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El Hadj Baba Hamadou : « Le tourisme camerounais a une nouvelle vision »

Le ministre du Tourisme se réjouit des initiatives prises pour donner une meilleure image du secteur au Cameroun, dans la sous-région et dans le monde.

L’Action : Le Cameroun va accueillir une réunion des ministres du Tourisme de la zone Cemac. Cette rencontre signifie-t-elle que nous occupons désormais une place de choix dans ce secteur en Afrique ?
El hadj Baba Hamadou : Le Cameroun assure la présidence de la commission Afrique de l’Organisation mondiale du Tourisme (Omt) depuis 2007, pour un mandat de deux ans qui s’achevait en 2009, mais qui a été reconduit pour deux années encore. C’est évident le Cameroun, malgré quelques insuffisances, reste la meilleure destination de la zone Cemac. Et à ce titre nous, ministère du Tourisme au Cameroun, avons pris de nombreuses initiatives auprès des institutions internationales comme l’Organisation mondiale du Tourisme ou l’Organisation de la conférence islamique (Oci) pour permettre une meilleure visibilité de notre sous-région dans le domaine du tourisme. Car lorsque nous comparons notre sous-région à d’autres d’Afrique, nous constatons que le tourisme en zone Cemac est très mal connu, même si le Cameroun se distingue de mieux en mieux. En organisant cette réunion des ministres du Tourisme de la zone Cemac, nous avons voulu amener nos collègues de la sous-région à s’approprier ce grand programme que nous avons présenté à ces institutions mondiales que sont l’Omt et l’Oci. Les programmes que nous leur avons présentés, touchent les programmes communs du tourisme dans la sous-région. L’un des programmes porte sur le développement du tourisme dans les aires protégées transfrontalières des pays de la zone Cemac et dans les parcs nationaux. Le deuxième, sur la problématique de la formation, des enseignements à l’école d’hôtellerie et de tourisme de la Cemac.
Deux autres questions seront abordées par mes collègues et moi-même. Elles portent sur la participation de l’Afrique centrale au 3ème forum d’investissement touristique qui aura lieu à Madrid en janvier 2012. Il s’agit d’un forum qui a été initié à la demande du Cameroun, il y a deux ans quand nous réunissions ici les ministres de toute l’Afrique. Le forum se tient chaque année à Madrid, en marge du salon international du tourisme de Madrid auquel nous participons toujours. Ce forum réunit d’une part les ministres africains de tourisme, les investisseurs privés du tourisme africain et de l’autre côté les investisseurs espagnols. Nous serons rendus à la 3ème édition et à celle-ci, l’Afrique centrale est l’invitée d’honneur. Donc nous devons nous préparer pour aller à Madrid en rangs serrés. Enfin le 4ème point à l’ordre du jour de nos travaux est l’organisation du 1er salon international du tourisme des pays de la Cemac à Yaoundé en 2013. Autant d’actions qui, lorsqu’elles sont conduites à bon terme, permettraient de rendre la destination Afrique centrale plus visible sur l’échiquier de la communauté touristique internationale.
 Sentez-vous, au regard de tout ce que vous présentez comme programme, une certaine adhésion de vos collègues de la sous région ?
Nous parlons souvent au téléphone, nous nous rencontrons dans les réunions statutaires ou dans les salons de tourisme. Et déjà l’organisation mondiale du tourisme a dépêché ses experts dans les 6 pays de la sous région pour faire un état des lieux, pour ce qui est des parcs et des aires protégées transfrontalières. Donc mes collègues adhérent au projet et nous pensons qu’au terme de notre réunion de Yaoundé, nous sortirons une déclaration commune, qui permettra à l’Organisation mondiale du tourisme, de chercher des financements pour la conduite de ces projets. Les organisations financières aujourd’hui sont plus disposées à financer les programmes régionaux ou sous régionaux que les programmes individuels. C’est dans cette optique que nous voulons faire adhérer à cette vision du développement régional de notre tourisme, tous nos collègues de la sous région.
 Avant cette rencontre avec les ministres du tourisme de la zone Cemac, votre département organise les « Cameroon Holidays » les 29 et 30 avril 2011. A quoi renvoie ce concept ?
C’est un concept nouveau qui s’inscrit dans la dynamique nouvelle de notre destination touristique. Nous avons satisfait à quelques critères de l’Organisation mondiale du tourisme pour devenir, depuis l’année dernière, une destination touristique, parce que nous avons reçu plus de 500.000 touristes et notre capacité hôtelière dépasse largement 25.000 lits. Nous pensons que ce statut doit être conforté par les actions d’éclat et d’envergure, susceptibles d’attirer davantage l’attention de l’opinion nationale et internationale sur notre tourisme. A cet effet, nous organisons, en partenariat avec une de nos meilleures agences de tourisme, la société financière du tourisme et de loisirs (Sofitoul), une première édition de cet événement que nous avons appelé Cameroon Holidays. Cet événement vise à braquer sur nous les médias nationaux et internationaux, pendant deux jours, à travers des séminaires, des expositions, une soirée culturelle, un programme social et une soirée de gala. Nous allons montrer aux 200 invités qui sont supposés venir, toute la variété de la grande diversité de notre produit touristique. Sont attendus, les journalistes de la presse spécialisée sur le tourisme, les professionnels du tourisme, des tours operators qui viendront d’Europe, d’Amérique, d’Afrique. Nous attendons également des grandes têtes de la chanson camerounaise. Et nous pensons que le tourisme camerounais pendant deux jours occupera la vedette sur les médias.
