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L'Editorial

Les barbares de Kumba

Jusqu’où iront-ils? Où et quand même s’arrêteront la barbarie, la boucherie, la sauvagerie et l’horreur que les séparatistes imposent aux populations du Cameroun en général et à celles du Nord-ouest et du Sud-ouest en particulier? À chaque épisode, à chaque incident, on croit avoir atteint les limites du tolérable, du soutenable et du supportable. Que non! Très rapidement, leur imagination fertile et infernale leur permet de battre tous les records de cruauté et de bestialité. On croyait déjà avoir tout vu mais le pire semble encore devant nous. La journée du samedi 24 octobre 2020 restera ainsi gravée à jamais dans les mémoires. Ce jour-là, des assaillants armés ont fait irruption dans un établissement scolaire de Kumba, département de la Meme, région du Sud-ouest et ont tiré sans sommation sur des enfants. Certains ont subi des mutilations à la machette. Bilan: sept morts et une douzaine de blessés, en majorité des filles. L’âge des victimes varie entre 9 et 12 ans. Voilà le nouveau fait d’armes, le trophée de trop que les sécessionnistes pourront accrocher à leur tableau de chasse sans cesse funeste et macabre même si, comme d’habitude, ils ne le revendiquent pas.

Depuis samedi dernier, le concert de protestations et de condamnations face à cet acte odieux, abject et inhumain est unanime; des partis politiques aux organisations de la société civile en passant par les organisations internationales et les chancelleries diplomatiques installées au Cameroun, chacun y est allé de son couplet. Seuls quelques francs-tireurs tentent de faire entendre une petite musique discordante. Les plus cyniques parmi eux sèment le doute dans les esprits en insinuant que l’identité des assaillants reste encore à prouver. Par conséquent, la responsabilité de l’armée régulière et du gouvernement n’est pas à exclure! Fadaises et balivernes! Quel intérêt les autorités, civiles ou militaires, auraient-elles à perpétrer un tel acte? Dans un raccourci sans vergogne, d’autres ont fait le lien avec Ngarbuh. Toutefois, à la différence des militaires, les sécessionnistes ne revendiquent et ne reconnaissent jamais leurs bavures.

Rien d’étonnant ou de surprenant à cela. Il s’agit d’un mode opératoire assumé. Depuis le déclenchement de la crise dans les deux Régions anglophones, l’école cristallise tous les enjeux. Pour les sécessionnistes, ces « tontons macoutes » d’un autre genre, la fermeture des établissements scolaires est au centre de leur stratégie. Pour y parvenir, ils ont recours à l’intimidation; ils créent la psychose au sein de la communauté éducative pour empêcher parents et enseignants d’assumer leurs responsabilités. Au début de ce mois d’octobre, on a vu cette communauté éducative braver les mots d’ordre et décider d’envoyer les enfants à l’école. Les sécessionnistes n’ont pas toléré qu’on leur tienne tête.

Après leur tentative de tuer l’école, ils assassinent maintenant des élèves innocents. Quelle lâcheté! Quatre jours après Kumba, la psychose s’est répandue à Mutengene, Limbe où, à partir de rumeurs savamment distillées, les parents ont afflué dans les établissements pour récupérer leurs enfants. En fin de compte, il n’est pas exagéré d’affirmer que les sécessionnistes et les fanatiques de Boko Haram mènent le même combat. Et dire que les séparatistes prétendent se battre pour le bien et la libération des populations anglophones! Les « libérateurs » jusque-là choyés, cajolés et adulés montrent leur vrai visage et se révèlent être des bourreaux cruels et des monstres sans foi ni loi. Que dire de ces partis politiques et mouvements paramilitaires qui, par démagogie et par calcul politicien, se sont rapprochés de manière ostensible des sécessionnistes pour faire tomber le pouvoir en place? Ces manœuvres constituent le degré zéro de la politique. Comme les séparatistes, ces responsables politiques se sont mis en marge de la République et ils doivent être traités comme des renégats.

En attendant, la République pleure ses enfants innocents lâchement assassinés mais elle reste debout. Et parce qu’elle est debout, l’Ecole de la République restera également debout. Elle résistera aux assauts des fanatiques et des illuminés de tous bords. Les barbares peuvent assassiner des enfants, ils ne peuvent pas tuer l’âme de tout un peuple épris de paix, d’unité et de prospérité.

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