L’homme pluridimensionnel a été élevé au rang de grand-cordon du mérite camerounais à titre posthume, par le secrétaire général du Comité central du Rdpc, Jean Nkuété, représentant personnel du président de la République, Paul Biya.
Il est exactement 17h15 minutes, lorsque le vice-Premier ministre Jean Nkuété Secrétaire généal du Comité central du Rdpc, représentant personnel du président de la République prononce ces paroles sous le ciel de Nkol-Ebae, petite bourgade de l’arrondissement de Sa’a (situé à 72 km de Yaoundé), dans le département de la Lekié, région du Centre : « au nom du président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous élevons à la dignité de grand cordon du mérite camerounais ». La décoration est précédée de la lecture par le préfet de la Lékié, Patrick Simo Kamsu, du message de condoléances du chef de l’Etat et de madame Chantal Biya. Puis, suivent des honneurs militaires. Quelques instants plus tard, la procession funèbre s’ébranle vers le caveau, où Jean Bernard Ndongo Essomba est inhumé dans la stricte intimité de la grande famille Embonlo.
Pendant ce temps, les dizaines de dômes dressées pour la circonstance dans la cour centrale de ses somptueuses résidences et décorés aux fleurs, cabosses et plants de cacao, rappellent fort opportunément à l’assistance qui commence à se déplacer vers les différents points de collation, que l’illustre disparu était le véritable roi du cacao dans la Lékié et au-delà. Mais pas seulement.
Le roi de la fève s’en est allé
Parlementaires, membres du gouvernement et corps diplomatique, opérateurs économiques, responsables d’institutions de de la République et de nombreux militants du Rdpc peuvent alors constater que l’honorable président Jean-Bernard Ndongo Essomba était aussi membre titulaire du Comité central, membre du Bureau politique du Rdpc, président du groupe parlementaire du Rdpc à l’Assemblée nationale, président de la Délégation permanente régionale du Comité central du Rdpc pour le Centre et non moins dynamique homme d’affaires. Et c’est pour l’ensemble de son œuvre sous toutes ces casquettes, que le président de la République a décidé des obsèques officielles en son honneur.
Auparavant, au cours de la messe pontificale dite par un collège de membres du clergé dont les Abbés Timothée Zogo Minfouma et Arthur Ngono, sous la conduite de Sosthène Léopold Bayemi Matjei, évêque d’Obala, les hommes de Dieu ont notamment puisé dans l’Evangile selon Saint Jean, chapitre 6, versets 35 à 40, pour expliquer à l’assistance que le défunt était « Un éléphant qui a laissé beaucoup de traces. Quand nous vivons dans cette dynamique, la mort ne peut pas avoir le dernier mot », a-t-on appris du clergé, qui a notamment salué sa « capacité à abattre les murs et à construire les ponts », comme entre les deux Lékié -Est et Ouest notamment.
La phase des témoignages est ensuite réglée comme sur du papier à musique. Après que Rose Eteme Ndongo ait dit tout le bien que pensent les belles filles du défunt, l’oraison funèbre est déclinée en français par son préfet de fils, Auguste Essomba qui témoigne sa vive reconnaissance au président de la République pour les obsèques officielles accordées à son paternel. Ce dernier conclut sa prise de parole en retraçant le parcours du défunt dans les affaires et dans la politique.
La même oraison funèbre, ou presque, est déclinée en langue Eton par Adolphe Noah Ndongo, le chef de famille, directeur général de la Caa (Caisse autonome d’amortissement). La parole est ensuite donnée successivement au ministre Henri Eyebe Ayissi, président du comité de mobilisation des élites et forces vives. Puis au ministre Benoît Ndong Soumhet, président du comité d’organisation, qui lance un vibrant appel à la remobilisation des filles et fils de la Lékié.
Hilarion Etong, 1er vice-président de l’Assemblée nationale, pour sa part, après avoir transmis l’hommage du président de l’auguste chambre, Cavaye Yeguié Djibril, retracera le parcours du brillant parlementaire que Jean Bernard Ndongo Essomba a été, avant de décrire l’agilité politique dont ce dernier a fait montre 25 ans durant, dans la conduite des affaires du groupe parlementaire Rdpc à l’Assemblée nationale, de la 7ème à la 11ème législature. « Un parlementaire d’exception », conclura-t-il.
La prise de parole du chef de la forte délégation du Comité central, le ministre Grégoire Owona est fort appréciée par l’assistance (voir article sur l’hommage du Rdpc). Le secrétaire général adjoint du Comité central cite notamment un large extrait du témoignage du secrétaire général du Comité central, Jean Nkuété, pour exprimer la grosse perte qu’enregistre le Parti, à travers la disparition de ce baobab. Le rappel des circonstances de sa rencontre en politique avec le défunt il y a près de 30 ans à Douala, est également riche en enseignements.
L’hommage de la Nation
Tel est l’épilogue d’un périple mortuaire qui avait débuté le jeudi 20 avril 2023 à l’hôpital général de Yaoundé, où le corps du président Ndongo Essomba avait été mis en bière en présence du représentant personnel du chef de l’Etat, le vice-Premier ministre Jean Nkuété, ainsi qu’un impressionnant parterre de personnalités administratives, politiques, diplomatiques, municipales, religieuses et du monde des affaires. Ces cérémonies de mise en bière et de levée de corps étaient présidées par Mgr Dieudonné Espoir Atangana, évêque de Nkongsamba. Sa famille, gravement éplorée, mais stoïque pour la plupart de ses membres, ne semblait découvrir qu’à l’instant, l’envergure protocolaire qu’avait prise leur parent dans les hautes sphères de la politique et des affaires.
Les honneurs militaires rendus, le corps a transité par l’Assemblée nationale où le natif du village Ekekom dans l’arrondissement de Sa’a a reçu les hommages du grand parlementaire, président du groupe des députés du Rdpc dans cette auguste chambre qu’il a été, avant d’échouer en la Cathédrale Notre-dame-des-victoires de Yaoundé, où une eucharistie de requiem a été dite pour le repos de son âme, par Mgr Jean Mbarga, l’archevêque métropolitain de Yaoundé, qu’assistaient d’autres membres du clergé, dont Mgr Adalbert Ndzana, l’évêque émérite de Mbalmayo, qui avait notamment prononcé l’absoute. Puis, s’en est suivie une veillée jusqu’à l’aube, aussi bien en sa résidence principale de Santa Barbara que dans les trois résidences secondaires attenantes.
Une fois arrivés à Nkol-Ebae, vendredi, les lamentations ont duré toute la nuit. Après l’office des défunts dirigé par l’Abbé Médard Tala Nomo, les populations ont eu l’occasion de communier pour la dernière fois avec celui qui était pour nombre d’entre elles, un père, un mécène, un soutien inébranlable. Le patriarche repose désormais dans la terre de ses ancêtres qui l’a vu naître il y a 77 ans.
Serge Williams FOTSO