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COVID 19 L'Editorial

Bas les masques!

Dans le cadre du renforcement de sa stratégie de lutte contre le coronavirus, le gouvernement camerounais a donc décidé de généraliser et de rendre obligatoire le port du masque dans les lieux publics. La mesure est effective depuis lundi dernier. Les contrevenants s’exposent à toutes sortes de sanctions. Difficile de dire si c’est la crainte de ces sanctions ou une volonté réelle de se protéger qui a suscité l’adhésion des populations; toujours est-il que la mesure est suivie et appliquée par une bonne majorité de Camerounais. Tant mieux! On n’en demandait pas tant face à l’insouciance et à l’inconscience des premiers moments. Cette mesure sera-t-elle pour autant efficace? Il faut l’espérer. En attendant, il convient de saluer l’engouement aussi bien des populations que des couturiers, artisans et autres tailleurs bien décidés à relever le défi de la production, en quantité et en qualité, de ces fameux masques. Une nouvelle activité génératrice de revenus est née et personne ne peut blâmer tous ceux et celles qui s’y engouffrent. Il s’agit non seulement d’une opportunité d’affaires, mais surtout de sauver des vies. L’occasion fait le larron, a-t-on coutume de dire…
À la faveur de la lutte contre le coronavirus, le nouveau slogan dans tous les coins et recoins du Cameroun semble désormais être: « jamais sans mon masque »! Comme dans un film d’horreur ou d’anticipation-fiction, dans les rues les gens arborent toutes sortes de masques aux tailles, couleurs et design aussi variés les uns que les autres. Tous ces paramètres importent peu en fait, pourvu que les masques soient efficaces pour barrer la route au méchant et mortel virus. Quelle que soit la couleur du chat l’essentiel est qu’il attrape la souris, aimait dire DENG XIAOPING.
On parle bien des masques et non des cagoules car des personnes animées de mauvaises intentions pourraient être tentées d’enfiler des cagoules pour se dissimuler afin de commettre des forfaits.
Quoi qu’il en soit, le coronavirus a déjà fait tomber de nombreux masques. De la mondialisation à la solidarité internationale en passant par de nombreux slogans sur la charité ou l’amour du prochain, on voit bien que la réalité est toute différente. De nombreuses illusions s’écroulent; des mirages factices et des leurres érigés en miracles ou en lueurs d’espoirs éphémères disparaissent comme par enchantement; des bulles artificielles explosent sous nos nez les unes après les autres. Comment avons-nous pu manquer de discernement au point de croire qu’un footballeur est plus important qu’un chercheur, un médecin voire un infirmier ? Dans bien de nos pays africains producteurs de coton, les peuples découvrent, effarés, ahuris et abasourdis, que nous ne produisons même pas du coton hydrophile. On vient de se mettre coute que vaille à la production des masques et des cache-nez. Nécessité fait loi…
Il conviendra de tirer toutes les leçons de cette crise sanitaire qui a révélé et mis à nu tant de faiblesses et de lacunes au niveau de la gouvernance mondiale qu’à l’intérieur des États. Le Cameroun n’échappera pas à cet exercice d’évaluation et d’autocritique. Mais à quelque chose malheur est bon. La pandémie du corona a surtout fait tomber les masques de ces hommes politiques qui, sous nos tropiques, avancent derrière leur cagoule pour conquérir le pouvoir. Voulant exploiter la détresse du peuple ou pensant profiter d’un moment de faiblesse supposée ou fantasmée des institutions et des autorités en place, ils échafaudent des stratégies contre-productives et contraires au simple bon sens. Ainsi en est-il de cette chimère du MRC consistant à lancer un appel à générosité aux Camerounais pour la constitution d’un fonds de survie en vue de financer la lutte contre la pandémie. Une escroquerie supplémentaire, puisque contraire aux lois de la République. Les autorités compétentes ont tôt et bien fait d’y mettre un terme. Il n’y a pas deux Etats au Cameroun, encore moins deux Chefs. Le gouvernement mis en place par le Président Paul BIYA est à l’œuvre. Tout parti politique de l’opposition peut critiquer la politique gouvernementale ou faire des suggestions, surtout lorsqu’il s’agit d’une cause aussi grave qu’une pandémie. Mais il ne saurait se substituer à l’Etat et aux autorités légales et légitimes. Il faut arrêter cette supercherie et cette plaisanterie de mauvais goût. Bas les masques, Messieurs! Les Camerounais connaissent maintenant votre vrai visage et vos intentions réelles. Ils n’ont pas besoin de porter de masques ou de gants pour vous dire que vos petites manœuvres sont dévoilées et ne passeront pas.

Par Christophe Mien Zok

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