 Vous avez présenté là des grands projets qui, si ils sont menés à terme peuvent permettre à l’économie camerounaise de se développer davantage. On sait quand même qu’à côté de ces initiatives, il y a beaucoup d’obstacles qui ont souvent été dénoncés. Quels sont parmi ces obstacles ceux qui sont les plus récurrents et qui vous empêchent de travailler convenablement ?
Les obstacles sont nombreux. Nous sommes dans un pays jeune qui se construit et dont les secteurs se construisent également, parmi ceux-ci celui du tourisme. Mais nous nous réjouissons d’avoir porté notre tourisme assez haut. La communauté internationale touristique crédite le Cameroun de nombreux points positifs, puisque nous assurons la présidence du tourisme africain. Notre mandant a duré deux ans, il s’est achevé en 2009 et tous nos collègues africains nous ont demandé de continuer d’assurer la présidence parce qu’ils estiment que notre présidence porte beaucoup d’espoir. Et c’est ainsi que le Cameroun se trouve au devant de la scène, président de la commission Afrique depuis 2007 pour un mandat qui s’achève en octobre 2011.
Les obstacles existent toujours. Il y a l’épineux problème de l’insuffisance des moyens affectés au développement du tourisme. Là aussi l’Etat a toujours peu de moyens et doit consacrer l’essentiel de ceux-ci aux secteurs dits sociaux, dans le cadre de l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement. C’est l’éducation de base, la santé, l’hydraulique villageoise, le développement rural, etc.… Mais au ministère du Tourisme, nous avons cessé la navigation à vue. Désormais, nous avons une politique de développement au Cameroun avec l’appui des experts des autres ministères et de l’Organisation mondiale du tourisme. Notre stratégie sectorielle a été acceptée par tous et validée. Elle reste un prélude à l’élaboration attendue d’un plan de développement du tourisme au Cameroun, un plan directeur. Mais en attendant, la Banque mondiale se félicite du fait que le tourisme camerounais a enfin une vision et elle nous soutient financièrement désormais. C’est un acquis qu’il faut saluer. L’année dernière, dans ce cadre là, le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Louis Paul Motaze, avait signé, au nom du gouvernement, un accord de prêt avec la Banque mondiale qui porte sur plusieurs milliards de Fcfa, pour les secteurs dits filières de croissance : les secteurs bois et tourisme. A cet effet, nous aurons des milliards de francs pour le développement de l’écotourisme et du tourisme culturel, c’est déjà un acquis. Et nous continuons à frapper à d’autres portes, celles de l’Union européenne par exemple, celle de la coopération bilatérale ou décentralisée pour trouver des moyens pour le développement de notre secteur tourisme, maintenant que nous avons une vision qui plait aux bailleurs de fonds.
 Et que dites-vous du coût de la destination Cameroun ?
L’autre problème reste effectivement la cherté de la destination et le coût du visa pour venir au Cameroun. Mais là aussi, le conseil national du tourisme a essayé de plancher sur le problème du coût du visa. Je crois que le prochain budget en tiendra compte. Nous nous sommes heurtés pendant longtemps à une difficulté, c’est l’absence d’une compagnie aérienne. Parce qu’aucun pays ne peut promouvoir son tourisme s’il ne dispose pas d’une compagnie aérienne. Nous avons salué fortement le démarrage des activités de la Camair-co et nous pensons qu’au terme des réunions que nous avons eu avec le directeur général de la Camair-co et son adjoint, sur les voies et moyens de permettre à la Camair-co de promouvoir le tourisme camerounais, nous pensons que là aussi, une des difficultés sera résolue.
Le Cameroun, il faut le rappeler, a cessé d’être une destination tracassière, beaucoup d’efforts ont été faits. Les touristes qui visitent le Cameroun ne sont pas harcelés comme par le passé sur les routes et les aéroports. Ça, nous devons apprécier les mesures prisent par le nouveau délégué général à la Sûreté nationale qui a fait lever toutes les barrières et qui amènent les policiers à être très courtois vis-à-vis de tous ceux qui visitent le Cameroun. La faiblesse des moyens affectés au tourisme, ne permettait pas aussi d’aménager l’entièreté des 300 sites touristiques que nous avons dans notre pays. Nous nous sommes consacrés à l’entretien de l’essentiel. Et aujourd’hui, avec la décentralisation, progressivement nous allons transférer tous ces sites que nous avons aménagés aux communes pour leur gestion et leur développement. Pour les difficultés d’ordre financier, nous avons trouvé des bailleurs de fonds qui nous assistent. De plus en plus les touristes qui viennent au Cameroun nous écrivent pour dire qu’ils ont apprécié les changements. Maintenant nous allons continuer à travailler pour développer davantage l’activité touristique par le biais de nombreux clubs tourisme, dont nous encourageons la création aussi bien dans les établissements secondaires que dans l’enseignement supérieur.

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