de montrer et de donner l’exemple. Individuellement ou collectivement, les militants ont donc célébré ce 35ème anniversaire dans leurs cœurs et dans leurs esprits. Pas besoin de rassemblement ou de meetings pour maintenir le flambeau allumé; entretenir la conviction et l’engagement. Le Rdpc est d’abord une idée, un projet politique, un souffle idéologique et doctrinal. Malgré le vent mauvais que fait souffler le coronavirus sur la planète et sur notre pays, il ne tuera pas l’idée car les idées ne meurent pas; il ne vaincra pas l’idéologie car les virus ne tuent pas l’idéologie. Sans le Covid-19, le Rdpc aurait soufflé sur sa 35éme bougie avec faste et solennité, puisque les motifs de célébration ne manquent pas: entre les dernières victoires électorales et l’occupation du terrain dans le cadre de l’animation permanente, il y a de la matière. Les militants ont les côtes assez solides pour ne pas se laisser ébranler par ce contre temps. Ils doivent garder leur souffle pour relever les prochains défis et remporter les futures batailles. Le coronavirus n’éteindra pas le flambeau ardent qui illumine et réchauffe les Camerounais. Contre mauvaise fortune, il faut parfois faire bon cœur.
L’une des résolutions fortes de ces 35 ans serait alors, pour les militants et les sympathisants, de montrer l’exemple en s’impliquant de manière résolue dans la lutte contre la pandémie. Avec comme slogan: coronavirus, tu ne passeras pas par moi! Un slogan qui s’inscrit en droite ligne du thème prescrit par la hiérarchie du parti, dans la mesure où la pandémie constitue une menace mortelle au rassemblement et au vivre-ensemble. En ce 35ème anniversaire, le flambeau a peut-être vacillé sous le souffle hideux, pestilentiel et morbide du coronavirus, mais la flamme reste plus que jamais vivace et allumée.

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