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L'Editorial

GDN, nous y sommes! :

Les dés sont jetés! Le grand dialogue national(GDN) convoqué le 10 septembre par le Président de la République se rapproche à grands pas.

Lundi prochain, 30 septembre 2019, le cœur du Cameroun battra au rythme de ces assises prévues au Palais des Congrès de Yaoundé. Si l’on s’en tient à l’effervescence, à l’ambiance et à l’engouement qui règnent dans les couloirs des services du Premier ministre où se déroulent les consultations des différentes forces vives, formations politiques ou groupes socioprofessionnels, les fleurs tiendront sans doute la promesse des fleurs sur les hauteurs de Nkolnyada. Que les pessimistes, les polémistes et les oiseaux de mauvais augure se le tiennent pour dit: un grand dialogue national c’est comme un derby; il n’est pas organisé pour être perdu mais pour être gagné. Au soir du 4 octobre, on espère que les sourires radieux sur les visages des participants seront les signes avant-coureurs et annonciateurs de la réussite des travaux et au-delà, du retour de la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et du progrès dans les autres régions.
 
L’heure n’est donc pas aux fausses querelles, aux intrigues et aux manœuvres de coulisse. Le contexte se prête encore moins aux accusations en tout genre et aux tentatives d’exclusion. Tous les acteurs et les protagonistes du grand dialogue national, toutes chapelles politiques et obédiences religieuses ou spirituelles confondues, devraient être animés par la même volonté de réussir dans l’intérêt supérieur du Cameroun. Les débats et les polémiques qui émaillent les consultations menées par le Premier Ministre, Chef du gouvernement constituent autant d’écueils et de pièges à éviter tout au long des travaux. De ces mêmes consultations émergent déjà des points consensuels sur des axes d’action après cet autre rendez-vous entre le Cameroun et son histoire, notamment la nécessité d’approfondir, d’accélérer et de mettre en œuvre une décentralisation réelle, sans arrière-pensée, et au bénéfice exclusif des populations. 
 
Il faudra justement plonger et puiser dans l’histoire, à la recherche des solutions durables et efficaces pour demain. Puiser et plonger dans l’histoire revient à décoloniser nos mentalités. Tout de même, une soixantaine d’années après notre indépendance, force est de constater que les fondements et les causes, proches ou lointains, de la crise anglophone, plongent leurs racines dans notre passé colonial. Avant 1884 et la signature du traité germano-camerounais tout comme avant 1916 et la double tutelle britannique et française, il n’y avait que des Camerounais de part et d’autre du Moungo. Il n’y avait ni francophone ni anglophone. D’où vient-il que nos querelles actuelles et passées soient provoquées et structurées par des langues qui nous ont été imposées de l’extérieur? Répondre à cette question pendant le grand dialogue national reviendra à nous réapproprier notre histoire afin de valoriser ce qui nous unit et non ce qui nous divise. 
 
Décoloniser nos mentalités, c’est également faire la synthèse entre les acquis positifs de l’héritage français et les avantages de la culture anglo-saxonne pour réaliser un modèle typiquement et authentiquement camerounais. Dans ces mêmes colonnes nous écrivions en mai dernier que le temps est venu de passer d’un mode d’administration verticale basée sur la notion de commandement à une gestion horizontale synonyme de participation, de responsabilité individuelle et collective. La décentralisation poussée, profonde et réelle que les Camerounais appellent de leurs vœux passe par ce nouveau paradigme: moins d’administration et d’autoritarisme, moins d’arrogance mais plus d’humilité, d’autogestion, de liberté et de responsabilité laissées aux populations dans la mise en œuvre du développement local. Le grand dialogue national est à la fois une opportunité et un défi pour nous permettre de faire ce saut qualitatif. 

Christophe MIEN ZOK

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