La décision du gouvernement américain d’exclure le Cameroun à partir de janvier 2020, de la liste des pays africains bénéficiaires du programme de facilitation et d’encouragement des exportations vers les Etats-Unis n’a pas de quoi ébranler outre mesure le pays de Paul Biya.
Le motif invoqué par le gouvernement américain est, on le sait, un fallacieux prétexte. Le prétendu non-respect des droits de l’homme par les forces de défense et de sécurité du Cameroun, brandi comme justification de l’exclusion du Cameroun de de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) a quelque chose d’immoral et de répugnant ! C’est, à la limite, l’hôpital qui se moque de la charité. Car, on ne comprendra jamais que les Etats-Unis qui abritent impunément sur leur sol, les financiers des terroristes sécessionnistes, responsables des décapitations, d’amputations, d’éventrations, d’éviscérations et d’éborgnements des paisibles populations ainsi que de quelques éléments des forces de défense et de sécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ferment les yeux sur des actes odieux et barbares ! Pour se donner pour mission de s’acharner depuis des années sur une armée camerounaise dont le professionnalisme n’est plus à démontrer dans sa lutte contre une horde de barbares séparatistes qui écument des localités du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en y semant mort et désolation ?!
Au-delà de l’aspect politique, la décision d’exclusion du Cameroun de l’AGOA qui, sur les bords et au-delà de la phraséologie purement diplomatique, creuse et mesquine du communiqué de l’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé, ressemble fort bien à un chantage qui va avoir l’effet d’un coup d’épée dans l’eau que ses initiateurs n’ont pas prévu. Le Rwanda a bel et bien été exclu de l’AGOA le 5 août 2018. Ce qui n’a pour autant pas empêché le pays de Paul Kagamé de se porter économiquement bien.
Pour ce qui est du Cameroun, les données économiques du pays de Paul Biya permettent d’être péremptoirement optimiste. L’effet de l’exclusion de l’AGOA sera quasiment nul. D’abord parce qu’on attend encore de voir en Afrique, le pays dont le développement aura été favorisé par ce mécanisme. Ensuite, pour ce qui est du Cameroun, les exportations vers les Etats-Unis ne représentent que 2,8% et seuls, 28,3% de ces exportations se font sous le régime AGOA. Le reste continuera de se faire sous le système de préférence généralisée (SPG) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Bien plus, selon les chiffres disponibles à l’Institut national de la statistique (INS), les produits camerounais ont été exportés au cours de l’année 2018 vers environ 127 pays dans le monde. Les dix premiers clients du Cameroun ont acquis 77,5 % des exportations, les Etats-Unis n’arrivent qu’au 20eme rang selon les estimations! Les 28,3 % des exportations sous régime AGOA seront inévitablement orientés vers d’autres clients qui frappent à la porte et qui attendent.
Et c’est ici que la déclaration à la fois historique et révolutionnaire du président Paul Biya prend tout son sens. « Le Cameroun n’est la chasse gardée de personne, ni d’aucune grande puissance », avait-il affirmé, alors qu’il effectuait une visite officielle en République Fédérale d’Allemagne, du 04 au 08 septembre 1986. Le chef de l’Etat camerounais avait invité les hommes d’affaires allemands à venir massivement investir au Cameroun, pour bien se faire comprendre et rassurer ses interlocuteurs que le Cameroun n’est la propriété d’aucune certaine puissance étrangère. C’est cette assertion quasi révolutionnaire et qui restera historique qui va d’ailleurs guider la politique économique du Cameroun ces 30 dernières années. L’homme du 6 novembre 1982, en visionnaire, avait ouvert la voie à la diversification des partenaires commerciaux sous le système OMC pour renforcer l’indépendance économique du Cameroun et donc, lui éviter tout chantage.