Le ministre de l’Enseignement supérieur évoque les transformations impulsées au secteur de l’éducation par le Renouveau. Celles-ci vont s’intensifier, avec pour fil conducteur la professionnalisation du système.
L’Action : Dans ses vœux à la Nation, le Président de la République a apprécié les efforts qui sont déployés dans ce qu’il a appelé « le grand secteur de l’éducation ». Est-on en droit de s’attendre à la continuité en 2013 comme cela a été le cas en 2012 ?Jacques Fame Ndongo : De prime abord, il importe de préciser que « Le grand secteur de l’éducation » correspond à ce que l’on appelle aujourd’hui « l’économie du savoir ». Celle-ci a pour mission de former un capital humain compétitif et compétent : agents de base (niveau CEP), personnels secondaires techniques, professionnels et généraux (niveaux CEP + 2, CEP + 4 ou + 5, Probatoire, Bacc ou GCE AL) et cadres supérieurs (Bacc ou GCE AL/ + 2, Bac ou GCE AL + 3, Bac ou GCE AL + 4, Bac ou GCE AL + 8) nécessaires à l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035. Cette économie du savoir englobe les ministères de l’Education de base, des Enseignements secondaires, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Elle s’étend aussi (partiellement) aux autres départements qui forment des cadres moyens ou supérieurs, s’agissant des établissements suivants (ENSPT, ENSTP, INJS, EMIA, ISSEA, CRADAT, ETA-CRA, centres de formation zootechnique et vétérinaire, écoles d’infirmiers, etc.).Le travail remarquable engagé dans ce secteur va se poursuivre résolument (maximisation des infrastructures d’accueil, densification du personnel enseignant, professionnalisation des enseignements, amélioration des équipements, optimisation de la qualité, par-delà la quantité). La construction des infrastructures et la professionnalisation sont deux axes majeurs de cette politique, notamment dans l’Enseignement supérieur. Ces axes constituent-ils la clé du succès pour notre système éducatif ? C’est une condition « sine qua non ». Elle permet d’opérer la grande mutation du système éducatif que conduit le président Paul BIYA depuis son accession à la magistrature suprême. Et les résultats sont déjà visibles (les Universités sont de vastes chantiers, les enseignements sont de plus en plus orientés vers l’employabilité grâce à une meilleure synergie entre l’école et les milieux socio-professionnels : programmes élaborés en fonction des besoins des entreprises, des administrations, des milieux ruraux etc.). Mais, les enseignements fondamentaux ne sont pas perdus de vue (savoirs savants) car il faudra toujours des enseignants, des chercheurs et des technologues. Pour un succès total, il importe de maximiser les ressources propres des établissements scolaires ou universitaires (activités génératrices de revenus), de densifier la recherche fondamentale et appliquée (d’où le compte d’affectation spéciale créé par le Chef de l’Etat le 8 avril 2009 pour la modernisation de la recherche universitaire) et de raffermir le volet « appui au développement » (l’enseignement primaire, secondaire, professionnel et supérieur doit permettre de transformer durablement les conditions de vie des populations). C’est le grand chantier en cours dans le secteur éducatif.Le Président de la République a parlé d’ouvrir largement l’accès au savoir. Cela ne passe-t-il pas par la création d’autres universités d’Etat, comme à Bertoua par exemple ? La création de l’Université de Bertoua n’est pas rejetée aux calendes grecques. La carte universitaire a été élaborée par le ministère de l’enseignement supérieur et approuvée par la haute et la très haute hiérarchie. Il est prévu la création d’au moins une Université d’Etat par région et plusieurs Instituts supérieurs au niveau des principales villes de notre territoire. Il reste tout simplement à valider le « timing » (quand ?) et la soutenabilité financière. Cette dernière ne pose, du reste, aucun problème de fond, les Universités étant appelées à produire (secteur primaire), à transformer (secteur secondaire) et à commercialiser (secteur tertiaire). Elles ont donc vocation à maximiser leurs ressources propres en minorant progressivement le paramètre « subventions de l’Etat ».Quelles dispositions innovantes comptez-vous prendre pour moderniser davantage l’université camerounaise ? Nous allons diversifier et densifier la Zone Franche Universitaire qui forme déjà 350 Ingénieurs de haut niveau par an à l’ENSP de l’Université de Yaoundé 1 (50 Ingénieurs par an il y a dix ans), raffermir le système LMD (en mettant notamment l’accent sur la formation en alternance, le Temps Libre de l’Etudiant et la mobilité académique), consolider le paradigme « assurance – qualité » (avec comme objectif l’inscription des Universités camerounaises dans le palmarès des meilleures Institutions d’enseignement et de recherche d’Afrique, voire du monde. Nous allons commencer par le classement des Universités camerounaises dès 2013). Nous allons aussi mondialiser davantage l’Université camerounaise dans l’espace académique et heuristique de la CEMAC, de la CEEAC, de l’Union Africaine (le pôle « Humanités, Gouvernance et Sciences Sociales de l’Université panafricaine fonctionne à Yaoundé depuis le 12 novembre 2012 ; l’université inter-Etats Congo – Cameroun fonctionnera à Sangmelima et Ouesso dès 2013, tout comme l’Institut Africain des Mathématiques pour lequel le Chef de l’Etat a ordonné le déblocage de 500 millions de F CFA et l’octroi d’un terrain de 2 ha).
Christophe MIEN ZOK