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Transition : Njoya est inhumé, vive Njoya

Avant d’être conduit à sa dernière demeure, le Roi des Bamoun a été élevé à la dignité de Grand cordon du mérite camerounais à titre posthume par le Premier ministre, Dion Ngute, représentant du président de la République, Paul Biya.

Avec les obsèques officielles de S.M. Ibrahim Mbombo Njoya célébrées le samedi 9 septembre 2021 sur le site du village du Nguon à Foumban, c’est une page de l’histoire du peuple Bamoun qui s’est refermée, pour s’ouvrir sur l’accession au trône de Mohamed Nabil Nforifoum Mbombo Njoya, 28 ans, 20ème monarque de cette grande dynastie fondée en 1934 par le prince Tikar Nchare Yen. « Arrêté » la veille comme le veut la tradition, celui qui était jusque-là en fonction dans les services du gouverneur de la région du Sud, a été présenté par le premier des Kom (Notables, Ndlr), Nji Monchare, et installé sur le trône dimanche 10 octobre dernier. Tel est l’épilogue d’une transition successorale entamée la veille, en présence entre autres, du Premier ministre, représentant du président de la République Paul Biya, Baltazar Engonga Edjo, ministre d’Etat, représentant du président équato-guinéen, Théodoro Obiang Nguema, et le secrétaire général du Comité central du Rdpc, Jean Nkuété.
Place du village du Nguon, ce samedi 9 septembre 2021. L’averse de la veille et la fine pluie matinale ont maintenant fait place à un soleil radieux. Une soixantaine de chapiteaux dressés en forme de « U » abritent les nombreuses personnalités administratives, politiques, traditionnelles et religieuses, ainsi que les milliers de curieux, venus vivre les obsèques officielles décidées par le chef de l’Etat, Paul Biya, en l’honneur de l’illustre disparu, le 19ème Roi des Bamoun. De nombreuses banderoles et autres roll-up véhiculent en langues, française et chinmoun, la langue locale, les messages d’attachement du peuple Bamoun au Mfon Pamum, Ibrahim Mbombo Njoya, 19ème Roi de la dynastie, qui a régné pendant 29 ans.
13h35, le Premier ministre chef du gouvernement se dirige vers la chapelle mortuaire, auprès de laquelle sont déjà installés le drapeau national et sa garde, la gerbe de fleurs du couple présidentiel, ainsi qu’un détachement du bataillon des troupes aéroportées de Koutaba, honneurs militaires oblige. Avant d’apposer la distinction honorifique sur le cercueil, Chief Dr Dion Ngute déclare solennellement : « Sénateur, Sultan roi des Bamoun, au nom du président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Grand cordon du mérite camerounais à titre posthume ». Une marque de reconnaissance que le président de la République avait également manifestée avant par la bouche du gouverneur de la région de l’Ouest, à travers la lecture du message de condoléances du couple présidentiel. « Avec la disparition d’Ibrahim Mbombo Njoya, le département du Noun perd un chef précieux, la région de l’Ouest une élite de premier plan, le Rdpc un grand militant, et le Cameroun un digne et valeureux fils », dira Awa Fonka Augustine.

Un fervent militant du Rdpc
Des 11 allocutions qui ont précédé ce cérémonial, on retient globalement que le défunt sultan, Ibrahim Mbombo Njoya, membre du Bureau politique, Sénateur, chef de la délégation permanente régionale du Comité central pour l’Ouest, était un grand homme d’Etat stoïque, un militant fidèle et loyal, un géant du sport et un monarque en avance sur son temps. Pour le vice-président du Sénat, chief Tabe Tando, « le Sénat perd l’un de ses membres les plus sages ». Venu à la tête d’une forte délégation du Comité central, Jean Nkuété, le secrétaire général s’est appuyé sur des faits réels et vérifiables, pour montrer les qualités d’homme de foi fidèle et loyal que l’illustre disparu a été. « Avec la disparition de Ibbrahim Mbombo Njoya, le Rdpc perd incontestablement un militant d’exception ». Lui qui a été « un vaillant chevalier pour le Rdpc dont il aura été l’un des symboles les plus remarquables de la dynamique de progrès, le Rdpc qu’il a vu naître à Bamenda en 1985 en tant que délégué », dira le patron de l’administration du Parti.
Le conseiller à la communication au Conseil régional de l’Unesco, représentant de la directrice général de cette institution des Nations unies, saluera pour sa part, le grand homme de culture qu’Ibrahim Mbombo Njoya aura été. Il en veut pour preuve son implication personnelle dans la préparation du dossier du Cameroun pour la candidature du Nguon en vue d’une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Il en est de même du représentant du Comité national olympique et sportif du Cameroun et représentant du Conseil national des chefs traditionnels, qui n’ont pas tari d’éloges pour le souverain disparu.
Des qualités sur lesquelles Nji Njoya Zakariaou, ministre délégué auprès du ministre des Transports et président du Comité d’organisation de ces obsèques, a, au nom des élites, a confessé que le défunt a été l’auteur des réalisations qui traversent le temps. Raison pour laquelle il « engage les filles et les fils du Noun à rester fidèles au nouveau souverain », afin que ce dernier perpétue les œuvres de son père. komidor Njimoluh, l’ambassadeur du Cameroun en Algérie, Nji Sadou Doudou, qui parlait au nom des princes et Nji Ngoupayou Inousa, 1er adjoint du Roi des Bamoun, ont tous promis d’œuvrer pour le plein épanouissement des populations. C’était juste après que le Pr Ngouo Ibrahim, au nom des Kom, ait cité quelques-unes des grandes réalisations du disparu et fait le serment de respecter scrupuleusement les consignes du monarque disparu.
Tout ceci avait été précédé quelques instants plus tôt par l’entrée de la Reine mère, les Tita Mfon et la procession des Kom, les cinq notables chargés de désigner le nouveau Roi, par ailleurs détenteurs du testament du Sultan.

Serge Williams FOTSO envoyé spécial

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