Elles sont nombreuses, ces « brebis galeuses » qui ont ramé à contre-courant des di- rectives du Président national du Rdpc, pendant le processus de désignation des membres des exécutifs communaux.
E n sage avisé, Jean Nkuété, le secrétaire général du Comité central du Rdpc les avait vus venir, ces militants qui oseraient passer outre les directives du Parti. C’est pourquoi lors de la réunion qu’il avait présidée le 16 février à l’attention des mandataires et chargés de mission, le patron de l’administration du parti de Paul Biya avait réitéré les consignes contenues dans sa circulaire du 13 février 2020 élaborées « dans le strict respect de la loi et des dispositions des textes de base du Parti ». Mieux, Jean Nkuété avait recommandé : « Tout conseiller municipal du Rdpc doit être exemplaire dans l’observation de la discipline du Parti, conformément à son adhésion au Rdpc, d’une part, et au regard de l’engagement sur l’honneur qu’il a signé lors des opérations d’investiture, d’autre part ». Le respect de la discipline ici signifiant particulièrement, et ça, le SG l’avait également souligné, « qu’aucune candidature alternative ne sera proposée au vote à la session de plein droit, en dehors de celles qui auront été validées pendant les délibérations au sein du Groupe communal Rdpc ». Malgré ces mises en garde, tout au long du processus et notamment pendant le choix des membres des exécutifs municipaux, certains militants ont été pris en flagrant délit d’indélicatesse avec la discipline, au sens de l’article 31, alinéa 1 des Statuts du Rdpc, à savoir : « le fait pour tout membre du Parti de contrevenir aux objectifs du Parti définis à l’article 2 des présents Statuts ou de refuser d’appliquer les décisions prises par ses organes ». Çà et là, sur le terrain, la pilule de la discipline du Parti a été particulièrement difficile à avaler, tout au long du processus qui a abouti, mardi 25 février dernier, à l’élection des membres des exécutifs municipaux, au terme de l’élection municipale du 9 février 2020. A Maroua, faute de discipline, le Rdpc a été opposé au Rdpc, à travers le maire sortant, Hamadou Hamidou, qui défiait son challenger Issa Youssouf Balarabé. Le fils du milliardaire était soupçonné d’avoir « influencé » le choix des conseillers municipaux, trois jours plus tôt. A Ayos, alors que les travaux au sein du groupe communal Rdpc avaient abouti à la désignation de Paul Ndongo, la veille, contre toute attente, Patrice Amba Salla a cru devoir se présenter à nouveau, en session de plein droit, au grand dam du président du groupe communal et des autres camarades. Scénario identique à Yaoundé 4 où S.M. Bihina Efila a dû affronter à nouveau Régine Amougou Noma devant le préfet, après la raclée à elle infligée auparavant. Fidèle à lui-même à Yaoundé 6, St Eloi Bidoung a une fois de plus joué les trouble-fête lors de la session de plein droit qui a consacré Yoki Onana. A Monatélé, les conseillers municipaux du Rdpc ont, lors de la session de plein droit, carrément fait défection en votant pour Célestin Bedzigui, candidat de l’opposition, au poste de premier adjoint au maire, faisant ainsi battre leur propre camarade. La situation n’a pas été bien différente à Kobdombo, Obala, EligMfomo, Ngoumou, Nguelemendouka, Akom II et de nombreuses autres localités, où des militants, des mandataires et des candidats du Rdpc se sont illustrés par leur indiscipline. En refusant de se plier ou d’appliquer les décisions prises par les organes du Parti, ces militants ont fortement contribué à contrevenir aux objectifs du Parti, tels que définis à l’article 2 des Statuts. A en croire de nombreuses sources, des sanctions pourraient tomber, comme ce fut le cas au lendemain des municipales du 30 septembre 2013.
Serge Fotso