Depuis quelques temps, on observe un relâchement dans le port du masque de protection faciale dans le quotidien des populations, anéantissant ainsi les efforts des pouvoirs publics dans la riposte contre cette pandémie.
Carrefour Cradat à Yaoundé. Nous sommes le 14 juillet 2020, il est 7 h 30. Deux éléments de la police régulent la circulation afin d’éviter les embouteillages. Les cache-nez sont plutôt au niveau du menton. Quant à la quasi-totalité des usagers qui attendent les taxis sur le trottoir à cette heure de la matinée, personne n’arbore de masque. Certains le tiennent en main et d’autres le gardent dans la poche. En empruntant le taxi pour me rendre à mon lieu de travail, un constat fulgurant polarise mon attention : aucune personne n’arborait un masque de protection dans ce véhicule. Seul le conducteur du taxi, l’avait placé au niveau du menton. Et lorsque je pose la question à ce chauffeur de savoir pourquoi il accepte de conduire des passagers qui n’ont pas de masque par ces temps de pandémie du Coronavirus, sa réponse est toute simple. « Mon frère, je cherche mon argent ». Et aux deux autres clients avec qui j’étais assis à l’arrière de me dire péremptoirement « Occupezvous de ce qui vous regarde…Vous croyez que vous êtes plus conscients que qui ? ». À l’observation, des scènes pareilles sont fréquentes dans les marchés, les véhicules de transport en commun, les bistrots et bien d’autres endroits publics. Malgré la sensibilisation des pouvoirs publics et la décentralisation du test de dépistage et de la prise en charge gouvernementale des patients, force est de constater que le masque est vraiment tombé. Fragilisant de ce fait, la stratégie gouvernementale de riposte contre la pandémie du Coronavirus. Pourtant, le Cameroun a fourni de gros efforts dans cette lutte, et ne figure pas pour l’instant parmi les 13 pays à risque sur le continent, selon une publication de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Alors que sous d’autres cieux, on évoque de plus en plus une recontamination et par conséquent, une deuxième vague de la pandémie, les populations gagneraient à remettre leurs masques. Et à observer strictement, les mesures barrières édictées par le gouvernement, sous la très haute impulsion du président de la République, Paul Biya.
Philippe Ganfeh